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Blasphème, pédophilie, Haut-Karabagh…, les six positions tenues par les évêques de France

CEF

Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, 2017.

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Mathilde de Robien - publié le 08/11/20
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Tenue en visioconférence du 2 au 8 novembre, l’assemblée plénière des évêques de France n’en fut pas moins intense. Voici les six importantes avancées à retenir.Habituellement, les évêques se rendent à Lourdes pour leur assemblée plénière. Confinement oblige, elle s’est déroulée cette année par visio-conférences. Une réunion par écrans interposés qui ne les a pas empêchés « de discuter, de faire entendre leurs divergences d’appréciation, de confronter leurs réflexions, sans crainte, parce qu’ils se savent unis par plus grand qu’eux », a souligné le président de la Conférence des évêques, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, dans son discours de clôture ce dimanche 8 novembre. A défaut de célébrer la messe ensemble, les évêques se sont unis chaque jour par le chapelet prié à la grotte de Lourdes. Une communion spirituelle d’autant plus nécessaire au vu des nombreux et parfois épineux sujets abordés durant ces cinq jours.

Blasphème et caricatures

dessin caricature

Camera Nation – shutterstock

La Conférence des évêques de France réunie en plénière a publié samedi 7 novembre un communiqué intitulé « Pas de vraie liberté sans respect et sans fraternité », évoquant le sujet sensible des caricatures visant les religions. Une fois n’est pas coutume, les évêques ne sont pas adressés uniquement aux croyants mais à « tous leurs compatriotes ». Condamnant sans réserve les crimes commis ces derniers jours par des terroristes islamistes, ils exhortent aussi à davantage de respect et de fraternité : « Et si nous commencions par le respect et la fraternité ? ». « La liberté doit être défendue, sans faiblesse », continuent les évêques. « Est-ce à dire que la liberté d’expression ne doit connaître aucune retenue vis-à-vis d’autrui et ignorer la nécessité du débat et du dialogue ? » Et de souligner que « les croyants, comme tous les citoyens, peuvent être blessés par des injures, des railleries et aussi par des caricatures offensantes. » Ils convoquent ainsi saint Paul, qui, dans sa lettre aux Corinthiens déclare : “Tout est permis, dit-on, mais je dis : « Tout n’est pas bon. » « Tout est permis », mais tout n’est pas constructif. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui” (1 Cor 10, 23-24). « La liberté grandit quand elle va de pair avec la fraternité », telle est la profonde conviction des évêques français.


manifestation
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La liberté d’expression est-elle sans limite ?

Lutte contre la pédophilie

Près d’une journée entière a été consacrée au travail sur la lutte contre la pédophilie dans l’Église. Les évêques ont notamment pris connaissance d’un troisième rapport établi à partir d’une enquête menée dans tous les diocèses. L’occasion de retracer les étapes de la lutte contre la pédophilie depuis 2016, et d’en investir toutes les dimensions : prévention, accompagnement des prêtres coupables d’abus, aspect financier et travail de mémoire. Soucieux d’accélérer la réflexion, les évêques ont voté en faveur d’une assemblée plénière extraordinaire qui se déroulera du 22 au 24 février 2021 prochains. « Ce rendez-vous permettra d’approfondir les questions théologiques liées aux abus, la responsabilité de l’Église et les implications pastorales », a indiqué le père Hugues de Woillemont, secrétaire général et porte-parole de la CEF, lors d’une conférence de presse, samedi 7 novembre.

VATICAN SEX ABUSE

Vincenzo PINTO / POOL / AFP
Le pape François lors du sommet sur les abus sexuels, février 2019.

 

Autres objectifs que se sont fixés les évêques : intégrer la reconnaissance de la souffrance des personnes victimes, et obtenir l’investissement de l’ensemble des fidèles catholiques : « Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu », avait spécifié le pape François dans sa Lettre au Peuple de Dieu en août 2018. Une prochaine étape sera le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église (C.I.A.S.E.) qui sera remis à l’automne 2021. Il permettra de mieux comprendre ce qui s’est passé dans l’Église au cours des dernières décennies et de poursuivre la mise en œuvre des mesures nécessaires pour lutter contre le fléau de la pédocriminalité.

Solidarité avec les habitants du Haut-Karabagh

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Mikhail Voskresenskiy / Sputnik / Sputnik via AFP
Des habitants passant à côté de ruines à Ganja (Azerbaïdjan), le 20 octobre 2020.

