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L’enfer existe-t-il vraiment ?

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Dominique Le Tourneau - publié le 04/02/21 - mis à jour le 13/03/24
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L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. La profondeur du mal dans le monde laisse parfois entrevoir cet abîme où fait plonger le refus de Dieu. Jésus lui-même nous met en garde à de nombreuses reprises dans les Évangiles.

Si nous lisons les évangiles sans préjugé, nous verrons que Jésus parle une cinquantaine de fois de l’existence d’un « lieu » de supplice, que nous appelons enfer (du latin inferus, « région inférieure », « lieu de morts »). Qu’il suffise de donner ici quelques références. Les fauteurs d’iniquité seront jetés « dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 13, 42 et 50). « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la Vie que de t’en aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qu’on n’éteint pas » (Mc 9, 43 ; cf. ibid. 45, 47). Parlant du jugement dernier, Jésus « dira à ceux qui sont à sa gauche : “Allez-vous en loin de moi, maudits, au feu éternel, préparé pour le diable et pour ses anges” » (Mt 25, 41).

Un enseignement sans ambiguïté

La conclusion de la parabole des talents et l’annonce du jugement dernier montrent bien que le sort final des hommes n’est pas identique pour tous. Ceux qui ont fait fructifier les talents reçus s’entendent dire : « Très bien, bon et fidèle serviteur ! Tu as été fidèle pour de petites choses ; je te mettrai à la tête d’une quantité. Entre à la fête [ou dans la joie] de ton maître » (Mt 25, 21 et 23). Mais le serviteur « bon à rien » qui a enfoui son talent en terre sera « jeté dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 25, 30). Ténèbres qui sont l’antithèse de Jésus, présenté comme « la Lumière vraie, qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9). Et de même pour l’enseignement sur le Jugement dernier (Mt 25, 31-46) qui se termine par ce verset : « Alors ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle. »

Le Christ le répète souvent : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas » (Lc 13, 23-24). Quand quelqu’un demanda un jour au rabbi de Nazareth : « Seigneur, est-ce que ceux qui seront sauvés sont peu nombreux ? », il leur dit : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car [il en est] beaucoup, je vous le dis, qui chercheront à entrer et qui ne le pourront pas » (Lc 13, 23-24). Saint Paul, entre autres, reprendra cet enseignement, par exemple quand il écrit : « Sachez bien ceci : nul fornicateur, nul impudique, nul avare — c’est un idolâtre — n’aura part à l’héritage du royaume du Christ et de Dieu » (Ep 5, 5). Ou encore : « Ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les diffamateurs, ni les rapaces n’hériteront du royaume de Dieu » (1 Co 6, 10). Notons une seule référence de saint Pierre, le prince des apôtres : « Beaucoup les suivront [les faux docteurs] dans leurs dérèglements, faisant ainsi calomnier la voie de la vérité. Et par cupidité, ils vous exploiteront avec des paroles artificieuses. Pour eux, la condamnation est acquise de longue date, et leur ruine n’est pas en sommeil. […] Les ténèbres les plus épaisses les attendent » (2 P 2, 2-3.17).

Ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les diffamateurs, ni les rapaces n’hériteront du royaume de Dieu.

L’enseignement de l’Église affirme clairement l’existence de l’enfer et son éternité. Dès le Ve siècle, la double sentence qui intervient au terme du jugement particulier est clairement affirmée : « La vie éternelle comme récompense du bon mérite ou la peine du supplice éternel pour les péchés » (formule dite Fides Damasi) ; « ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; ceux qui auront commis le mal iront au feu éternel » (symbole dit de saint Athanase). « L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, le feu éternel » (Catéchisme de l’Église catholique CEC, n. 1035). Comme le résume le cardinal Ratzinger : « Inutile de discuter : la notion de damnation éternelle a bel et bien sa place dans l’enseignement de Jésus, comme dans les écrits des apôtres. Le dogme affirmant l’existence de l’enfer et l’éternité de la damnation repose donc sur des bases solides. »

L’enfer et les enfers

Il y a cependant une grande différence entre l’enfer et « les enfers » où Jésus « descend » après le Vendredi saint. Les enfers désignaient le séjour des morts, les inferi de la mythologie romaine, l’hadès des Grecs. « Dans l'Ancien Testament, la condition des morts n'était pas encore pleinement illuminée par la Révélation. On pensait en effet tout au plus que les morts étaient réunis dans le sheól, un lieu de ténèbres (cf. Ez 28, 8 ; 31, 14 ; Jb 10, 21sq ; 38, 17 ; Ps 30, 10 ; 88, 7.13), une fosse dont on ne remonte pas (cf. Jb 7, 9), un lieu dans lequel il n'est pas possible de louer Dieu (cf. Is 38, 18 ; Ps 6, 6) ». Le Nouveau Testament apporte une nouvelle lumière sur la condition des morts, en particulier en annonçant que le Christ, à travers sa résurrection, a vaincu la mort et a étendu son pouvoir libérateur également au royaume des morts » (saint Jean-Paul II, Audience générale, 28 juillet 1999).

