Alors que le gouvernement a décidé de maintenir la jauge de 30 personnes pour la reprise des messes ce week-end, de nombreux évêques ont d’ores et déjà indiqué qu’ils ne compteraient pas les fidèles présents dans leurs églises pour assister aux offices.“Quand l’Église est au service des plus pauvres, elle ne fait pas le tri. Elle ne le fera pas non plus pour l’accueil des fidèles”. C’est avec ces mots que Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, a annoncé qu’il ne demanderait pas à ses prêtres de respecter la limite de 30 personnes imposée par le gouvernement pour la reprise des messes mais à respecter un taux de remplissage du lieu afin de respecter les règles sanitaires. La jauge fixe annoncée par le gouvernement relève, selon lui, de l’absurde. Même en multipliant les messes, les églises d’une ville comme Paris, qui accueillent des centaines de personnes chaque week-end, ne pourraient permettre à tous d’assister aux offices. “Cette mesure demanderait à chaque curé d’établir des critères pour “choisir” les personnes susceptibles d’assister aux messes”, s’insurge encore l’archevêque de Paris. “En limitant à 30 personnes, surtout dans les grandes villes, c’est intenable”, assure de son côté à Aleteia l’évêque de Gap et Embrun, Mgr Xavier Malle.
“Une chose est sûre : je ne dirai pas à mes prêtres de compter. Si le gouvernement veut le faire, qu’il aille compter lui-même dans chaque cathédrale, église et chapelle”. “Je demande à messieurs les curés de ne pas s’ériger en “comptables” de leurs assemblées dominicales et donc de ne pas rejeter si tel était le cas, la 31e personne et les suivantes qui se présenteraient”, confirme l’évêque de Perpignan, Mgr Norbert Turini. “J’en prends l’entière responsabilité et si cela s’avère nécessaire j’en répondrai personnellement devant les pouvoirs publics”. Un comptage qui interroge aussi l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun : “Quel ministre a réfléchi à ce que doit dire et faire un prêtre quand le 31ème fidèle se présente à l’église ? Que signifierait une messe sur réservation ?”.
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Une mesure “irréaliste” car “inapplicable dans la plupart des lieux de culte”, abonde l’évêque de Pontoise, Mgr Stanislas Lalanne, dans une lettre qu’il a adressée aux prêtres de son diocèse. Ne pouvant leur demander d’effectuer une telle discrimination entre les fidèles, il appelle les prêtres à multiplier les messes et à “limiter le remplissage de son église sans pour autant laisser qui que ce soit à la porte”. Même son de cloche dans les Yvelines où Mgr Éric Aumonier, évêque de Versailles, a indiqué faire confiance aux prêtres pour apprécier la situation de leur paroisse. Ces derniers sont invités à “continuer à faire respecter rigoureusement les distances et les gestes – barrière et à accueillir les fidèles à raison de 4m² par personne selon le protocole sanitaire proposé par la Conférence des Évêques de France, c’est-à-dire un tiers de la capacité habituelle d’accueil des églises.”
Plus laconique mais non moins déterminé, Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse en appelle “au sens de la responsabilité des prêtres et des fidèles pour maintenir au mieux les règles sanitaires dans ce cadre inapplicable”. Jugeant lui aussi la jauge de 30 personnes impossible à mettre en œuvre, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, estime qu'”il faudra en assumer toutes les conséquences pour permettre aux fidèles qui le désirent de participer librement et sereinement à la messe, avec les précautions sanitaires prévues”. “Les prêtres n’ont pas à compter les fidèles dans le but d’en exclure, sous peine d’une grave discrimination contraire à l’affectation légale au culte des églises et contraire à la foi catholique”, conclut Mgr Pierre d’Ornellas, l’archevêque de Rennes. “Ils accueilleront donc les fidèles qui viendront, en leur demandant le strict respect des gestes barrières”.
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