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Fin du procès Barbarin : après l’épreuve, retrouver la mission avec confiance

Cardinal Barbarin

Le cardinal Barbarin lors de son procès en appel, le 28 novembre 2019.

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François Morinière - publié le 18/04/21
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Cinq après le début de "l’affaire Preynat", le cardinal Philippe Barbarin est définitivement blanchi par la plus haute juridiction française. Son ami François Morinière, président des Entretiens de Valpré, appelle à tourner la page. Si l’Église assume ses fautes, elle assume aussi sa mission, avec confiance.

Le musée des procès médiatiques débouchant in fine sur l’innocence de la personne incriminée vient de compléter sa collection d’une pièce majeure : "L’affaire Barbarin". Mercredi 14 avril, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi formulé par huit victimes de l’ex-prêtre pédophile Bernard Preynat à l’encontre du cardinal Philippe Barbarin. C’était le dernier baroud d’honneur pour tenter de "scalper" définitivement l’emblématique ex-primat des Gaules. Pourtant dès août 2016, la justice avait décidé de classer sans suite ce dossier.

Cinq après le début de "l’affaire Preynat", Philippe Barbarin est donc définitivement blanchi par la plus haute juridiction française. Il n’a pas commis de faute qui puisse donner matière à condamnation pénale ou civile. Certes, l’intéressé avait depuis longtemps reconnu des erreurs d’appréciation et de communication. Mais cela n’avait pas suffi à calmer la meute de ceux qui en avait fait le bouc émissaire de toutes les terribles fautes et manquements de l’Église dans le passé, au sujet des crimes abominables de pédophilie. Une meute devenue singulièrement plus silencieuse depuis la publication de l’arrêt, mais à quoi bon faire état de cette issue honorable pour le cardinal ? Il faudrait reconnaître alors ses erreurs, ses manquements à la déontologie élémentaire, ou plus simplement revenir aux faits, rien que les faits.

On objectera que tout cela est un mal pour un bien, car l’usage de la figure médiatique de cet homme d’Église de premier plan a permis de faire prendre conscience à l’Église des ravages de ses silences coupables du passé. Le cardinal lui-même a repris cet argument, pour s’auto-convaincre que son bannissement servait d’une certaine façon le travail nécessaire de purification de l’Église. Ces cinq années de guérilla juridique auront permis aux victimes de dire leurs douleurs et leurs colères. Il est donc facile de dire que comme souvent, la fin justifie les moyens. François Deveaux avait expliqué en août 2017 que le choix de la procédure en citation directe n’avait qu’un objectif : organiser le procès de l’Église sur la place publique. Et on doit de ce point de vue lui décerner des félicitations.

Les ravages ont été considérables pour l’Église de France : une présence médiatique quasiment univoque à charge, des amalgames honteux sur le mode "prêtre = pédophile", une position défensive larmoyante souvent intenable confondant droit et sentiment, un archevêque poussé à la remise de sa charge, comme un boxeur saoulé de coups jetant l’éponge, quasiment abandonné par tous, sauf par le pape François.

Mais le mal instillé par cette affaire est beaucoup plus pernicieux : c’est la division des catholiques français. À commencer par le diocèse de Lyon, où certains prêtres sont même allés jusqu’à redemander le départ de leur propre évêque fin mars 2019, alors que le Pape venait de dire que la présomption d’innocence devait être respectée. Ailleurs, le silence gêné, l’abandon en rase de campagne du cardinal, les coups de poignard dans le dos au nom de la cause des victimes de la pédophilie, pour régler un vieux contentieux au sujet du mariage homosexuel, l’hypocrisie coupable de ceux qui étaient au courant des agissements de Preynat à l’époque mais n’ont rien dit, et plus généralement de ceux qui devraient balayer devant la porte de leur sacristie ou de leur réfectoire. Non, et cela vaut encore plus pour l’Église, aucune cause aussi juste soit-elle ne mérite de sacrifier un de ses frères innocent. 

L’Église doit assumer certes les fautes passées de nombre de ses brebis galeuses, et ne pas se justifier par cette phrase indigne d’elle : "Le problème de la pédophilie est dans toute la société." Mais l’Église doit redresser la tête, regarder le monde les yeux dans les yeux sans honte en montrant qu’elle a corrigé le tir depuis vingt ans, qu’elle sait où elle va sur ces sujets difficiles. Il faut mettre fin à cette "retraite de Russie" dans laquelle tant de catholiques influents se complaisent, arrêter de se rouler par terre en demandant pardon, en laissant en pâture aux loups des hommes aussi remarquables que Philippe Barbarin. L’Église est sainte, car créée et voulue par Dieu, mais les hommes sont des pauvres pêcheurs qu’ils soient chrétiens ou non. Certains ont commis des fautes terribles, mais tant d’autres font tant de bien sur terre pour leurs frères. Rien ne doit nous départir de la mission d’annoncer l’amour de Dieu pour tous les hommes, avec nos moyens et malgré nos faiblesses. 

Pierre a renié Jésus à quelques mètres de lui ; Paul a fait lapider Étienne. Mais ces deux apôtres qui auraient pu passer le reste de leur vie dans une contrition justifiée, ont surmonté leur honte pour aller de l’avant jusqu’au martyr final afin d’évangéliser toute la terre. C’est cette dynamique qu’il faut relancer sans tarder, en regardant en avant plutôt qu’en arrière. Puisse l’arrêt de la Cour de cassation, qui rend justice à travers la personne de Philippe Barbarin à tous ceux qui servent honnêtement l’Église, et notamment l’immense majorité des prêtres, religieux et religieuses d’aujourd’hui, redonner confiance aux catholiques, et que résonne en eux la fin de l’évangile selon saint Matthieu : "Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps".

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