Pour le renard de Saint Exupéry, apprivoiser, c’est « créer des liens », c’est passer d’un état d’indifférence à la relation d’amour, ou d’amitié, où l’autre est reconnu et aimé pour ce qu’il est. « Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde », explique le renard au Petit Prince qui lui demande ce que signifie « apprivoiser ». Une définition qui colle parfaitement à la relation amoureuse. Reste à savoir comment apprivoiser l’autre. Là encore, le renard donne de précieuses clés : patience, authenticité et fiabilité semblent être trois conditions à réunir pour favoriser la rencontre amoureuse.
1La patience
« Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. »
La patience. Un aspect de la rencontre dont est intimement convaincue Sandrine Chanfreau, coach et conteuse, qui interviendra ce dimanche 24 janvier lors de la visio-rencontre « Le renard et les râteaux », organisée par Theotokos, premier site de rencontre chrétien. Créer un lien d’amour ou d’amitié, cela prend du temps. « Certes on ressent parfois de l’urgence dans la relation, soit parce que l’horloge biologique tourne, soit parce que le désir est puissant, mais en allant trop vite, on risque de mettre à mal la relation. Le temps est nécessaire pour créer du lien en profondeur », souligne-t-elle.
2L'authenticité
« Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près », continue le renard.
Le langage est source de malentendus lorsqu’il est parasité par la peur (de décevoir, de ne pas y arriver) ou par le désir de briller. Pour qu’une rencontre ait la chance d’aboutir en une relation amoureuse, il est bon de rester soi-même. Sandrine Chanfreau invite ainsi à parler sincèrement, à oser montrer ses faiblesses. « Sur les sites de rencontre, on est vite tenté de bomber le torse, de se montrer sous son meilleur jour », constate-t-elle. L’objectif de la rencontre Theotokos dimanche, qui se déroule en séance plénière puis en binôme via l’application Zoom, est justement de s’exercer à des rencontres authentiques. Christophe de Vareilles, coach et artiste, co-animateur de la rencontre, précise que l’enjeu ne consiste pas à chercher l’homme ou la femme de sa vie mais plutôt à inciter les participants à oser des rencontres sincères, à se dévoiler, loin de toute pression et de toute anxiété.
L’authenticité, c’est être sincère et vrai avec l’autre, mais aussi envers soi-même. C’est être au clair avec ses expériences passées et notamment avec les « râteaux » dont il est question dans l’intitulé de la rencontre. En ce sens, Christophe de Vareilles invite à considérer ses expériences passées non pas comme des échecs mais comme des expériences « apprenantes ». Les histoires passées nourrissent nos histoires futures. Les paroles de Nelson Mandela s’appliquent aussi dans le domaine amoureux : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends. » Qu’est-ce que je retire de riche et de positif de mes relations amoureuses précédentes ? Qu’est-ce qu’elles m’ont appris ? M’engagent-elles à plus de prudence ? De patience ? De sincérité ? De clairvoyance ?
3La fiabilité
« Le lendemain revint le petit prince. – Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. (…) Si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur ».
Chez le renard, la fiabilité prend le visage de la ponctualité. La ponctualité en effet sécurise l’autre. C’est une approche rassurante. On sait que l’on peut compter sur l’autre. En outre, la ponctualité permet à l’autre de se préparer, de « s’habiller le cœur », comme le dit si joliment le renard, de créer un besoin, une attente. « Magnifique pédagogie du renard qui chaque jour exhorte à s’asseoir un peu plus près, à rapprocher sa chaise de l’autre », relève Christophe de Vareilles. Une pédagogie patiente, progressive, pour permettre des rencontres authentiques, profondes, non pas uniquement avec les yeux mais avant tout avec le cœur. Car « on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». C’est le célèbre secret du renard confié au Petit Prince au terme de leur rencontre.