Après une entrée en silence dans la basilique Saint-Pierre pour l'office de la Croix ce vendredi 2 avril, le pape François s’est longuement prosterné au sol, étendu de tout son long, en signe d’adoration devant le mystère rédempteur de la Croix recouverte d’un drap. Puis a été chantée l’Évangile de la Passion avant que le cardinal Cantalamessa ne lance un cri dans son homélie.
« La fraternité catholique est déchirée ! », a-t-il alerté devant un pape François recueilli. Si aux yeux de Dieu, l’Église restera toujours « une, sainte, catholique et apostolique », cela ne doit pas excuser « nos divisions » mais au contraire « nous pousser encore davantage à les assainir ».
« Quelle est la cause la plus fréquente des divisions entre catholiques ? », s’est ouvertement demandé le capucin, avant d’écarter formellement certaines hypothèses. « Ce n’est pas le dogme, ce ne sont pas les sacrements et les ministères, toutes choses que par la grâce singulière de Dieu nous conservons intactes et unanimes », a-t-il assuré.
Pour le prédicateur, le véritable facteur de cette déchirure provient de « l’option politique, lorsqu’elle prend le relais de l’option religieuse et ecclésiale et épouse une idéologie, laissant complètement de côté la valeur et le devoir de l’obéissance dans l’Église ».
Le cardinal Cantalamessa a fait un détour par l’Évangile pour s’expliquer. Au temps de Jésus, il y avait une « forte polarisation politique » entre les Pharisiens, les Sadducéens, les Hérodiens et les Zélotes. Mais « Jésus ne prit parti pour aucun d’entre eux et résista vigoureusement aux tentatives de l’entraîner d’un côté ou de l’autre ».
L’attitude du Christ doit être un exemple pour tous les pasteurs d’aujourd’hui. Ils « doivent être les bergers de tout le troupeau, et non d’une partie seulement », a-t-il insisté. Ils sont donc « les premiers à devoir faire un sérieux examen de conscience et se demander où ils mènent leur troupeau, de leur côté ou du côté de Jésus ».
Dans son homélie, le cardinal italien n’a pas choisi de nommer les divisions qui accablent l’Église catholique. Mais le chemin synodal engagé en Allemagne révèle sans doute les dissensions actuelles les plus vives au sein du catholicisme.
Lors des vœux du pape à la Curie prononcés à Noël dernier, le pontife avait mis en garde contre une lecture de l’Église selon les catégories « droite et gauche, progressistes et traditionalistes ». Une telle conception « fragmente, polarise, pervertit et trahit » sa véritable nature, insistait-il.