La descente de Jésus aux enfers est une façon de proclamer la victoire de la vie sur la mort. Nous avons écrit, à propos de cette descente aux enfers, dans Les mots du christianisme (Fayard, 2005), que « c’est un dogme de foi, vérité que tous doivent croire, énoncé dans le Credo : avant sa résurrection, l’âme du Christ est descendue triomphalement aux enfers (“sein d’Abraham” où les justes attendaient leur délivrance), non “pour y libérer les damnés ni pour détruire l’enfer de la damnation [celui des condamnés pour l’éternité, en raison de leur endurcissement dans le péché] mais pour libérer les justes de l’Ancien Testament” (CEC, n. 633) et leur annoncer leur entrée prochaine dans la vision béatifique, ou bienheureuse, de Dieu au ciel, quand il sera à la droite de son Père ».

L’irréversibilité du choix

La parabole du riche qui banquette de façon insolente et du pauvre Lazare évoque l’irréversibilité du choix que nous faisons au moment de la mort. Alors que le premier réclame une atténuation même très modique de sa peine, il lui est répondu : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens durant ta vie, et Lazare pareillement ses maux. Maintenant, il est consolé ici, et toi, tu souffres. De plus, il a été établi un grand vide entre nous et vous, de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le pourraient pas, et ceux de là-bas ne traversent pas non plus pour venir à nous » (Lc 16, 25-26). Les peines de l’enfer sont immuables et Jésus en parle comme d’un feu. L’immuabilité, c’est ce que montre a contrario le fait que l’Église ait supprimé des livres liturgiques toute prière pour les damnés qui s’y trouvaient à une époque.

La notion de feu à propos de l’enfer n’est nullement une invention de l’Église, destinée à effrayer ses ouailles. Nous savons qu’elle est bien présente dans les avertissements de Jésus lui-même. Nul doute qu’il sait de quoi il parle. Évidemment la nature de ce feu — présent également au purgatoire — est d’une autre nature que le feu que nous connaissons ici-bas. Il ne s’agit pas d’un feu qui détruit, qui réduit en cendres. Mais d’un feu inextinguible, qui brûle sans consumer, et qui relève davantage d’une brûlure de l’âme, donc un feu inconnu de nous, du domaine du spirituel, que d’un feu matériel, inexistant dans l’au-delà.

La miséricorde ne supprime pas la justice

La miséricorde infinie de Dieu peut sembler inconciliable avec l’existence de peines éternelles. Prendre conscience de la réalité de l’enfer, et de son caractère irréversible, nous amène à faire une catéchèse sur ce sujet essentiel. C’est évidemment tout l’intérêt du diable de faire croire, y compris à des catholiques, même à des prêtres, que l’enfer n’existe pas ou, à la rigueur, s’il existe, qu’il est vide. Nous avons vu ce que Jésus-Christ qui est Dieu en pense. « Il y a un enfer. — C’est une affirmation qui a l’air à tes yeux d’une lapalissade. — Je vais te la répéter : il y a un enfer ! Sois mon écho, opportunément, à l’oreille de tel ou tel de tes camarades » (saint Josémaria, Chemin, n. 749). Mais il est vrai que la miséricorde infinie de Dieu peut sembler inconciliable avec l’existence de peines qui seraient éternelles.

C’est nous qui, tout au long de notre existence terrestre, avons délibérément décidé de l’orientation qui va déterminer le choix de notre destinée éternelle.

La miséricorde divine est bien réelle, mais elle n’oblitère pas la justice, tout aussi réelle, et la possibilité de s’enfermer dans le refus de Dieu. D’un certain point de vue nous pouvons dire que la sentence prononcée sur toute notre vie lors de notre jugement particulier est la reconnaissance de l’état de notre âme suite à une illumination divine qui la permet. C’est nous qui, tout au long de notre existence terrestre, avons délibérément décidé de l’orientation qui va déterminer le choix de notre destinée éternelle. C’est pourquoi le Catéchisme de l’Église catholique peut à bon droit parler « d’état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux », état « qu’on désigne par le mot enfer » (n. 1033). « La damnation ne doit donc pas être attribuée à l’initiative de Dieu, car dans son amour miséricordieux, il ne peut vouloir que le salut des êtres qu’il a créés [ce qui est confirmé quand Paul assure que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4)].

