Le fantasque footballeur argentin Diego Maradona s’est éteint ce mercredi 25 novembre, à l’âge de 60 ans. S’il a souvent été critique – voire irrévérencieux – vis-à-vis de l’Église catholique, le “mauvais garçon” du football avait récemment retrouvé sa foi, notamment après l’élection du pape François.Le pape François “repense avec affection aux occasions de rencontres de ces dernières années et se souvient de lui dans la prière, comme il l’avait fait ces derniers jours depuis qu’il avait appris son état de santé”, a déclaré ce jeudi 26 novembre le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège Matteo Bruni, suite à la mort du footballeur argentin Diego Maradona.
Avec Lionel Messi, le pape François et Diego Maradona sont probablement les Argentins les plus célèbres du monde. Depuis son élection sur le trône de saint Pierre en 2013, l’ancien archevêque de Buenos Aires entretient une relation d’autant plus forte avec Maradona, qu’elle s’inscrit dans une véritable admiration réciproque.
Au cours de son passage dans le club de Naples entre 1984 et 1991 – période pendant laquelle il a laissé un souvenir quasi-légendaire aux amoureux du foot campanien – le footballeur s’était rendu au Vatican. Une visite dont il aurait gardé un souvenir amer, et qui l’aurait pour longtemps éloigné de l’Église.
En 2017, l’enfant des bidonvilles de Buenos Aires a en effet rapporté avoir été écœuré par “l’or” exposé partout dans la Cité vaticane, quand “beaucoup d’enfants en Afrique meurent de fièvre”. Connu pour son franc-parler, la légende argentine avait aussi raillé ces cardinaux qui “gagnaient comme s’ils jouaient à l’Inter ou à Naples”. Une honte pour celui qui avait connu la misère et la faim pendant toute sa jeunesse.
L’arrivée du pape François l’avait rapproché de l’Église
Cependant, l’arrivée du pape François à Rome en 2013 a tout changé pour lui : “Je me suis éloigné de l’Église parce que je pensais qu’elle ne faisait pas assez pour les nécessiteux, mais avec François, c’est différent”, déclarait-il en 2014 au site anglophone Crux. Un changement et un signe d’espoir, assurait-il encore en 2017 : “Si un Argentin peut gagner deux championnats et une Coupe de l’UEFA à Naples, [le pape François] peut lui aussi faire du bien à l’Église car il est un Argentin de plus”.
Le Souverain pontife, grand amateur de football, appréciait grandement le bad boy du football national, quand bien même il avait fait les grandes heures des Newell’s Old Boys ou de Boca Junior, les clubs concurrents de son club de cœur, San Lorenzo. Cette passion n’est pas une façade chez le pontife : dans son livre-confession Un temps pour changer, il a raconté que le fait de n’avoir pu partager la victoire de son équipe nationale en 1986, menée par un éblouissant Maradona, parce qu’il était en Allemagne, était un des trois plus grands moments de solitude de son existence.
Deux rencontres avec le pape François
Pour le pontife comme pour le “gamin en or”, le football est une affaire de cœur et de peuple. Ce sont d’ailleurs ces deux dimensions qui les ont rassemblés à Rome en 2014, lors de l’organisation d’un match interreligieux pour la paix au Stade Olympique de Rome. Le joueur argentin avait été le capitaine de l’équipe du chef de l’Église catholique, portant les couleurs de son organisation Scholas Occurentes (lancée par le pontife alors qu’il était archevêque de Buenos Aires).
“Le premier fan de François, c’est moi !”
Lors de cette rencontre très chaleureuse, le footballeur n’avait rien perdu de sa morgue irrévérencieuse : “Aujourd’hui, deux puissances ont été réunies, la main de Dieu et celle du Pape”, faisant malicieusement référence à la “main” avec laquelle il avait marqué lors d’un inoubliable match de la Coupe du monde 1986. Mais s’était aussitôt ravisé : “Le pape François est bien plus que Maradona. Il est la véritable star exceptionnelle”. Lors de sa seconde visite en 2016, il avait surpris les journalistes en déclarant : “Le premier fan de François, c’est moi !”
Lors d’une audience privée avant ce match de gala, les deux hommes avaient cette fois-ci évoqué “ces enfants qui partout dans le monde n’ont rien à manger”. Une réalité qui les ramenaient sans doute tous les deux à leur enfance, cette vie d’avant où ils se côtoyaient sans le savoir dans les bas-fonds de Buenos Aires.
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