Le 15 novembre est la journée où, chaque année, est célébrée la fête du Roi en Belgique. Cette fête a été instituée en 1866, un an après la montée sur le trône du roi Léopold II parce que le 15 novembre est, dans le calendrier liturgique germanique, le jour de la saint Léopold, margrave d'Autriche mort en 1136 et vénéré comme un monarque juste et généreux. Trois rois des Belges ont porté ce prénom.
Des rois et des saints
Sous le règne du roi Albert Ier, la date de la fête du Roi a été reportée au 26 novembre, jour de la saint Albert, en l'occurrence Albert de Haigerloch, bienheureux de la famille des Hohenzollern, moine et curé en Bavière mort en 1113. Il aurait pu, somme toute, paraître plus logique de fixer alors la fête du Roi au 24 novembre puisqu'elle correspond à la fête d'Albert de Louvain, évêque de Liège mort en 1192. Ce serait oublier que la mère du roi Albert était née Marie de Hohenzollern-Sigmaringen.
Par un curieux hasard du destin, elle mourut un 26 novembre, en 1912. Le roi, ne voulant pas associer la fête qui lui était rendue au souvenir de sa mère décédée, rétablit la date du 15 novembre pour au moins jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Finalement, la date du 15 novembre s'est imposée et le roi Baudouin l'a définitivement retenue en 1952.
De fait, cette date a beaucoup de sens pour la dynastie belge qui, outre trois Léopold, a compté deux Albert, puisque, avant d'être la fête de saint Léopold dans le calendrier germanique, le 15 novembre est d'abord celle, dans le calendrier liturgique universel, de saint Albert de Bollstadt. Plus connu sous le nom du docteur de l’Église, Albert le Grand, il fut un éminent frère dominicain réunissant les qualités de théologien, philosophe, naturaliste et chimiste. Cet évêque de Ratisbonne, mort à Cologne en 1280, fut notamment le maître de saint Thomas d'Aquin. D'ailleurs, sous la régence du prince Charles, après la Seconde Guerre mondiale, la fête s'est appelée Fête de la Dynastie. Ce nom est encore parfois utilisé dans le langage courant, même s'il ne correspond plus à la dénomination officielle.
Un Te Deum
Comment se déroule la fête du Roi en Belgique ? Elle se traduit, d'abord, par un Te Deum célébré en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles auquel assistent le roi et sa famille. Ensuite, depuis 2000, dans le climat de laïcisation auquel n'échappe pas la Belgique, elle est complétée par un hommage des autorités civiles rendu dans le Palais de la Nation, bâtiment néo-classique qui abrite aujourd'hui le Parlement fédéral, mais auquel le Roi ne participe pas.
Le 15 novembre est également, en Belgique, la fête de la Communauté germanophone. Il s'agit certainement de la minorité linguistique la mieux protégée au monde. Située dans les cantons de l'Est ôtés à l'Allemagne en 1919 et pour cette raison appelée aussi communément Ostbelgien, ses 78.000 habitants disposent de leurs propres gouvernement et parlement.
La Belgique n'est pas la seule monarchie à avoir sa fête du Roi. C'est le cas notamment de son voisin du Nord, les Pays-Bas. La Fête du Roi y a été instituée en 1885. Toutefois, sa date n'a cessé de fluctuer en fonction de celle, non de la "fête" qui n'est pas célébrée en pays protestant mais de l'anniversaire du souverain régnant. Elle est actuellement fixée au 27 avril, date de l'avènement du roi Willem-Alexander en 2013. À la différence de sa riveraine du Sud, la journée se veut festive avec des manifestations joyeuses pour lesquelles la population s'habille en orange, couleur de la dynastie. Il n'y a pas que de part et d'autre des Pyrénées que "vérité en deçà, erreur au-delà".