La fermeture à l’amour de Dieu

En réalité, c’est la créature qui se ferme à l’amour de Dieu. « La damnation consiste précisément dans l’éloignement définitif de Dieu librement choisi par l’homme et confirmé à travers la mort qui scelle pour toujours ce choix. La sentence de Dieu ratifie cet état » (saint Jean-Paul II, Audience générale, 28 juillet 1999). Dieu accomplit son jugement dans l’auto jugement de l’homme. Comme l’écrit Pascal, « ce sera une des confusions des damnés de voir qu’ils seront condamnés par leur propre raison, par laquelle ils ont prétendu condamner la religion chrétienne » (Pensées, 187). Dieu ne pourra en quelque sorte que prendre acte de la décision personnelle de chaque individu car au moment où nous nous présentons devant lui immédiatement après notre mort, tout est figé : nous n’avons plus la possibilité de faire marche arrière et de revenir sur ce qu’a été notre vie.

L’homme reste libre

Dieu ne pourrait-il pas éviter que des âmes se perdent ainsi à tout jamais ? En théorie, oui, puisque Dieu est Tout-Puissant. Cependant, il s’est autolimité avec sa création, dont il respecte les lois qui la régissent. Et, en créant l’homme, Dieu l’a doté de liberté. Il s’interdit d’aller à l’encontre de cette liberté. S’il donne à tout homme en toute circonstance toutes les grâces dont il a besoin pour choisir le bien et repousser le mal, il respecte toujours le libre choix de l’homme. Le Catéchisme enseigne que « Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin. Dans la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut « que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 P 3, 9) : « Voici l’offrande que nous présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille entière : dans ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix de notre vie, arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus » (Canon romain, 88) » (CEC n. 1037).

Ce qui précipite une âme en enfer, ce n’est pas tant qu’elle ait commis un ou plusieurs péchés mortels, mais son impénitence finale, son refus de faire appel à l’amour et au pardon de Dieu, son obstination dans le mal.

Seul le refus obstiné du pardon de Dieu conduit en enfer. Autrement dit, ce qui précipite une âme en enfer, ce n’est pas tant qu’elle ait commis un ou plusieurs péchés mortels, mais son impénitence finale, son refus de faire appel à l’amour et au pardon de Dieu, son obstination dans le mal. La grâce que Dieu offre au pécheur, sans doute encore de façon ultime au moment où il se présente devant lui, est en elle-même efficace pour que, s’il le veut, il se décide finalement en faveur de Dieu. Jésus en Croix n’a-t-il pas supplié son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 24) ? Mais, encore une fois, la réponse de l’homme est libre. Il y a un mystère de l’endurcissement possible du cœur de l’homme, qui décide en pleine connaissance de cause son destin. L’écrivain anglais C.S. Lewis l’évoquait ainsi : « Les portes de l’enfer sont verrouillées de l’intérieur. »

La peine principale

La principale peine de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu. Comme l’Église le confesse, « la principale peine de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auquel il aspire » (CEC, n. 1035). Cette privation de la vision béatifique de Dieu Trinité est appelée en théologie « peine de dam » (damnum voulant dire « perte », « chose perdue »). S’y ajoute la peine qui sanctionne les péchés personnels : « La peine du péché originel est la privation de la vision de Dieu, tandis que la peine du péché actuel est le tourment de la géhenne éternelle » (lettre d’Innocent III à l’archevêque d’Arles). Cette peine est dite peine des sens et est signifiée par le feu. 

Le feu de l’enfer ne doit pas être compris en un sens trop matériel. L’on parle d’une peine de feu mais cela ne semble pas avoir beaucoup de sens puisque l’âme est immatérielle et que, quand il aura ressuscité à la fin des temps, le corps sera « spiritualisé ». Si le corps sera spiritualisé, en « étant totalement soumis à l’esprit » (saint Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils 4, 86), il n’en reste pas moins corps. La matière n’est pas abolie, mais assumée à un état où elle n’existe plus que pour l’esprit. 

Une peine proportionnée et définitive

Il semble bien que les peines de l’enfer soient proportionnées aux fautes de chacun. Puisqu’il est dit que Dieu rendra à chacun selon ses œuvres (cf. Rm 2, 5-7), par analogie avec ce qui se passe pour les bienheureux au ciel qui, « selon la diversité de leurs mérites, verront Dieu plus parfaitement les uns que les autres » (concile de Florence). Comme dans l’au-delà, nous sommes plongés hors du temps, et que nous entrons dans l’éternité, il s’ensuit que les peines de l’enfer sont nécessairement éternelles : elles ne cesseront jamais. « Si quelqu’un dit ou pense que le supplice des démons et des hommes impies est temporaire et qu’il doit finir un jour, ou bien que doit venir une restitution et une réintégration des démons et des impies, qu’il soit anathème » (concile de Constantinople, 543). 

