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Les trois règles de l’art de la dispute

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Jeanne Larghero - publié le 09/01/21 - mis à jour le 28/09/21
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L’évitement du conflit en famille est rarement une bonne solution. Dès lors, comment assumer la tension pour construire la paix ?

Faut-il fuir les disputes ? Vous savez, ces prises de bec qui ruinent les dîners de famille, ces petits règlements de compte entre amis qui effritent la relation, ces asticotages qui font ressembler la vie de couple à un jeu de fléchettes interminable, sans compter ces écharpages entre frères et sœurs qui font trembler tout l’immeuble... Il semblerait que oui : le climat de paix est un besoin fondamental de l’être humain.

Mais cependant il n’est ni souhaitable, ni possible d’éviter systématiquement l’affrontement. Parce que nous sommes de pauvres et merveilleux humains : doués d’une intelligence et d’une curiosité insatiables, d’une imagination prompte à se faire de bons comme de mauvais films, d’une volonté instable, à mi-chemin entre la girouette et le rouleau compresseur et surtout pourvus d’humeurs liées à la couleur du ciel ou à l’heure du dernier repas… C’est ainsi : les raisons d’entrer dans la dispute nous couleront dans les veines jusqu’au retour du Christ. Alors que faut-il faire ? Ne pas renoncer, mais apprendre l’art de la dispute, celle qui fera de nous de véritables artisans de paix, à qui est justement promis le Royaume des Cieux.

Règle numéro un : ne pas se tromper d’objectif

"Ce qui importe, ce n’est pas d’avoir raison, mais de chercher le vrai." Cette règle de sagesse, énoncée par la philosophe Jeanne Hersch en conclusion de son œuvre l’Étonnement philosophique (Gallimard), doit être l’horizon de toute controverse. Ne cherchons pas à avoir raison à tout prix, c’est le meilleur moyen de se braquer, de proférer des stupidités qui nous feront rougir après le retour au calme, et de mettre notre interlocuteur dans les mêmes dispositions : impasse assurée ! Chercher la vérité ! Voilà pourquoi on élimine de notre vocabulaire les « toujours » et les « jamais », les « je sais ce que tu vas dire » et autres « tu ne me feras pas changer d’avis ». Cette règle simple nous rétablit dans une attitude constructive : une dispute qui cherche à faire un gagnant et un perdant laissera deux pauvres mécontents d’eux-mêmes, un coupable et une victime, seuls et exténués. En revanche, le désir partagé de vérité est déjà une victoire sur le mal, il donne un horizon extérieur à la controverse, il tire vers le haut.

Règle numéro deux : avoir le sens du timing

Une vraie et bonne dispute se doit d’avoir un commencement et une fin. Un début qui ne se fera pas après 22h pour un couple, qui ne se fera pas non plus avant le petit-déjeuner, le déjeuner, le goûter ou le dîner avec vos enfants, bref, on n’annonce pas un « il faut qu’on se parle » à quelqu’un qui ne rêve que de manger ou d’aller se coucher. Et si le démon de la dispute intempestive vous chatouille, gardez à l’esprit le conseil de saint Paul aux Ephésiens (4, 26) : "Que le soleil ne se couche pas sur votre colère." Quels efforts cela implique-t-il ? Apprendre à clore sereinement une dispute : rien de pire qu’un climat permanent de dispute larvée. Être capable de serrer la main, prendre dans ses bras, donner une accolade, de dire « allez, viens ». Donner le signe qui montre qu’on passe à autre chose. Être celui qui donnera ce signe en premier. Faire la paix.

Règle numéro trois : bien choisir ses alliés

Contrairement à ce qui se pratique souvent, sachez que les bons alliés ne seront jamais ceux qui passent par là : ceux qui ont le malheur d’être à votre table, ou dans la voiture, et qu’il est tentant de prendre à partie pour jouer les arbitres. Bref, ne prenons pas pour habitude de régler nos différends en public. En revanche, regroupez autour de vous tous ceux qui, preuve à l’appui, sont de véritables artisans de paix. Invoquez la Sainte Vierge, et avant toute mise au point, priez « Marie qui défait les nœuds », et si le sujet est lourd la neuvaine ne sera sûrement pas de trop. Si l’ambiance familiale est lourde, invoquez la sœur Léonie Martin, sainte patronne des enfants difficiles et des parents désemparés, elle n’a jamais manqué d’inspirer les nombreux parents qui viennent à Caen, sur sa tombe, pour lui confier leurs enfants. 

Bref, le meilleur moyen de gagner la paix ne consiste pas à endormir notre combativité, mais à s’armer de bonne volonté.

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