Ce nouveau confinement, qui s’annonce épuisant pour beaucoup, débute par le sang versé. C’est dans le témoignage de la foi, de l’espérance et de la charité que les chrétiens sont attendus.Devant la barbarie qui s’avance, qu’allons-nous devenir ? Beaucoup s’interrogent avec raison sur le devenir d’une société qui nous semblait sinon éternelle du moins pérenne. La parenthèse que nous nous sommes collectivement acharnés à enchanter durant tout l’été se referme brutalement. La création ne cesse d’avancer et il n’y a jamais de retour en arrière. Simplement un à-venir qu’il nous faut regarder en face. C’est comme si l’opulence de nombre d’entre nous faisait oublier à ses bénéficiaires le cri de ceux qui n’ont rien, du plus proche assis sur le trottoir au plus lointain, convoqué à suivre la vie heureuse et tumultueuse du riche depuis l’écran de son téléphone portable.
Le choc du sang versé
Bien sûr, chacun sait au fond de lui qu’aucune existence n’est sans aspérité et que pour chacun il y a un fardeau à porter. Qu’ultimement nous sommes tous confrontés aux mêmes drames intimes et aux mêmes peurs, mais que nous y sommes plus ou moins préparés et plus ou moins accompagnés. Ce nouveau confinement, qui s’annonce épuisant pour beaucoup, débute dans le sang versé. Trois brebis égorgées dans une église niçoise confiée à l’intercession de Notre-Dame. Trois baptisés tués parce qu’ils croyaient en Jésus-Christ. Volonté diabolique d’extirper de notre univers tout ce qui provoque l’homme à prendre de la hauteur par l’intelligence, par les sens, par l’âme.
Ils proclament être bénis. Nous redoutons de les voir maudits.
Il nous faudra, décidément, entrer en ce novembre lugubre en affirmant haut et fort ce que nous sommes et non ce que les terroristes voudraient nous voir devenir. Ils exigent que nous soyons eux. Nous prions pour que le Christ advienne en nous. Ils prétendent être les « défenseurs de Dieu ». Nous savons que c’est Dieu qui nous défend, et qu’il donne pour cela sa propre vie pour nous. Ils proclament être bénis. Nous redoutons de les voir maudits.
Demeurer dans la foi
En fêtant la Toussaint et en priant pour nos défunts, nous posons un geste de foi et non un geste militant. Geste de foi de proclamer au cœur du chaos de notre monde que l’homme est fait pour Dieu et que sa destinée est de le voir face-à-face. Non par ses seules forces, non en accomplissant une vie parfaite mais en s’ouvrant chaque jour davantage à la puissance de l’Esprit qui tisse patiemment en chacune de nos vies cet être spirituel qui nous rend capable de reconnaître Dieu comme source et devenir de notre humanité. Ce chemin-là est accessible à chacun pourvu que les baptisés puissent en témoigner sans peur, en toute charité.
L’amour de Dieu, sa présence, sa promesse, rien ne pourra jamais nous l’enlever.
Nous voyons que tout peut s’écrouler comme un château de cartes : des empires disparaissent sous les sables, des puissances jugées imprenables sont finalement englouties par d’autres devenues plus fortes… Mais l’amour de Dieu, sa présence, sa promesse, rien ne pourra jamais nous l’enlever. La source de notre joie ne doit venir que de là : c’est aussi la condition pour que notre témoignage féconde d’autres vies.
La coupe du salut
Nous ne croyons pas en un Dieu qui lève des armées, mais en un Dieu qui élève ses enfants. Nous ne croyons pas non plus que le crime d’un seul puisse condamner la multitude, car nous savons que la mort d’un seul sauve tous les hommes. Mais nous savons aussi que le chemin par lequel celui-là, Jésus, est passé, il nous faut nous aussi le parcourir. Et qu’il ne s’agit pas de dédaigner de boire à la coupe à laquelle il a lui-même bu car c’est en y communiant, telle est la belle Espérance du chrétien, que le Salut gagne le monde.
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