À la crise sanitaire et à de profondes tensions religieuses s’ajoute désormais une crise sociale au Pakistan. Au cours des derniers jours, les maisons de quelque 450 familles catholiques ont été détruites au Pakistan dans les villes d’Hyderabad et de Karachi. Celles de 1.000 autres chrétiens devraient l’être dans les prochains jours. C’est la cour suprême du pays qui a jugé que ces maisons, construites sur des terres appartenant à l’État, "exposaient les villes à un plus grand risque d’inondation".
Lorsque les habitants des régions ont migré vers les villes pour trouver du travail, les chrétiens – essentiellement des catholiques – ont été contraints de s’installer dans les périphéries, là où personne ne voulait habiter, et ont dû vivre dans des abris de fortune. Progressivement ces abris sont devenus de vrais logements. Ces maisons, construites il y a quarante ans, ont par la suite progressivement été légalement reliées au réseau de gaz, d’électricité et d’eau de la zone.
La décision de raser ces logements apparaît d’autant plus inadmissible pour ces familles qu’elles ont dû payer des impôts au conseil municipal. Si les raisons avancées que sont l’insalubrité, l’accumulation de déchets etc peuvent s’entendre pour justifier ces destructions, l’impossibilité pour ces familles de se reloger est alarmante. « Il s’agit d’une crise civique côte à côte d’une tragédie humaine, et les autorités municipales réagissent à la crise civique, mais pas à la crise humaine », s’est indigné le père Robert McCulloch, missionnaire au Pakistan de 1978 à 2011. Les chrétiens du Pakistan, qui représente 1,5% de la population, font régulièrement l’objet d’attaques physiques, d’agressions verbales et de discriminations quant à l’accès à l’emploi, au logement etc.