Le chef de l’État a annoncé ce mardi 24 novembre que les célébrations publiques seraient de nouveau autorisées à partir de samedi “dans la stricte limite de 30 personnes”. Une jauge que de nombreux fidèles, prêtres et évêques ne comprennent pas.“J’ai mal entendu”, “Ça ne va pas être possible”, “C’est absurde”, “Ridicule”… Dans la foulée des annonces d’Emmanuel Macron ce mardi 24 novembre, les réactions se sont enchaînées sur les réseaux sociaux. Pour de nombreux catholiques, dont plusieurs évêques, la jauge fixée à 30 personnes n’a pas de sens.
“30 personnes dans ma cathédrale, c’est ridicule et absurde. Elle fait 96 m de long et 25 m de large (transept 40m) sur 30 m de hauteur. Total = 2500 m² : avec 4 m² par personne, on peut mettre 600 personnes ! Il faut apprendre à compter !” a réagi photo à l’appui Mgr François Touvet, évêque de Châlons (Marne).
30 personnes dans ma cathédrale, c’est ridicule et absurde. Elle fait 96 m de long et 25 m de large (transept 40m) sur 30 m de hauteur. Total = 2500 m² : avec 4 m² par personne, on peut mettre 600 personnes ! Il faut apprendre à compter ! pic.twitter.com/ZjTr86PvED
— MgrTouvet (@MgrTouvet) November 24, 2020
Même son de cloche chez Mgr Xavier Malle, évêque de Gap et d’Embrun, qui s’est fendu d’une série de tweets. “J’ai bien entendu ? 30 personnes !!!!!!!!!!!!!!! Sur la forme : le président Macron a expédié le déconfinement des cultes en quelques secondes, même pas repris dans l’infographie, avec seulement un chiffre ! Reprenant simplement le chiffre de 30 personnes pour les sépultures”, a-t-il notamment déclaré.
J'ai bien entendu ? 30 personnes !!!!!!!!!!!!!!!
Sur la forme : le président Macron a expédié le déconfinement des cultes en quelques secondes, même pas repris dans l'infographie, avec seulement un chiffre ! Reprenant simplement le chiffre de 30 personnes pour les sépultures.— Mgr Xavier MALLE (@MgrXavierMALLE) November 24, 2020
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Les évêques fustigent une décision “irréaliste” et “inapplicable”
A l’image de l’abbé Amar, prêtre du diocèse de Versailles, la communauté catholique regrette que le gouvernement n’ait pas pris la peine de fixer une jauge de remplissage, en fonction de la capacité d’accueil des différents édifices. “Peut-on expliquer à ceux qui nous gouvernent la différence entre un oratoire, une chapelle, une église, une basilique, une cathédrale ?” En effet, nombreuses sont les églises qui peuvent accueillir au minimum 200 personnes…
30 personnes… absurde ! Peut-on expliquer à ceux qui nous gouvernent la différence entre un oratoire, une chapelle, une église, une basilique, une cathédrale ? pic.twitter.com/vSxNu4em49
— Abbé Pierre Amar (@abbeamar) November 24, 2020
“Si Emmanuel Macron voulait nous humilier, il ne s’y prendrait pas autrement”, a réagi à ce titre l’abbé Simon d’Artigues, curé de la cathédrale de Toulouse.
30 personnes à la #messe, je crois que si @EmmanuelMacron voulait nous humilier il ne s'y prendrait pas autrement #macron20h
— Abbé Simon d'Artigue (@simondartigue) November 24, 2020
D’autres, comme le père David Lerouge, préfèrent rire jaune… “30, c’est en comptant Jésus ?” interroge-t-il ? Le père Jean-Baptiste Nadler tente pour sa part de déterminer non sans ironie les critères à prendre en compte pour choisir les fidèles qui pourraient assister à la messe : “Les critères de Jésus : les pauvres, les enfants et les prostituées en priorité…. J’oubliais les collecteurs d’impôt.”
https://twitter.com/dlerouge/status/1331320685919170565
30 personnes par messe. Il n'y en aura pas pour tout le monde. Alors, selon quels critères choisir ? Les critères de Jésus : les pauvres, les enfants et les prostituées en priorité. #RendezNousLaMesse
— Père JB Nadler (@perenadler) November 24, 2020
Ridicule! Pathétique ! https://t.co/cALQD46bOg
— Marie de Hennezel (@mdehennezel) November 24, 2020
Dans un communiqué adressé dans la soirée, la Conférence des évêques de France (CEF) s’est dit “à la fois déçue et surprise par l’annonce faite ce soir par le président de la République concernant le nombre de 30 personnes autorisées dans le cadre de l’exercice public du culte à partir du 29 novembre. Cette annonce n’est pas du tout conforme aux discussions qui ont eu lieu ces dernières semaines avec les ministres concernés.”
Avec des représentants d’autres confessions chrétiennes, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la CEF, a immédiatement demandé au chef de l’État “que soit révisée cette mesure” qui est selon elle non seulement “irréaliste et inapplicable” mais aussi “tout à fait irrespectueuse de la réalité de la pratique religieuse des catholiques.”