Pâques, un mot qui claque, vif comme le printemps qu’il accompagne. Pâques, un éclat de vie au milieu des ombres de la mort. Pâques, un surgissement d’espérance aux creux de nos existences chrétiennes. Mais, dans le fond, cela ne semble plus guère concerner notre société française qui, outre son actuel enfermement dans la crise covidienne, ne s’intéresse guère depuis quelques décennies à la chose spirituelle — et même tout simplement transcendante. Comment ne pas observer par ailleurs, même en ces temps sacrés pour plus d’un milliard de catholiques à travers le monde, le déchaînement des forces de mort ? Rien qu’en France, en pleine Semaine sainte, une commission parlementaire adopte un proposition de loi sur l’euthanasie et, le lundi de Pâques, des personnalités relaient une pétition très médiatisée — sous couvert de l’anniversaire du « manifeste des 343 » — pour l’allongement à 14 semaines de la possibilité d’avorter (on nous ressort la même mauvaise propagande habituelle : le droit à l’avortement menacé… dans un pays où il s’en pratique 200.000 par an) !
Bref, on ne peut pas dire que la vitalité pascale, sa fraîcheur enthousiasmante des recommencements possibles, son audace vivifiante puisqu’en Jésus-Christ la mort est définitivement vaincue, constituent le ferment nouveau du monde d’après… prétendument nouveau. Pourtant, sur les ondes, sur les réseaux sociaux, les chrétiens, les diocèses, les congrégations ont déclamé, en boucle, la bouleversante nouvelle de la Résurrection et, il faut le dire, souvent d’heureuse manière, tant par les choix esthétiques que par le contenu — il est vrai captivant : Surrexit Dominus vere - « Il est vraiment ressuscité ! » Pourtant, et c’est encore plus essentiel, l’Église a célébré les rites millénaires de la sainte nuit pascale, faisant pleuvoir les grâces de la Résurrection sur la Création tout entière.
Le combat qui se joue sous nos yeux est donc clair, et les forces qui s’allient au « Prince de ce monde » ne cachent plus leur hideux projet. Satan, que le Christ lui-même définit comme « homicide depuis les origines » (Jn 8, 44) se démène ouvertement, aidé par les « fils de ce monde » que ce même Jésus qualifie de « plus habiles que les fils de la lumière » (Lc 16,8). Notre étonnement ne devrait donc pas être attiré par le sabbat diabolique auquel se livrent ses partisans dans un mortel et grotesque tintamarre. Sans doute serait-il plus justifié face aux compromissions, aux tentatives de conciliation entre cette synagogue de Satan (Ap. 2,9 et 3,9) et la sainte Église de Dieu…
« Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon » (Mt 6, 24). Notre Sauveur ressuscité n’a cherché ni le compromis, ni la compromission, en sa Passion que nous venons de méditer. « Moi, je suis né et je suis venu au monde pour rendre témoignage à la vérité. » Catholiques, acceptons-nous vraiment de suivre Jésus sur ce chemin ? « Que votre oui soit oui, votre non soit non, tout le reste est affaire du Démon » (Mt 5, 37). Comment peut-on, en tant que catholiques, imaginer encore de quelconques collaborations aux œuvres de Satan ? Telle est la terrible et éblouissante lumière du Ressuscité qui foudroie les pensées perverses au cœur de la nuit de ce monde. Saurons-nous l’accueillir ?