Le maintien des limites imposées à la participation de la messe, sans aucun argument rationnel, témoigne surtout d’un manque de respect qui pourrait se révéler contreproductif.Nous aurions vraiment envie de comprendre. Après tout, Jean Castex, ce Premier ministre venu du Midi, avec son accent chantant et ses regards désemparés, nous lui faisions crédit. Nous pensions qu’à défaut de tout maîtriser — de nos jours qui pourrait prétendre tout maîtriser ? — au moins il respecterait les catholiques. Faute de maîtrise, au moins échapperions-nous au mépris.
Aucun argument
Il faut croire que nous attendions encore trop. Depuis sa toute première intervention en juillet, un peu hésitante et ponctuée de ces exaspérantes ritournelles sur les valeurs de la République, Jean Castex n’a pas cessé de nous décevoir. D’abord il a ignoré les catholiques qui voulaient lui expliquer que la vie de l’Église est pour eux essentielle. À présent il les insulte. Nous pensions qu’il n’était pas d’accord avec leurs analyses : nous découvrons qu’en réalité, leurs analyses ne l’intéressent pas. Il ne prend même pas la peine d’essayer d’argumenter, quand il s’agit de limiter les libertés religieuses.
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Le Président de la République, dans un discours trop long, encombré de propos sur des questions qui relevaient plutôt des compétences d’un préfet de département, avait annoncé lui-même que la messe serait désormais autorisée dans la limite de trente fidèles. Pourquoi trente fidèles ? Mystère. Aucun motif sanitaire, aucun motif de sûreté publique, aucun argument de bon sens ne permet de comprendre pourquoi on fixe ce chiffre de trente fidèles. Trente fidèles, c’est trop dans une chapelle de 100 mètres carrés ; mais dans une cathédrale de 2.000 mètres carrés (ce qui est la superficie moyenne de nos cathédrales), cela n’a aucun sens. On peut faire entrer 500 fidèles dans une cathédrale dans des conditions de distanciation physique bien plus exigeantes que celle qui sont demandées et pratiquées dans les grandes surfaces. Cependant Jean Castex, naufragé dans une sorte d’autisme méridional, réitère la règle fixée par son supérieur.
Aucun respect
Nous avons fini par comprendre : le gouvernement limite la pratique de la messe d’une manière arbitraire pour cette seule raison que la messe, l’Église, les croyances en général, nos pauvres convictions, nos espérances, notre amour de Dieu, l’essentiel de nos vies, la République n’en a rien à faire.
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Il ne faut pas sous-estimer le fossé que le pouvoir du moment creuse depuis quelques mois entre lui et la France des paroisses, qui est aussi la France des familles, des contribuables dociles, des républicains loyaux, des travailleurs sociaux et des dévouements associatifs. On pourrait suggérer au Premier ministre de relire notre Constitution. Non pas tout le texte — il est un peu long et son temps est compté. Qu’il s’en tienne à la lecture de son article premier : « La France respecte toutes les croyances. » Respectez les catholiques, Monsieur le Premier ministre. À force de ne montrer aucun respect pour les croyants, votre pouvoir s’expose à des déboires dont il n’a guère idée.