Fervent défenseur du dialogue pour la résolution de la crise anglophone qui secoue le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun depuis 2016, l’unique cardinal de l’Eglise camerounaise est décédé ce 3 avril à plus de 90 ans. L’annonce a été relayée par Mgr Samuel Kleda, son successeur à la tête du diocèse de Douala, sur sa page Facebook : « J’ai la profonde douleur de vous annoncer le retour à l’Éternel (décès) de son éminence Christian Cardinal Tumi. Décès survenu ce 3 avril 2021. Par la miséricorde de Dieu que son âme repose en paix ».
Ces dernières années, il s’est battu en faveur de la résolution de la crise anglophone, en jouant la carte de la médiation, malgré les incompréhensions que ce choix lui a values de la part des séparatistes anglophones mais aussi du gouvernement. En effet, les deux parties qui s'opposent dans ce conflit accusent l'une et l'autre l’Eglise camerounaise d’être partisane. Une position complexe à l’origine des incidents récents à l’encontre du cardinal Tumi. Le 30 janvier dernier, alors qu’il faisait le trajet Kumbo - Bamenda pour accueillir le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État Saint-Siège, en visite au Cameroun, il a été retenu pendant trois heures par un groupe de rebelles mécontents. Il est finalement arrivé à Bamenda le même jour, accompagné par les forces de sécurité du Cameroun. Quelques semaines plus tôt, il avait été enlevé par un groupe de sécessionnistes ambazoniens pendant plusieurs heures les 5 et 6 novembre 2020, avant d’être libéré.
Le Pape François lui a rendu hommage dans un télégramme en français adressé à Mgr Samuel Kleda. « Le Cardinal Tumi marqua de manière inoubliable l’Eglise ainsi que la vie sociale et politique de son pays, s’engageant toujours courageusement pour la défense de la démocratie et la promotion des droits humains. Parvenu à un âge avancé, il resta toujours disponible au service de la paix et de la réconciliation », a notamment souligné le pape François, faisant écho aux récentes médiations assumées par le cardinal.