La conférence épiscopale d’Haïti (CEH), dans les Caraïbes, déplore le caractère explosif de la situation sécuritaire et des circonstances politiques. Malgré la pression de l’opposition qui a nommé un nouveau président par intérim, Jovenel Moise refuse de quitter le pouvoir, comme le prévoit la Constitution.“Le pays est au bord de l’explosion, la vie quotidienne du peuple est faite de morts, de meurtres, d’impunité, d’insécurité”, lance la conférence épiscopale haïtienne, dans un communiqué publié le 2 février dernier et également reçue par l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en détresse (AED).
“Personne n’est au-dessus de la loi”
Le message des évêques intervient alors que cet État des Caraïbes est ébranlé par une sévère crise politique depuis plusieurs mois. En cause : la durée du mandat du président Jovenel Moise. D’après lui, il ne prendra fin que l’année prochaine. Mais ses opposants estiment que conformément à la Constitution, il est arrivé à terme le 7 février dernier. Dans la nuit du 7 au 8 février, des partis de l’opposition ont donc nommé un président par intérim. Il s’agit de Joseph Mécène Jean-Louis, un magistrat de 72 ans, membre de la Cour de cassation depuis 2011.
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A l’origine de cette crise politique, c’est la date effective du début du mandat de Jovenel Moise qui est contestée. Dans leur prise de position, les évêques s’alignent indirectement sur l’opinion des opposants au président : “Il nous semble que tout le monde est d’accord sur le principe que personne n’est au-dessus de la loi et de la Constitution du pays”, affirment-ils.
Les évêques appellent au consensus
A plusieurs reprises dans le passé, le chef de l’Etat a appliqué la loi électorale et les dispositions de la Constitution. Il les a donc également acceptées pour lui-même, estiment les évêques. Dans leur déclaration, les prélats soulignent que “seule une politique de consensus peut aider les différents acteurs à éviter que tout Haïti aille se jeter encore plus au fond de l’abîme.” Face à la confusion qui règne dans le pays, les évêques résument ainsi la position de l’Église catholique : “À la suite du Christ, l’Église est toujours du côté du droit, de la vérité, de la justice et du respect de la vie et de la dignité humaine.”
A la sévère crise qui ébranle la politique intérieure, viennent s’ajouter des problèmes économiques et une situation sécuritaire qui se détériore de manière dramatique. Les évêques soulignent entre autres les nombreux enlèvements qui ont rendu la vie dans le pays insupportable. Ils expriment l’espoir que les “escadrons de la mort” acceptent de déposer les armes.
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