À Angers (Maine-et-Loire), l’institut Mission-Langues propose aux prêtres, laïcs et religieux de tous les continents d’apprendre le français avant de partir en mission.Depuis son arrivée à Mission-Langues en janvier, le père Sebastian a déjà bien amélioré son français. Ce prêtre capucin originaire de Pologne y été envoyé par sa congrégation pour apprendre la langue de Molière. Indispensable pour mener à bien sa mission au Gabon, qu’il rejoindra en mars. Dans un sourire, il concède que les cours intensifs du lundi au vendredi, « c’est fatiguant ».
Comme lui, les autres étudiants arrivant du Pérou, de Corée, du Rwanda ou d’Italie ont besoin de maîtriser le français pour la mission qui les attend en Afrique francophone ou en France. Ainsi, le père François, coréen, exercera son ministère dans un diocèse de Picardie. Le temps de la formation, ces religieux vivent sur place dans une ancienne abbaye surplombant le vieil Angers. Les sessions, renouvelables, durent quatre semaines. Tous les mois une nouvelle session commence : un « turn-over » permanent.
Cours de français et vie de prière
Covid oblige, les effectifs sont réduits à six élèves au lieu de la vingtaine habituelle. Plus facile pour pratiquer l’oral : par groupes de deux ou trois, grammaire et vocabulaire s’assimilent mieux. Le laboratoire de langue et les conversations avec les professeurs, tous diplômés FLE (Français langue étrangère) permettent de vite progresser. Prières des heures, messe quotidienne, repas, vaisselle : dans cette école pas comme les autres, chaque activité offre une bonne occasion de parler français.
En ce vendredi ensoleillé de février, la conversation du déjeuner est animée : météo, actualité, spécialités culinaires, tout y passe. Parfois, on se taquine avec humour : « ce matin dans ton homélie, quand tu as parlé du pape François et ensuite de Dragon Ball, je n’ai rien compris ! » lance le père Adriano, franciscain italien, au prêtre coréen, provoquant un fou-rire général. Il règne une atmosphère fraternelle à Mission-Langues.
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Unis par la foi et l’apprentissage du français, les missionnaires s’épaulent mutuellement. Car il s’agira d’être opérationnel dès le début de leur apostolat. « Beaucoup d’étudiants travailleront en paroisse, c’est important qu’ils puissent bien comprendre et se faire comprendre » explique Georges Delrieu, le directeur. Attentif aux progrès de chacun, il participe tous les jours à la messe et aux repas, ce qui lui permet « d’apporter un autre regard » que celui des professeurs lors de l’évaluation du français en fin de session.
Une école au service de la mission
Il y a une trentaine d’années, l’apprentissage du Français était le chaînon manquant de la mission. En côtoyant des missionnaires non-francophones, Willy Lambert, chrétien engagé d’origine belge, remarque vite que la langue est un frein à leur pastorale. Après des cours de français informels, il décide de créer un lieu spécifique. Avec le soutien de l’Œuvre pontificale pour la propagation de la foi et l’accord de Rome, l’institut Mission-Langues voit le jour en 1993 près du sanctuaire belge de Banneux.
En 2009, l’établissement déménage à Angers, un diocèse riche d’un véritable passé missionnaire. Depuis douze ans, Mission-Langues y voit défiler des religieux de tous horizons et sa vitalité contribue au rayonnement diocésain : en temps ordinaire, les prêtres ou séminaristes aident les paroisses le week-end. Aux beaux jours, les étudiants auront rejoint leur lieu de mission, comme le père Sebastian au Gabon ou le père François en Picardie. Quant à l’établissement, fidèle à sa vocation de « servir la mission », il se prépare déjà à accueillir de nouveaux étudiants.
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