C’est un geste spectaculaire que le pape François a posé ce jeudi 1er avril, au premier jour du Triduum de Pâques. Selon plusieurs sources, le pontife argentin s’est rendu à 17h30 dans l’appartement privé du cardinal Becciu, au Palais du Saint-Office du Vatican, pour y célébrer la Sainte Cène – une messe durant laquelle le célébrant est amené à laver les pieds d’un ou de plusieurs membres de l’assemblée comme le Christ le fit avec ses disciples.
Aucune précision n’a encore filtré quant à un éventuel lavement des pieds du cardinal Becciu par le pape François, la célébration s’étant réalisée dans la plus stricte confidentialité. Un secret si bien gardé que lorsque le journaliste italien Francesco Grana – proche du cardinal Becciu – a révélé l’information à 20h09 aux autres vaticanistes de la salle de presse, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe.
Il faut dire que le cardinal Becciu était en disgrâce depuis le coup de tonnerre du 24 septembre dernier, et sa démission fracassante. Le rôle qu’il aurait pu jouer dans l’affaire de Londres, alors qu’il était substitut de la Secrétairerie d’État, ou son implication dans des affaires de détournement de fonds avaient alors été évoqués par la presse italienne. Une enquête, menée par la justice vaticane, est par ailleurs actuellement en cours.
Lors des Jeudis Saints, le pape François avait aussi l’habitude de donner un exemple de miséricorde en célébrant la Sainte Cène et lavant les pieds de personnes rejetées par la société, notamment des prisonniers. En 2019, dans une prison romaine il avait déclaré : "dans la vie, il y a des problèmes : nous nous disputons… mais cela doit être quelque chose de passager, parce que, dans notre cœur, il doit y avoir toujours cet amour de servir l’autre".
Le choix de célébrer cette messe avec le cardinal Becciu pourrait être une façon pour le Pape de placer l’Évangile au-dessus de tout. Quelques heures avant de se rendre chez le cardinal italien, lors de la messe chrismale, le pape François avait d’ailleurs mis en garde les prêtres contre le "poison du scandale", leur demandant de ne pas s’offusquer face aux souffrances qui leur sont infligées ou face aux controverses "moralistes, juridiques, cléricales".