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Et si sauver les couples était une affaire d’État ?

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Mathilde de Robien - publié le 01/04/21
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Une étude inédite du think tank VersLeHaut présentée le 29 mars démontre l'impact du conseil conjugal sur la bonne santé du couple et la diminution du risque de divorce. Une prévention au service des intérêts de l’enfant, de la société, mais aussi des finances publiques.

Chiffre le plus marquant de cette enquête inédite menée auprès de 254 couples : 73% des séparations qui étaient envisagées ont été évitées grâce à un accompagnement conjugal : sur 101 couples qui ont consulté avec "l’intention de se séparer", 74 ont finalement décidé de rester en couple. Les autres bénéfices du conseil conjugal se mesurent également par une "amélioration de la qualité de la relation" dans 73 % des cas, et par une "baisse de la conflictualité" de 36 %. Une étude menée par VersLeHaut, think tank dédié aux jeunes, aux familles et à l’éducation, en partenariat avec Familya, réseau associatif de conseil conjugal, l’association Aire de Famille et le cabinet de conseil en stratégie Haatch, démontrant l'impact du conseil conjugal et familial sur la trajectoire des couples. Une manière de montrer combien la politique familiale a tout intérêt, pour le bonheur privé comme pour l’économie publique, à soutenir des dispositifs promouvant la stabilité conjugale.

Autre élément intéressant fourni par l’étude : le recours relativement tardif, des couples, au conseil conjugal. Près de la moitié des couples déclarent que les motifs les ayant amenés à recourir au conseil conjugal et familial étaient présents depuis plus de deux ans. Deux années qui ont laissé se développer des conflits et des rancœurs. "La démarche d’accompagnement se fait tardivement, lorsque les couples pensent avoir épuisé toutes leurs ressources internes pour parvenir à résoudre leurs conflits", notent les auteurs. En effet, les personnes accompagnées n’ont pas l’habitude de faire appel à une aide extérieure pour des problématiques de couple. Et dans la majorité des cas, la démarche est une initiative individuelle de l’un des conjoints.

Dans l’intérêt de l’enfant, de la société et des finances publiques

En France, 380.000 enfants sont touchés chaque année par la séparation de leurs parents (contre 145.000 enfants en 1993, selon l’Insee). Or les ruptures et conflits entre parents ont un impact lourd sur les enfants : effets négatifs sur le lien parents-enfants (un quart des enfants mineurs sont privés d’un de leurs parents 100 % du temps), risques de violences intrafamiliales, impact sur le parcours scolaire. Ainsi, l’étude dévoile que les enfants vivant dans une famille monoparentale redoublent davantage en primaire que ceux vivant avec leurs deux parents. En outre, les séparations conjugales ont des répercussions sur le niveau de vie : un tiers des foyers monoparentaux vivent sous le seuil de pauvreté. Enfin, l’étude met en lumière les coûts publics des ruptures privées sur le registre des finances publiques. A titre d’exemple, pour une famille modeste avec un enfant, le coût CAF est d’environ 9.500 euros par an (allocations logement et RSA).

 "Puisque les conflits conjugaux et les ruptures ont un coût social, humain et éducatif lourd, peut-on les prévenir et limiter leur impact négatif sur l’enfant et ses parents?", interrogent les auteurs. Aujourd’hui la politique familiale accompagne les parents. Elle s’investit dans l’accompagnement des séparations, notamment en soutenant la médiation familiale. Cependant, "du point de vue stratégique, elle devrait se tourner vers la stabilité des unions. Il y a là un thème majeur", estime Julien Damon, sociologue, enseignant à Sciences Po et à HEC, dans la préface du rapport. "Évidemment les séparations méritent d’être accompagnées. Évidemment elles ne sauraient être interdites ou limitées. Mais elles se préviennent ! Et c’est tout le rôle du conseil conjugal et familial".

Un dispositif que d’autres pays ont largement mis en œuvre. C’est le cas du Danemark, par exemple, où la grande majorité des communes s’impliquent dans les politiques de soutien à la conjugalité, en offrant des séances de thérapie de couple gratuites. "Si nous pouvons garder les familles unies et éviter le divorce, nous économiserons de l’argent à long terme… C’est très bon pour les couples, mais aussi pour la municipalité, car il vaut toujours mieux prévenir que soigner", explique Jette Haislund, responsable des questions de santé à la municipalité de Ringkøbing-Skjern, l’une des premières, en 2011, à proposer une prestation de soutien aux couples. Une approche qui, en France, ne manque pas de surprendre tant la vie du couple est considérée comme relevant de la sphère privée.

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