Les fidèles de la paroisse saint Anthony, dans la banlieue d’Abuja, sont toujours sans nouvelles du père Matthew Dajo, enlevé il y a un peu plus d’une semaine par un groupe d’hommes armés. Au nord-est du pays, au moins 110 civils ont été tués ce samedi 28 novembre.Les négociations entre la police et les ravisseurs du père Matthew Dajo n’ont toujours pas abouties. Alors qu’il se trouvait dans son presbytère à Yangoji, une petite commune à proximité d’Abuja, la capitale, le curé de la paroisse saint Anthony a été sauvagement enlevé, le 22 novembre dernier. “Des hommes armés ont escaladé la clôture de la maison du prêtre, tandis que d’autres se sont positionnés à l’extérieur, avant d’entrer dans sa chambre et de le chasser”, a déclaré à CNA le père Kevin Oselumhense Anetor, résidant à Abuja. Le père Matthew n’est pas réapparu depuis.
D’après l’archevêque d’Abuja, Mgr Ignatius Kaigama d’Abuja, il se trouve toujours entre les mains de ses ravisseurs. “Mon prêtre à Abuja a été kidnappé et il est toujours en captivité. Merci de prier pour sa libération en toute sécurité, s’il vous plaît”, a-t-il déclaré, ce mercredi 25 novembre. “La semaine dernière, dans l’une de nos paroisses de l’archidiocèse d’Abuja derrière la maison paroissiale, cinq enfants des mêmes parents ont été kidnappés et le lendemain, une femme préparant son mariage à l’église a également été kidnappée. Ils n’ont pas été retrouvés”, a-t-il ajouté.
Au moins 110 bergers assassinés
Au Nigeria, les enlèvements, généralement menés par les islamistes de Boko Haram, sont devenus monnaie courante. Le cas des quatre séminaristes du diocèse de Kaduna, enlevés dans le nord du pays le 8 janvier dernier, avait beaucoup fait parler. L’un d’entre eux avait été tué par les ravisseurs. Depuis, plusieurs prêtres, femmes et enfants ont été kidnappés, sans être systématiquement libérés.
Si l’insurrection djihadiste qui dure depuis plus de dix ans est à l’origine de nombreux massacres, la lutte pour l’accès aux ressources naturelles a également fait flamber la criminalité. “Il s’agit plus d’un combat pour les ressources en terre et en eau, pour l’agriculture et le pâturage, etc, que d’un conflit religieux”, explique à l’Aide à l’Église en détresse le père Blaise Agwon, directeur du Centre pour le Dialogue, la Réconciliation et la Paix à Jos, capitale de l’État de Plateau, dans la région de la Ceinture Centrale du Nigeria.
Ce samedi 28 novembre, le dernier bilan des Nations Unies fait état d’au moins 110 morts dans le nord-est du pays, après une violente attaque contre des bergers qui travaillaient dans leurs champs. “Le gouvernement a donné et continue de donner tout le soutien nécessaire à l’armée pour qu’elle fasse tout son possible pour protéger la population de notre pays et son territoire”, a déclaré dimanche le président du Nigeria, Muhammadu Buhari. D’après le coordinateur humanitaire de l’ONU dans la région, Edward Kallon, il s’agit de “l’attaque la plus violente de l’année”.
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