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S’exercer à la gratuité, la lumineuse leçon de Marie de Béthanie

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Marzena Devoud - publié le 28/03/21
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Par son geste d’onction de parfum, Marie de Béthanie donne une leçon lumineuse de tendresse gratuite. Trois pistes pour savourer le sens du sublime dans la vie. Celui qui transforme le quotidien.

« Nous enseignons aux enfants comment on mesure et comment on pèse. Nous omettons de leur dire comment on vénère, comment on s’émerveille et comment on craint. Le sens du sublime, qui est le signe de la grandeur de l’âme humaine, est devenu aujourd’hui un don rare et précieux. », écrit dans un de ses ouvrages le philosophe Abraham Heschel. Dans un monde d’utilité immédiate, on a tendance à perdre de vue le vrai sens de la vie chrétienne. Celle qui place au centre la gratuité dans la lumière du Christ, comme le montre bien l’épisode évangélique de l’onction à Béthanie, lecture de ce Lundi saint :

Il s’agit du repas de Béthanie « six jours avant la Pâque » Il y a là Lazare, émerveillé de savoir la mort déjà vaincue dans sa propre chair. Puis Marthe et sa sœur Marie. De cette dernière nous sont rapportés tous les gestes : Marie prend une livre d'un nard très pur, le répand sur les pieds de Jésus, les essuie avec ses cheveux, et « la maison s'emplit de l'odeur de ce parfum ». Et Jésus annonce que son initiative sera racontée « dans le monde entier ». Pour Marguerite Léna, philosophe, enseignante et membre de la Communauté apostolique Saint François-Xavier, Marie fait « un geste de pure gratuité qui accomplit intuitivement, le nouveau commandement de Jésus donné à ses disciples plus tard : Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres », explique-t-elle à Aleteia. La signification du geste de Marie de Béthanie est une vraie leçon d’art de vivre. Trois pistes pour savourer le sens du sublime dans la vie.

1Le geste féminin

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Dans la première épître aux Corinthiens, Paul écrit qu’une femme doit être voilée, car sa chevelure représente sa « gloire », c’est-à-dire son être profond (1 Co 11,6,15). En détachant ses cheveux pour essuyer les pieds de Jésus, Marie se dé-voile au sens propre du terme. Elle met toute sa personne, toute son intimité, dans ce geste d’adoration. Avec son parfum et avec ses cheveux, Marie est tout entière dans son offrande. « Ce geste de l’onction est un geste féminin comme la caresse de la maman donnée à son enfant », explique à Aleteia Marguerite Léna.

2Le geste de générosité

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Le geste de Marie de Béthanie est purement gratuit. Elle s’adresse à Jésus quelques jours avant sa mort, comme celui-ci le souligne lorsqu’il répond à Judas : « Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. » (Jn 12,7). Les soins apportés aux mourants sont considérés comme particulièrement généreux, car ils s’adressent à des personnes qui ne pourront rendre le bien qu’on leur fait. « Marie n’est pas dans le calcul. Dans son attitude il n’y a pas de logique donnant-donnant », souligne la philosophe.

3Le geste de grâce

Marie de Béthanie ose son geste juste pour le plaisir de faire plaisir. Elle s’arrête et crée un moment de grâce, un moment de contemplation. On pourrait dire que c’est du temps perdu. Pourtant son geste signifie que même si on ne produit rien, même si on n’est pas efficace, notre seule existence n'a pas de prix aux yeux de ceux qui nous aiment. Et surtout aux yeux de Dieu qui a sacrifié tout pour nous : comme Marie en cassant son flacon et en versant son parfum très cher sur les pieds de Jésus. Elle le fait juste par pure gratuité. 

« Si on ne sait plus rejoindre l’expérience de la gratuité, du « sans prix », on ne connaît plus la saveur de la vie », insiste la philosophe. Le geste de Marie de Béthanie précède celui de Jésus revêtant le tablier de Marthe et prenant, aux pieds de ses disciples, la posture de Marie de Béthanie. Jésus « se lève de table, dépose son manteau, prend un linge dont il se ceint. Puis il verse de l'eau dans un bassin ». Par son geste, Marie de Béthanie a pressenti par avance, et a accompli intuitivement, le nouveau commandement que Jésus donnera à ses disciples : « Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. »

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