Dieu est tout à la fois justice et miséricorde, et le damné reste son enfant. Nous pouvons penser que Dieu exerce l’une comme l’autre à son endroit. Là où la miséricorde de Dieu intervient, c’est pour tempérer sa justice. « Dans la damnation des réprouvés la miséricorde apparaît ; non pas, à la vérité, en ce que Dieu leur enlève toute peine, mais en ce qu’il leur allège cette peine, en les punissant moins qu’ils ne le méritent » (saint Thomas d’Aquin, Somme théologique I, q.21, a.4, ad 1). Nous pouvons nous demander accessoirement pourquoi Jésus-Christ a voulu mourir sur la Croix si l’enfer n’existe pas, autrement dit s’il était acquis d’emblée que tous les hommes, marqués par le péché originel et donc devenus « par nature fils de la colère » (Ep 2, 3) et ennemis de Dieu finiraient de toute façon au paradis.

Un paradoxe mystérieux

L'existence de l'enfer n'empêche mystérieusement pas les âmes d'être heureuses au Paradis. Mais comment vivre une éternité de bonheur à côté d'autres qui vivraient une éternité de souffrance ? N'est-ce pas invraisemblable ? Il est très difficile d'imaginer l'existence de ce paradoxe à peine croyable : les habitants du ciel sont pourtant pleinement heureux, du bonheur même de Dieu ; toutefois, ils connaissent l'existence de l'enfer et de ceux qui sont les damnés. Un passage de la Bible peut nous aider à comprendre ce paradoxe apparemment impossible, le chapitre 17 du livre de la Sagesse qui évoque la situation absurde des Égyptiens pendant la dernière épreuve précédant la délivrance des Hébreux. On assiste alors à la coexistence étonnante : d'un côté, la nuit infernale qui enchaîne les pervers, de l'autre, la belle lumière qui continue à briller pour les enfants de Dieu, comme si de rien n'était. Comment cela est-il possible ? C'est là que nous devons faire un saut dans le grand mystère, sans chercher à résoudre l'apparente contradiction par des spéculations trop rationnelles. Comme les pensées divines sont infiniment au-dessus des pensées humaines, nous devons nous dire que la solution de l'énigme est « cachée dans la gloire de celui qui a fait le monde, et qui a pris sur lui tout le mal du monde », selon le mot de Jacques Maritain.

Les avertissements du Ciel

L’Église n’a jamais cité personne nommément comme étant à coup sûr en enfer. Même pour Judas et malgré la parole terrible du Christ : « Le Fils de l'homme s'en va selon qu'il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l'homme est livré ! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître ! » (Mt 26, 24), l’Église ne s’est pas prononcée, alors qu’elle proclame avec certitude que certains (les saints) sont au ciel. Mais en revanche, elle affirme que les anges déchus restent éternellement dans l’enfer de l’aversion de Dieu.

Plusieurs saints et mystiques ont fait « l'expérience de l'enfer ». « La considération de l’enfer : cela m’a beaucoup aidée à perdre la crainte des tribulations », disait sainte Thérèse d’Avila. Dieu a aussi montré l’enfer à plusieurs autres saints et mystiques comme sœur Faustine ou les voyants de Fatima. À ces derniers, la très Sainte Vierge dit alors : « Vous voyez l’enfer, où aboutissent les âmes des pécheurs malheureux. Pour les sauver, Dieu désire établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé. Si cela se fait, beaucoup d’âmes seront sauvées, et il y aura la paix. » Le message de la Vierge à Fatima contient un pressant appel : « Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'il n'y a personne qui se sacrifie et prie pour elles. » Cette vision a déclenché une réaction très forte chez les enfants qui se sont mis à prier avec une grande ferveur pour le salut des âmes.

Un appel à la responsabilité

Les avertissements de l’Écriture et de la Tradition sont un appel à la responsabilité. « Les affirmations de la Sainte Écriture et les enseignements de l’Église au sujet de l’enfer sont un appel à la responsabilité avec laquelle l’homme doit user de sa liberté en vue de son destin éternel. Elles constituent en même temps un appel pressant à la conversion : “Entrez par la porte étroite. Car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et il en est peu qui le trouvent” (Mt 7, 13-14) » (CEC, n. 1036). « Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin. Dans la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut « que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 P 3, 9) : Voici l’offrande que nous présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille entière : dans ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix de notre vie, arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus (Canon romain, 88) ».

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