« Guider les fiancés sur le chemin de la préparation au mariage ». Une préoccupation chère au pape François, objet de sept paragraphes dans Amoris Laetitia et en tête des douze propositions pastorales exposées par le Vatican pour l’année de la famille. « Pour devenir prêtre, avait confié le Pape en septembre 2015, il y a une préparation de huit ans. Et ce n’est pas définitif, l’Église peut vous retirer le statut clérical. Alors que pour le mariage, qui dure toute la vie, on fait quatre cours… Il y a quelque chose qui ne va pas ». C’est pour œuvrer en faveur de cette « pédagogie de l’amour » que Cécile et Rémi Guyot se sont engagés dans la préparation au mariage au sein de leur paroisse du Val d’Oise. Animateurs depuis quatre ans, forts de 15 ans de mariage et parents de trois enfants, ils ont à cœur de partager leur expérience et d’accompagner les fiancés, jeunes et moins jeunes, vers le mariage. Pour eux, « préparer les fiancés au mariage, c’est avant tout leur donner des billes pour que leur couple dure ».
Le parcours animé par Cécile et Rémi, en tandem avec le curé, se compose de cinq rencontres, axées sur les quatre piliers du mariage chrétien, la valeur et la richesse du sacrement, mais aussi sur la communication dans le couple, la gestion de conflit et la notion d’engagement. « Aujourd’hui ils s’aiment, mais la vie conjugale n’est pas toujours simple ! Préparer les fiancés, c’est les amener à se poser les bonnes questions, à envisager l’avenir ensemble, à faire un pas de côté pour voir plus loin que le jour J du mariage », souligne Rémi. Il rejoint en ce sens l’intuition du pape pour qui la préparation doit « assurer que les fiancés ne voient pas le mariage comme la fin du parcours, mais qu’ils assument le mariage comme une vocation qui les lance vers l’avant, avec la décision ferme et réaliste de traverser ensemble toutes les épreuves et les moments difficiles ».
La « prépa mariage » face aux nouveaux visages des couples d’aujourd’hui
« Aujourd’hui, il y a une grande diversité parmi les couples qui se préparent au mariage », constatent Rémi et Cécile. « La plupart cohabite avant de se marier, certains ont déjà des enfants, chez d’autres, l’un croit l’autre pas… Autant de situations qui demandent une grande bienveillance, tout en témoignant du message de l’Évangile ». Un témoignage que portent volontiers Rémi et Cécile, Rémi étant non croyant. « Cette différence fait partie de notre identité de couple, nous avons particulièrement à cœur de ne pas être dans le jugement mais au contraire d’inviter ceux qui ne croient pas à poser des questions, à les mettre à l’aise… Nous témoignons sur la manière dont nous vivons notre mixité, la manière dont nous envisageons l’éducation religieuse de nos enfants… »
Sur ce point, le point de vue de Rémi a évolué. Alors qu’il pensait « laisser le choix » à ses filles lorsqu’elles seraient plus grandes, il estime aujourd’hui que « ce n’est pas en leur transmettant « rien » qu’elles pourront poser un choix libre. Pour lui, autant leur transmettre une foi qui compte pour sa femme, puis viendra le temps où elles seront libres de l’approfondir ou pas. C’est justement cette expérience du « terrain » que les futurs mariés ont besoin d’entendre. Pour le pape, les apports de la préparation au mariage « ne sont pas uniquement des convictions doctrinales, et ne peuvent même pas être réduits aux précieuses ressources spirituelles que l’Église offre toujours, mais ils doivent aussi être des parcours pratiques, des conseils bien concrets, des tactiques issues de l’expérience, des orientations psychologiques. »
Quant aux couples qui mènent déjà une vie conjugale, ou qui sont déjà parents, la préparation au mariage est loin d’être superflue. Certes ils vivent ensemble parfois depuis de nombreuses années, mais le lien conjugal peut demeurer fragile. « On ne pensait pas se poser toutes ces questions ! », s’exclament certains en fin de parcours. Des conversations qui ouvrent les yeux, sur l’autre, sur l’engagement, sur l’avenir, sur sa volonté de durer et les moyens que le couple met en œuvre pour y parvenir. Une prise de conscience qui, une année, a poussé deux couples à se séparer, racontent Rémi et Cécile. Troublés, ces derniers se sont confiés au prêtre qui leur a rappelé combien ce temps de discernement était important. « Ces conversations peuvent aider à voir qu’en réalité il y a peu de points communs, et que la pure attraction mutuelle ne sera pas suffisante pour soutenir l’union », précise en ce sens le pape.
Même si la préparation au mariage demeure un temps essentiel pour le couple, elle commence en réalité… dès la naissance ! « Apprendre à aimer quelqu’un n’est pas quelque chose qui s’improvise ni qui peut être l’objectif d’un bref cours préalable à la célébration du mariage. En réalité, chaque personne se prépare au mariage dès sa naissance », souligne le pape François. « Tout ce que sa famille lui a apporté devrait lui permettre d’apprendre de sa propre histoire et la former à un engagement total et définitif ».