Lors d’un rassemblement organisé par la Commission Justice et Paix le 19 novembre 2020 à Karachi (Pakistan), le cardinal Joseph Coutts a demandé à ce que la question des conversions et des mariages forcés soit réglée sur la base des droits de l’homme.“Nous sommes citoyens pakistanais et la loi est la même pour tous les citoyens pakistanais ; il incombe à l’État d’assurer la justice à ses citoyens”. Le cardinal Joseph Coutts, archevêque de Karachi, a pris la parole le 19 novembre 2020 au cours d’une réunion à la cathédrale Saint-Patrick de Karachi organisée par la Commission Justice et Paix de l’Église locale. Celle-ci rassemblait des catholiques, des protestants, mais aussi des personnes d’autres religions, ainsi que des militants des droits de l’homme et des défenseurs des minorités, rapporte l’agence Fides. “La question des enlèvements, des conversions forcées et des mariages forcés doit être réglée sur la base des droits de l’homme fondamentaux, plutôt que d’en faire une question religieuse”, a-t-il poursuivi, revenant sur le cas d’Arzoo Raja. Libérée le 2 novembre dernier, cette jeune chrétienne de 13 ans avait été forcée d’abandonner sa foi, de se convertir à l’islam et d’épouser son ravisseur musulman de 44 ans. “Il incombe à l’État d’assurer la protection, de garantir la justice à chaque citoyen, sans distinction de croyance, de culture, d’ethnie et de classe sociale”, a encore noté le prélat catholique.
Éviter les “rumeurs inutiles”
“J’apprécie tous nos frères et sœurs chrétiens qui se sont engagés à traiter et résoudre ces cas d’enlèvement, de conversion forcée et de mariage de filles mineures ; j’apprécie également le rôle des membres de la société civile et leur soutien pour rendre justice aux jeunes filles et à leurs familles”, a souligné Mgr Joseph Coutts. “Il existe des lois qui reconnaissent et punissent ces crimes. Les coupables doivent être punis selon la loi du pays : kidnapper quelqu’un, forcer une personne à se marier ou à changer de religion est un crime punissable selon les lois en vigueur”.
En juillet, la Commission Justice et Paix s’inquiétait de la croissance de l’intolérance religieuse et de la discrimination au cours des derniers mois “Nous devons poursuivre nos efforts et travailler dans l’unité, mais en même temps nous devons éviter de répandre des rumeurs inutiles et de fausses nouvelles sur des cas d’enlèvements, de conversions forcées et de mariages”, a pour sa part nuancé le père Saleh Diego, directeur de la commission et vicaire général de l’archidiocèse de Karachi, qui a mis en garde contre les rumeurs non confirmées qui peuvent causer des problèmes dans des situations qui sont elles bien réelles. “Nous apprécions tous ceux qui ont fait entendre leur voix sur les réseaux sociaux, mais nous espérons que ces problèmes ne seront pas mis en avant comme des problèmes religieux”, a-t-il ajouté. “Tout d’abord, nous sommes des citoyens pakistanais et, deuxièmement, nous sommes une minorité religieuse du Pakistan. Nous devons soutenir les responsables de l’État, les forces de sécurité et le pouvoir judiciaire pour qu’ils appliquent la loi et garantissent les droits de tous”.
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