Alors que le Conseil d’Etat a confirmé la suspension des messes publiques au moins jusqu’au lundi 16 novembre, de nombreuses questions se posent sur les conditions d’exercice du culte catholique. Messe, communion, célébration de la Parole, confession… Aleteia fait le point sur qui est possible… ou pas.
ALLER À LA MESSE ?NON
Le décret publié le 29 octobre interdit aux fidèles d’assister à la messe à l’intérieur des lieux de culte, à l’exception des enterrements : “Tout rassemblement ou réunion en leur sein est interdit à l’exception des cérémonies funéraires dans la limite de 30 personnes”. Malgré le recours déposé par plusieurs évêques et associations catholiques, le Conseil d’État a confirmé la suspension des messes publiques, ce samedi 7 novembre relevant “que la circulation du virus sur le territoire métropolitain s’est fortement amplifiée au cours des dernières semaines malgré les mesures déjà prises, et que les motifs de rassemblement autres que scolaires et professionnels ont par conséquent dû être limités”. Notez bien que les prêtres peuvent naturellement de célébrer la messe privément pendant le confinement. Ce que le décret interdit, ce sont les rassemblements à l’intérieur des lieux de culte. “Que chacun obéisse aux autorités”, demandent les évêques, mettant en exergue la parole de saint Paul (Romains 13, 1).
FAIRE UNE célébration chez moiOUI
Tant que les messes publiques sont interdites, les célébrations de la Parole, notamment à la maison, sont vivement encouragées par l’Église. Cette célébration requiert néanmoins la présence de deux personnes. Dans l’Évangile selon saint Matthieu, Jésus dit : “Là où deux ou trois font assemblée en mon Nom, je suis là au-milieu d’eux” (Mt 18, 20). “Fais de ta maison une Église”, précise le Catéchisme de l’Église Catholique. C’est dans cet esprit que Aleteia propose depuis le premier confinement du printemps une célébration de la Parole adaptée à chaque dimanche. Bien entendu, ces célébrations domestiques ne sauraient remplacer la participation à la messe les dimanches et fêtes, dès que celle-ci sera de nouveau possible.
Regarder la messe à la tvÉventuellement
Lorsque cela est possible, l’Église recommande plutôt de suivre une célébration de la Parole. “Ce que l’on voit [à la télévision] ou sur son ordinateur (en ce moment, beaucoup de prêtres filment les messes qu’ils célèbrent en privé), même en direct, n’est PAS la réalité : c’est une IMAGE de la réalité”, précise à ce titre l’abbé Pierre Amar dans Aleteia. Cependant, pour les personnes seules, malades ou âgées, la messe à la télévision est une consolation très précieuse. Pendant la célébration, ils sont invités à être de cœur et d’esprit en Église.
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Prier dans une égliseOUI
“Les établissements de culte (…) sont autorisés à rester ouverts”, indique le décret. Il est possible de se rendre à l’église “pour y exercer le culte à titre individuel”, précise le Conseil d’État. L’Église encourage les fidèles à saisir pleinement cette opportunité et à s’y rendre pour y passer un bref temps de prière personnelle. Attention, cependant, à ne créer aucun regroupement à l’intérieur de l’église.
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Recevoir la communionOUI
L’Eglise prévoit un rite bref afin de recevoir l’eucharistie en dehors de la messe lorsque les circonstances ne permettent pas une vraie célébration communautaire. Les fidèles peuvent par exemple suivre la célébration de la Parole chez eux, et prendre rendez-vous avec le prêtre de leur paroisse pour recevoir l’Eucharistie à l’église. Dans tous les cas, les prêtres ne sont pas des distributeurs d’hosties, et les ceux qui souhaitent ardemment communier doivent s’y préparer. Pour les personnes qui ne peuvent objectivement pas se déplacer en raison de leur âge ou de leur santé, l’Eglise encourage bien sûr les prêtres à porter la communion à leur domicile.
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Se confesserOUI
L’Église invite les prêtres à se tenir largement dans les églises, pour offrir notamment accueil, écoute, et possibilité de se confesser. “Toute personne de 11 ans ou plus qui accède ou demeure dans ces établissements porte un masque de protection”, précise le décret du 29 octobre.
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Avoir une messe à domicileoui, mais
Aucune disposition n’interdit les prêtres à se déplacer chez les fidèles pour célébrer la messe chez eux. Lors de leur déplacement, les prêtres sont invités à cocher la case “déplacement professionnel” sur leur attestation. Cependant, certains évêques appellent les prêtres à ne pas célébrer la messe chez les fidèles. “Par souci de loyauté vis-à-vis des consignes gouvernementales, comme d’unité dans nos communautés”, recommande ainsi Mgr Aumônier, évêque de Versailles.
Aller à une messe publique en extérieurDISCUTABLE
Plusieurs juristes chrétiens se sont penchés sur la possibilité de célébrer la messe en extérieur. Dans le décret, rien n’interdit le culte : seuls les rassemblements et réunions au sein des édifices du culte sont interdits. Dès lors, “il est possible de déclarer, dans le strict respect des mesures d’hygiène imposées, une manifestation du culte sur la voie publique”, estiment-ils, sous couvert d’anonymat. Néanmoins, le code de la sécurité intérieure désigne cela comme des “manifestations revendicatives”. “Il peut être envisagé, pour “assurer le coup”, de déclarer une telle “manifestation revendicative”, c’est-à-dire une manifestation de défense de la liberté de culte, à l’occasion de laquelle une messe pourrait être célébrée. On peut alors prévoir quelques pancartes ou une banderole exprimant la revendication, et pour le reste la manifestation peut parfaitement être silencieuse, recueillie et priante”, estiment les juristes. Quoiqu’il en soit, lors de ces rassemblements, il importe de respecter strictement les gestes barrières, à savoir le port du masque et le respect des distanciations sociales.
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