L’inquiétude monte au sein de la communauté chrétienne d’Haïti. Sept religieux catholiques ont été enlevés dimanche 11 avril dans la matinée à la Croix-des-Bouquets, près de la capitale d’Haïti, Port-au-Prince, alors qu’ils se rendaient à la messe d’installation d’un nouveau curé. Le groupe comprend quatre prêtres et une religieuse haïtiens et deux Français, une religieuse, sœur Agnès Bordeau qui est originaire de Mayenne, et un prêtre, le père Michel Briand. Membre de la société des prêtres de Saint-Jacques, un groupe de missionnaires en Haïti et au Brésil basé dans le Finistère, ce prêtre breton vit à Haïti depuis une trentaine d'année.
À Paris, le ministère des Affaires étrangères a confirmé l'enlèvement des deux Français.
"Le centre de crise et de soutien du ministère ainsi que notre ambassade en Haïti sont pleinement mobilisés, en relation étroite avec les autorités locales", a-t-il dit. "Pour des raisons d'efficacité et de sécurité, nous observons la plus grande discrétion".
La Conférence haïtienne des Religieux (CHR) a par la suite précisé dans un communiqué que trois autres personnes, les proches d’un autre prêtre ne faisant pas partie des personnes enlevées, ont également été kidnappées. "La CHR exprime son profond chagrin mais aussi sa colère face à la situation inhumaine que nous traversons depuis plus d'une décennie", souligne-t-elle dans son communiqué. Les évêques de France ainsi que la Conférence des Religieux et Religieuses de France ont aussi fait part de "leur très vive inquiétude". "La grande pauvreté de ce pays alliée aux contestations politiques accroit l’insécurité déjà très prégnante depuis de nombreuses années", ont-ils rappelés avant d’assurer les catholiques d’Haïti et tous ses habitants "de leur soutien et de leur prière".
L'heure est venue pour que ces actes inhumains s'arrêtent.
Un gang armé présent dans le secteur, "400 Mawozo", est soupçonné par la police d’être à l’initiative de cet enlèvement. Les ravisseurs réclament un million de dollars de rançon. Ce type d’événement connaît une recrudescence ces derniers mois à Haïti où les gangs armés sévissent fortement. Une situation dénoncée par Mgr Pierre-André Dumas, : "C'en est trop. L'heure est venue pour que ces actes inhumains s'arrêtent", a dénoncé Mgr Pierre-André Dumas, évêque de Miragoâne, diocèse situé sur la côte nord du pays. "L’Église prie et se fait solidaire de toutes les victimes de cet acte crapuleux". "Nous enjoignons les ravisseurs de libérer les hommes et les femmes de paix qu’ils ont enlevés et de ne pas ajouter encore de la haine là où se trouvent déjà la pauvreté et l’insécurité", ont appelé les évêques de France.
Haïti, dont plus de la moitié de la population est catholique, est le pays le plus pauvre du continent américain. Il traverse depuis plusieurs mois une profonde crise politique avec la décision du président, Jovenel Moïse, de terminer son mandat le 7 février 2022 alors que pour l’opposition et une partie de la société civile il devait s’achever le 7 février 2021.