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Peut-on douter de Lourdes ?

GROTTE DE LOURDES
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Vittorio Messori - publié le 10/02/21
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Bernadette ne nous a pas trompés, c’est la conviction du journaliste Vittorio Messori qui a consacré trente ans de travail à enquêter sur les événements de Lourdes. Pour lui, le dossier historique des apparitions est limpide, aucune objection ne résiste à l’analyse. Lourdes est une sorte de poignée à saisir quand le doute sur la vérité du Credo nous guette.

Les apparitions de Lourdes sont simples et authentiques, et l’établir avec certitude permet de confirmer encore que tout dans la foi est vrai : Dieu existe, il s’est révélé en Jésus, et l’Église continue le message de Jésus. Lourdes est un cas exemplaire. Un don de Dieu. Une sorte de solide poignée qui nous est offerte et qu’on peut saisir dès que le doute vient à nous menacer.

Les dates choisies des apparitions de Marie

Il y a comme un fil rouge entre les apparitions mariales. La première des temps modernes, en 1830 à la Rue du Bac à Paris s’est produite l’année du premier voyage de passagers dans un train, de Liverpool à Manchester : comme un symbole de l’entrée dans la modernité, le début de l’ère dans laquelle nous vivons. 1858, l’année des apparitions de Lourdes est aussi l’année de parution de deux livres déterminants pour notre époque : l’Origine des espèces de Darwin, une source pour tout l’athéisme moderne, et la Vie de Jésus de Renan, qui a lancé la critique moderniste. En 1917, les apparitions de Fatima sont contemporaines de la prise de pouvoir de Lénine en Russie. En 1933, l’année de Banneux, est le mois de la prise de pouvoir d’Hitler en Allemagne. En 1981, à Kibeho, au Rwanda, elle précède le terrible génocide dans ce pays, une tragédie affreuse qui est annoncée par la Vierge aux jeunes voyants.

La Vierge est une mère très attentive aux soucis et aux besoins de ses enfants. Elle vient au secours quand il faut nous rappeler l’espérance de l’Évangile. Dans le livre, Gli occhi di Maria (« Les Yeux de Marie ») j’ai montré qu’il existe une sorte d’histoire parallèle que la foi seule peut discerner à côté de l’histoire officielle mais qui n’est pas celle qui compte vraiment pour le destin du monde. À chaque étape de cette histoire, la Vierge paraît pour donner confiance ou pour mettre en garde ses enfants.

Un envoi vers l’Église

La réponse à Bernadette qui lui demandait son nom : « Je suis l’Immaculée conception », est un écho direct du dogme de l’Immaculée Conception que l’Église venait de proclamer solennellement à Rome quatre ans plus tôt. À Lourdes, la Vierge nous envoie directement vers l’Église : « Allez dire aux prêtres de bâtir ici une chapelle et qu’on y vienne en procession ! » En ce sens, Lourdes est entièrement catholique, l’Apparition même exige que ce soit le clergé qui guide le peuple de Dieu. Il est intéressant de noter que là où il y avait la Grotte de Massabielle, le terrain appartenait à la paroisse Saint-Pierre, comme pour souligner le lien avec le pape. N’oublions pas que les dix-huit apparitions ne se réalisent pas en une succession de dates au hasard mais en suivant le calendrier liturgique romain. C’est bouleversant de voir comme les textes de la messe du jour sont en accord avec le message qui sera donné à la Grotte.

La plus documentée de toutes les apparitions

Sur Lourdes, il n’y a aucun doute : on sait tout. Il y a même trop de documents et c’est cela qui est le plus épuisant pour l’historien, mais tout est cohérent, simple, clair. Ce n’est pas le cas partout : à Fatima, il y a eu beaucoup de questions et cela a pris du temps. À La Salette aussi. Il a fallu travailler et l’évêque du lieu a conclu favorablement, mais beaucoup étaient contre. C’est différent à Lourdes, où il n’y a jamais eu de questions et de discussions.

Quand le cardinal Ratzinger a ouvert les archives du Saint-Office, nous nous y sommes précipités, mon maître et ami l’abbé René Laurentin et moi-même : lui depuis Paris, moi depuis Milan. Nous avons demandé le dossier sur Lourdes mais surprise : il était vide ! Le fichier existait, mais il n’y avait rien eu à contester, à discuter. Le Saint-Office n’a jamais eu besoin d’intervenir sur Lourdes, alors que les dossiers de Fatima, de La Salette, ou d’autres lieux sont énormes. Les papes ont été très présents à Lourdes, non pas comme juges mais au contraire, comme pèlerins (Jean Paul II deux fois, Benoît XVI en 2008) ou comme auteurs de messages convaincus, souvent émus pour dire leur amour du sanctuaire.

