Le problème de l’avortement "n’est pas religieux mais […] humain" car l’embryon "est une vie humaine", a fait remarquer le pape François dans une interview délivrée à la chaîne italienne Canale 5 diffusée le 10 janvier 2021. "Est-il juste d’annuler une vie humaine pour résoudre un problème ?", a-t-il interrogé avec force alors que son pays, l’Argentine, a récemment légalisé l’avortement.
Dans la société actuelle, "les personnes qui ne sont pas utiles sont jetées", a mis en lumière le pontife. Et ainsi, "les enfants sont rejetés, soit parce qu’on ne les désire pas, soit parce qu’on les renvoie à l’expéditeur lorsqu’on constate qu’ils sont malades […] : avant la naissance, leur vie est effacée", a-t-il poursuivi. Le Pape s’est tout particulièrement élevé contre les personnes qui font le lien entre religion et avortement : "Le problème de l’avortement n’est pas un problème religieux, attention : c’est un problème humain, pré-religieux, c’est un problème d’éthique humaine, […] un problème que même un athée doit résoudre en son âme et conscience".
Est-il juste d’annuler une vie humaine pour résoudre un problème, n’importe quel problème ?
À la question : "Ai-je le droit de faire cela ?", le pontife a voulu répondre par une "réponse scientifique" : lors de "la troisième semaine [de grossesse], presque la quatrième, il y a tous les organes du nouvel être humain dans le ventre de la mère, c’est une vie humaine. Je pose la question suivante : est-il juste d’annuler une vie humaine pour résoudre un problème, n’importe quel problème ? Non, ce n’est pas juste. Est-il juste d’engager un tueur à gages pour résoudre un problème ?". Le pontife a eu une nouvelle fois recours à cette métaphore qui avait entraîné une polémique, en octobre 2018 puis en mai 2019.
Ces propos du pape François interviennent alors que le Sénat argentin s’est prononcé en faveur de la légalisation de l’IVG le 30 décembre 2020. Dans le pays du pontife, les femmes peuvent désormais interrompre leur grossesse jusqu’à la quatorzième semaine. Auparavant et selon une loi en date de 1921, l’avortement n’était permis dans ce pays qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère.
La culture du déchet pousse à hâter la mort
Le pape François a eu également une parole pour les personnes en fin de vie, la culture du déchet poussant selon lui la société à "jeter le malade ou hâter la mort lorsqu’elle est en phase terminale". L’évêque de Rome a enfin évoqué le rejet des migrants qui souffrent également de cette mentalité : "Sur notre conscience pèsent les personnes qui se sont noyées en Méditerranée".