Les évêques ont exprimé à Mgr Elie Yeghiayan, évêque des Arméniens catholiques de France, leur profonde solidarité avec les habitants du Haut-Karabagh. Ceux-ci, arméniens dans leur immense majorité, subissent en effet les conséquences du conflit avec l’Azerbaïdjan qui a repris depuis le 27 septembre. « Ni le peuple arménien, ni le peuple azéri, déjà en lutte contre la pandémie de la Covid-19, n’ont rien à gagner à la reprise d’une guerre », déplorent les évêques français. « Déjà, trop de combats et de bombardements ont provoqué des morts, militaires et civils, des dégâts considérables dans les villes et les villages ». Ils exhortent les chefs d’États des États-Unis, de la Russie et de la France, à réagir « avec fermeté pour l’arrêt des combats et en faveur de toutes mesures propres à régler ce conflit définitivement ». Ils invitent également les paroisses à « prier pour que les responsables politiques décident d’un cessez-le-feu ». Une prière qui pourrait être portée dans les intentions de la neuvaine préparatoire à la fête de l’Immaculée Conception.

Finances de l’Eglise de France

panier de quête

Pascal Deloche / Godong

Les évêques ont pris connaissance de l’état des finances et des perspectives de l’ensemble des diocèses ainsi que de la CEF. La baisse tendancielle des ressources, constatée depuis plusieurs années, s’accentue en 2020, aggravée par la crise sanitaire. Il est à craindre que l’Église connaitra un manque à gagner d’au moins 80 millions d’euros en raison du manque de ressources issues des paroisses (quête, offrandes de messe, casuels). Les évêques ont relevé l’urgence de travailler davantage à la solidarité entre diocèses ainsi qu’à continuer l’effort en vue de baisser les charges. L’appel à la générosité des fidèles sera renforcé dès 2021, notamment par le lancement d’une campagne du Denier, commune à 70 diocèses.

Ecologie intégrale

Champ de blé

© Association Triptolème

Malgré la crise sanitaire, les évêques ont tenu à poursuivre leur réflexion sur l’urgence écologique initiée il y a un an. De nombreux invités concernés par le monde agricole sont intervenus afin de vivre une démarche synodale sur le thème : cultiver la terre et se nourrir. Entendre des points de vue variés a permis aux participants de mieux comprendre les enjeux de la conversion écologique et d’envisager des actions propres à l’Eglise. Deux rendez-vous ont été pris les 14 et 21 novembre avec les mêmes participants pour continuer à travailler.

Suspension des messes publiques

« Hier, à 18h, au moment où les évêques allaient se séparer est tombée la décision du juge des référés. Nous sommes déçus sans doute », a évoqué Mgr Éric de Moulins-Beaufort lors de son discours de clôture ce dimanche 8 novembre. En effet, le Conseil d’Etat n’a pas levé la suspension des messes publiques, interdites depuis le 3 novembre en raison du risque sanitaire. La CEF déclare prendre acte du jugement du Conseil d’État, et « demande aux fidèles et aux prêtres de respecter cette décision », mettant en exergue cette parole de saint Paul : « Que chacun obéisse aux autorités » (Romains 13, 1).

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Pascal Deloche I Godong
Célébration à la collégiale Saint-Jacques de Sallanches, en pleine épidémie de covid-19, avril 2020.

Cependant, elle déclare demeurer « vigilante face à toute limitation de la liberté de culte dans un temps où, pour des raisons sécuritaires, les pouvoirs publics veulent renforcer leur surveillance de tous les cultes. » Une vigilance qui passe notamment par le respect du devoir de concertation des pouvoirs publics au terme de l’état d’urgence sanitaire : « Le juge des référés a particulièrement tenu compte du fait que les règles actuelles vont faire d’ici le 16 novembre l’objet d’un réexamen de leur caractère adapté et proportionné, ce qui suppose l’engagement à bref délai d’une concertation avec l’ensemble des représentants des cultes, destinée à préciser les conditions dans lesquelles ces restrictions pourraient évoluer ». Un « ferme espoir » qu’a partagé Mgr Éric de Moulins-Beaufort lors de son discours de clôture : « Il est demandé aux pouvoirs publics d’organiser une concertation avec les cultes : nous nous y préparerons sans délai, avec le ferme espoir de trouver un protocole satisfaisant. »



Lire aussi :
Messe, attestation, protocole… Les cinq injonctions du Conseil d’État

Deux sujets n’ont pu être abordés lors de cette plénière et sont reportés au 25 novembre : l’enseignement catholique et la santé des prêtres.

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