"C'est avec un profond chagrin que sa majesté la reine annonce la mort de son époux bien aimé le prince Philip, duc d'Edimbourg", a communiqué vendredi 9 avril, à la mi-journée, le palais de Buckingham. Le prince Philip, déjà très affaibli, avait été hospitalisé récemment et il est mort "paisiblement" dans la matinée au château de Windsor.
Le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster, a rendu hommage à la "loyauté inébranlable" du prince Philip. Sur Twitter, il a affirmé prier pour le "repos" de son âme, ainsi que pour la reine et la famille royale. "Combien nous manquera la présence et le caractère du prince Philip, pleins de tant de vie et de vigueur", a déclaré le haut prélat britannique. Il a souligné combien celui-ci, décédé à l’âge de 99 ans, avait été un exemple de "devoir joyeusement offert" à sa patrie. Le primat d’Angleterre, Mgr Justin Welby, a souligné pour sa part son rôle d’ "époux fidèle et loyal" auprès d’Elisabeth II. Orthodoxe de part ses origines familiales, il est né prince Philippe de Grèce et de Danemark, Philip Mountbatten s’était converti à l’anglicanisme dans la perspective de son mariage en 1947, début d’une union qui devait durer 74 ans.
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Alors que les dirigeants ou ex-dirigeants et gouvernements du monde entier rendent hommage au duc d'Edimbourg, des londoniens ont commencé à déposer des fleurs devant le Palais de Buckingham :
Si la vie de la reine d’Angleterre est bien connue, celle de son époux l’est beaucoup moins. Pourtant, il est celui qui a occupé le plus longtemps le rôle de consort du Royaume-Uni, accompagnant pendant près de soixante-dix ans le règne d’Elisabeth II. Philip Mountbatten, est né le 10 juin 1921 à Corfou, en Grèce. Fils du prince André de Grèce et de la princesse Alice de Battenberg, petit-fils du roi George Ier de Grèce, il était le benjamin d’une fratrie de cinq enfants avec ses quatre sœurs : Marguerite, Sophie, Théodora et Cécile. Face à l'instabilité politique en Grèce, les parents de Philip quittent le pays en 1922. Ils s’exilent en France, mais Philip va grandir loin des siens dans différents internats : d’abord en Angleterre, puis en Allemagne et enfin en Écosse. En 1939, Philip rejoint la Royal Navy et c’est à cette occasion qu’il rencontre la princesse Elisabeth, alors adolescente, avant de partir servir pour la Seconde Guerre mondiale.
C’est en 1945 que commence alors l'histoire d'amour entre Philip et Elisabeth. Malgré les réticences de la famille royale, en 1946 Philip demande la main d’Elisabeth au roi, tout en renonçant à son allégeance à la couronne grecque et à son titre de prince. Le mariage est célébré en l’abbaye de Westminster le 20 novembre 1947. Quatre enfants naissent de l'union du prince Philip et de la reine Elisabeth : Charles (prince de Galles), Anne (princesse royale), Andrew (duc d'York) et Edward (comte de Wessex). La vie du couple va changer lorsqu'en 1952, le roi George VI, père d'Elisabeth, décède brutalement. Elisabeth se retrouve propulsée sur le trône à seulement 26 ans. Philip est contraint de quitter la Royal Navy pour soutenir son épouse. Dès la première apparition du couple après la disparition du roi, Philip restera « deux pas derrière la reine », une position discrète, qu'il gardera tout au long de sa vie.
Depuis le couronnement de la reine en 1952, jusqu'à sa retraite en août 2017, le prince Philip a secondé Elisabeth II dans de nombreuses sorties publiques et engagements officiels : 22.219 très exactement. Il enregistre ainsi le record de longévité des princes et princesses consorts britanniques avec plus de six décennies à être dans l'ombre de la reine. Pourtant, Elisabeth II répétera à plusieurs reprises que son mari était "sa force et son soutien". Le 20 novembre 2017, le couple royal avait fêté ses 70 ans de mariage.
Très engagé, le prince Philip soutiendra toute sa vie publique près de 800 associations notamment dans le domaine de l’éducation et de l’environnement. Croyant, le prince Philip est également très impliqué dans tous les enjeux liés à la religion et la modernité. Sa longue et fidèle amitié avec le père Robin Woods illustre son engagement dans ce domaine. Prélat anglican, le père Robin Woods, successivement doyen du château royal de Windsor puis évêque de Worcester, est particulièrement proche de la famille royale. Celui qui est personnellement impliqué dans la catéchèse des enfants de la reine, devient l’ami du prince Philip. Ensemble, ils fondent en 1966 Saint George House. Créée auprès du château de Windsor, cette institution prestigieuse est le fruit de cinq années de discussions sur les enjeux historiques, sociaux et religieux entre le père Robin et le prince Philip.
"Cette institution était destinée à rassembler des hommes et des femmes disposant de toutes les expériences possibles au sein du gouvernement, du parlement, de l’administration, de l’industrie, du commerce et de la finance, de l’éducation, de la médecine. Nous discutions alors de toutes les questions qui avaient une importance religieuse ou sociale", décrit le père Robin Woods dans ses mémoires. "Le prince Philip a apporté à ce projet son soutien inconditionnel. Sa participation active aux travaux de la Maison, tout comme ses nombreuses visites informelles, lui ont donné beaucoup de crédibilité", ajoute-il encore dans son ouvrage.
Le duc d’Edinbourg prend notamment position sur le rôle du clergé dans la société moderne en soulignant l’importance de rassembler les scientifiques et les théologiens autour des enjeux éthiques majeurs de la société moderne. L’amitié spirituelle entre l’époux d’Elisabeth II et le père Robin Woods durera jusqu’à la mort du religieux en 1997. La Saint George House est aujourd’hui très engagée dans des sujets concernant notamment les questions autour de la foi chrétienne et l’intelligence artificielle.