Lors de son voyage en Irak en mars prochain, le pape François va prendre dans ses valises Sidra, un magnifique livre de prières en langue araméenne datant du XVe siècle. Préservé de l’État islamique, il avait été apporté en Italie pour être restauré. Il va désormais retourner sur sa terre d’origine.Sidra, le “Livre sacré” de Qaraqosh (Irak), fait partie de ces ouvrages rescapés de la folie destructrice de l’État islamique entre 2014 et 2017. Composé entre le XIVe et le XVe en langue araméenne, il contient des prières liturgiques à réciter entre la fête de Pâques et celle de la Sainte Croix. Restauré en Italie, il a été présenté au pape François lors de l’audience générale de ce mercredi, moins d’un mois avant que celui-ci ne se rende en Irak (du 5 au 8 mars, ndlr) et à Qaraqosh pour qu’il puisse l’apporter avec lui.
“Aujourd’hui, nous sommes heureux de remettre [le livre] symboliquement entre les mains de Sa Sainteté afin qu’il retourne chez lui, dans son Église sur cette terre martyre, en signe de paix, de fraternité”, a confié au pape Ivana Borsotto, la présidente de la FOCSIV, une fédération d’organismes chrétiens de coopération internationale et de volontariat, par laquelle le livre a transité pour être restauré. Dans un avenir proche, le “Livre saint” sera rendu à l’église syro-catholique de Qaraqosh afin qu’il puisse à nouveau servir. “Sidra, même sans tête et mutilé dans les dernières pages, continuera de marquer l’année liturgique en araméen et sera toujours chanté par les habitants de la plaine de Ninive, rappelant à tous qu’un autre avenir est toujours possible”, a également commenté Ivana Borsotto.
Dix mois de restauration
À son arrivée en Italie, le manuscrit était dans un état très critique. “Son état de conservation déplorable, sa provenance et ses particularités matérielles et structurelles, ont nécessité un examen préliminaire par des experts en langue syriaque”, explique le communiqué de la fédération. Par la suite, et avant d’aborder la phase purement “chirurgicale” de l’intervention, le volume a été soumis à une analyse scientifique dans les laboratoires d’un institut italien spécialisé dans la restauration de livres anciens. En tout, les travaux de restauration auront duré dix mois.
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Comme Sidra, des milliers de manuscrits anciens de la plaine de Ninive ont été sauvés des griffes de l’organisation État islamique. Quelques années avant l’émergence de Daech, le père dominicain Michel Najeeb – actuel archevêque chaldéen de Mossoul – avait entamé une politique de numérisation massive de ces ouvrages dont certains remontent au XIe siècle. En 2014, il avait organisé avec des villageois l’exfiltration de centaines de manuscrits afin qu’ils ne soient détruits par les islamistes.
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