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Centenaire du Soldat inconnu : Heureux les humbles !

La flamme sur la tombe du soldat inconnu, le 19 mars 2012 à Paris.

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Général Bruno Dary - publié le 10/11/20
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En ce 11 novembre 2020, un hommage particulier doit être rendu au Soldat inconnu, car, voici un siècle exactement sa dépouille était acheminée de Verdun à Paris.La dépouille du Soldat inconnu a été choisie il y a un siècle, les 10 et 11 novembre 1920, parmi celles de huit soldats, récupérés sur huit champs de bataille différents, où le sang français avait été largement versé, comme la Somme, la Marne, Verdun… Dans ce choix, il fallait s’assurer à la fois de l’incapacité d’identifier le corps, mais, en même temps, que le corps choisi était bien celui d’un soldat français !

Une photo est restée célèbre, où l’on voit un jeune soldat du 132e régiment d’Infanterie, Auguste Thin, à la fois ancien combattant et orphelin d’un père tué pendant la guerre, choisir le 6e cercueil, sous le regard d’André Maginot, alors ministre des Pensions !

Mais si son identité est restée volontairement inconnue, ce soldat français présente pourtant une qualité essentielle, qualité qui a d’ailleurs guidé le haut commandement à procéder à ce choix. Il faisait partie des combattants de la première ligne, de tous ces soldats, qui durant quatre années, ont lutté pied à pied pour défendre chaque arpent de la terre de France, résister pied à pied, tout le temps et par tous les temps ! Comme l’a écrit magnifiquement Maurice Genevoix, qui est mis à l’honneur à l’occasion de ce centenaire avec son entrée au Panthéon : “Ce que nous avons fait, c’est plus qu’on ne pouvait demander à des hommes, et pourtant, nous l’avons fait !”. Mais être en première ligne, cela sous-entendait aussi, quand l’ordre en était donné, de sortir de sa tranchée et de monter à l’assaut, jusqu’au jour où la mort est venue le frapper… En fin de compte, il est mort pour avoir exécuté un ordre reçu… et cet ordre, c’était tout simplement “En avant !”



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Il faisait ainsi partie de cette marée humaine des soldats de la première ligne qui ont résisté, en respectant la consigne : “Ils ne passeront pas !” Et c’est grâce à tous ces petits, ces humbles, ces sans-grade, ces anonymes, ces soldats qui ont souffert, en silence, dans leur corps et leur âme que la victoire a été rendue possible.

En ce 11 novembre, la France rend ainsi hommage à ce soldat inconnu, inhumé depuis un siècle au pied de l’Arche immense ; à travers lui et comme toujours, elle rend également hommage à tous les soldats qui sont morts au cours de la Première Guerre mondiale, comme à ceux qui ont sacrifié leur vie dans les guerres qui ont suivi et dans les opérations extérieures.

Leur vie n’a pas été perdue, elle a été donnée !

Aujourd’hui, ce sacrifice de quelque 1,4 million d’hommes, jeunes pour la plupart, nous semble incompréhensible à notre regard de citoyen du XXIe siècle, vivant dans un pays dont ni le sol, ni la population n’ont connu de conflit depuis plus de 80 ans.  Pourtant, ils ne sont pas morts pour rien, puisque, par leur engagement, ils nous permettent encore aujourd’hui de vivre libres dans un pays en paix, et ce, malgré la menace sous-jacente de l’Islam radical… Leur vie n’a pas été perdue, elle a été donnée !

Depuis vendredi dernier, une exposition de photos est visible dans les douves des Invalides et retrace l’épopée du “Soldat inconnu”, depuis son choix en 1920, jusqu’à l’hommage international, qui lui a été rendu le 11 novembre 2018, avec la présence de 72 chefs d’État et de gouvernements. Parmi ces photos, l’une des plus émouvantes restera sans doute, celle où l’on voit une femme avec un enfant dans les bras venir déposer une fleur sur la tombe ! Il ne faut pas oublier, en effet, que près de la moitié des soldats morts durant la Grande Guerre n’ont pu être inhumés, faute d’avoir pu être identifiés, ce qui explique beaucoup de tombes anonymes dans les grands carrées militaires de l’Est de la France et surtout les ossuaires gigantesques comme celui de Douaumont.

Avec la tombe du “Soldat Inconnu”, chaque famille a enfin pu identifier un fils, un mari, un frère ou un père, et venir se recueillir, prier ou pleurer en pensant à lui et répéter avec Péguy :

Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fut dans une juste guerre…

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