Aucune objection ne tient

Dans Bernadette non ci ha ingannati (« Bernadette ne nous a pas trompés », Mondadori, 2012), j’ai examiné toutes les objections possibles, toutes celles qui ont été émises sur le plan historique, et aucune ne tient. Neuf chapitres s’interrogent en historien, sur chacune des objections imaginées par Zola, Renan, Charcot, les libres penseurs, jusqu’à nos jours. Il n’y a pas de discussions sur la vérité des apparitions à l’intérieur de l’Église mais il y a eu une guerre de la part d’intellectuels athées. On ne pouvait pas (on ne peut pas, aujourd’hui même) concevoir une telle visite du Ciel, au surplus à une petite analphabète.

On a d’abord émis l’idée que ce pouvait être les parents de Bernadette qui l’auraient poussée à jouer la comédie. Mais pauvres, ruinés, sous la surveillance de la police, avec une mère présumée alcoolique et un père qui avait fait faillite, qui sortait de prison pour vol et risquait d’y retourner, ils n’étaient absolument pas en état de faire les malins. Les parents de Bernadette ont été terrorisés par les apparitions et ils la suppliaient de ne pas aller à la Grotte. Les prêtres alors ? Auraient-ils organisé cela pour créer un sanctuaire et gagner de l’argent ? Tous ces soupçons ont été avancés mais ils ne tiennent pas. Au contraire : le clergé a été longtemps à côté des autorités civiles pour en finir avec celle qu’ils croyaient illusionnée.

L’Histoire n’est pas une science exacte, mais il y a des événements où le dossier est tellement sûr et tellement convaincant qu’on a du mal à hésiter.

Bernadette n’est non plus ni une comédienne, ni une hystérique, ni une illuminée. Elle n’a pas été très bien traitée à Nevers, et des sœurs là-bas n’ont pas cru aux dires de Bernadette. Même la maîtresse des novices, Mère Vozous, qui est devenue mère générale de l’Ordre et qui s’est opposée au procès de béatification de Bernadette (« attendez au moins ma mort ! »). Mais tout cela s’explique et c’est courant dans l’histoire de l’Église. Et finalement, la Mère Vozous (on l’oublie trop souvent) a voulu terminer ses jours à l’Hospice tenu par la congrégation à Lourdes. Elle est morte en invoquant la Vierge Immaculée parue à la Grotte ! On a même imaginé que ces visions pouvaient venir de l’Adversaire, mais rien ne tient. Enfin, Bernadette n’a jamais rien gagné à maintenir son témoignage. Sa famille aussi a toujours refusé tout don. Elle a toute sa vie refusé tout revenu, tout don : « Ça brûle » disait-elle !

Le texte de référence

Les signes positifs de Lourdes sont inversement innombrables : le récit, sa cohérence, sa parfaite stabilité dans le temps, le nom de la Vierge, la vie de Bernadette, la source trouvée qui n’a jamais tari, les innombrables miracles et les guérisons inexplicables authentifiées par le bureau médical, etc. Il faut lire l’excellent Mandement par lequel Mgr Laurence, évêque de Tarbes, reconnait les apparitions, au terme d’une enquête minutieuse et documentée. Tout est clair là aussi et toute la suite de l’histoire de Lourdes témoigne à 100% en faveur des apparitions : un lieu de grâce, de charité, de paix, de miracles comme rarement et même comme nulle part ailleurs dans l’histoire du monde. L’Histoire n’est pas une science exacte, mais il y a des événements où le dossier est tellement sûr et tellement convaincant qu’on a du mal à hésiter. Lourdes est un cas vraiment spécial : celui qui voudrait le nier devrait aller contre un immense nombre de documents et de faits.

Ainsi, il est bien plus raisonnable de croire à l’authenticité de Lourdes que de ne pas y croire, même si c’est la liberté de tout catholique de ne pas croire, car Lourdes n’est pas un dogme. Il est cependant plus facile d’accepter le mystère plutôt que toutes les tentatives ratées, d’expliquer autrement ce qui est confirmé par l’histoire. Lourdes est un lieu unique, fascinant aussi pour le chercheur.

Si Lourdes est vrai, tout est vrai !

Personnellement, j’ai découvert la foi, venant de l’agnosticisme, lorsque j’étais à l’Université à Turin, en sciences politiques, et j’ai toujours recherché les raisons de croire. Lourdes est pour un cas exemplaire, un don qui a été fait par Dieu, une poignée à saisir lorsque le doute nous menace. C’est un signe de plus pour authentifier l’ensemble de la foi catholique. Pour moi, si Lourdes est vrai, tout — dans le Credo — est vrai : Dieu, le Christ, l’Église « une, catholique, apostolique, romaine ».

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