Le 15 avril 2019, l'incendie de Notre-Dame de Paris bouleversait le monde entier. Les chrétiens ne furent pas les derniers à être touchés par l'événement. Mais au-delà de sa dimension catastrophique, ils en retinrent d'abord la valeur de signe. Lequel ? Vers quelle réalité nous renvoyaient les flammes qui dévoraient la cathédrale nationale ? Qu’est-ce qui brûlait en profondeur, outre l’édifice religieux ? N’était-ce pas notre indifférence envers ce que nous sommes, nous Français et Européens ? Envers ce que nous devons à la foi chrétienne ?
Une prise de conscience s’opéra alors : le christianisme avait irrigué l’histoire de notre pays ! Les Français s’appropriaient de nouveau le trésor légué par l’Église. Mais de quelle nature est au juste cet héritage revendiqué ? Est-il seulement architectural, artistique et patrimonial ? Or, envisagé selon la seule dimension esthétique, un tel legs sera impuissant à nous rendre la vie et à nous donner l’élan de ceux qui bâtirent Notre-Dame. Pour que l’histoire continue, la France doit redécouvrir, sous le brasier et les cendres, le vrai moteur qui initia la construction de la cathédrale au XIIe siècle : la foi.
La signification la plus profonde de l’événement nous fut révélée par ces milliers de personnes qui s’agenouillèrent instantanément devant le bâtiment en flamme en priant le Regina Caeli. Nous chantons ce cantique à la Vierge après Pâques. Or, l’incendie eut lieu le Lundi saint de la Semaine sainte 2019. De la sorte, devant les flammes, les croyants en prière anticipaient-ils la Résurrection.
En effet, seule la foi en la victoire du Christ sur le péché et la mort nous rendra capables de mettre nos pas dans ceux de nos devanciers qui édifièrent Notre-Dame. Tel est le sens ultime de l’événement qui frappa le plus illustre édifice religieux de notre pays. Avant d’être un chef-d’œuvre architectural, Notre-Dame est le fruit de la foi en la victoire et la seigneurie du Christ. Aussi sa reconstruction serait-elle amputée de son mystère essentiel si elle ne s’accompagne pas d’un renouveau de la ferveur populaire à l’égard du Fils de Marie. Le fait que les flammes n’aient pas eu le dernier mot fut le signe que la mort ne l’aura pas non plus. Mais les Français sauront-ils entendre le message ? Si l’indifférence religieuse devait persévérer en France, il est à craindre que le chantier de la reconstruction ne vire au malentendu et au contresens : Notre-Dame est un écrin pour la prière, non un musée d’art sacré.