Au vu des circonstances, il est légitime de se sentir angoissé. Mais comment rassurer son enfant si on est soi-même éprouvé par les faits qui ont marqué l’actualité ces derniers jours ? Pour Bernadette Lemoine et Véronique Lemoine-Cordier, un premier pas consiste à mettre des mots sur ses propres émotions, et à les exprimer devant son enfant. Car ce dernier perçoit très bien l’état de stress ou d’inquiétude de ses parents. Reconnaître ses émotions permet d’en décharger l’enfant. Ainsi, les psychologues préconisent de dire : « Tu me sens angoissée, mais ce n’est absolument pas de ta faute. Je continue toujours à t’aimer. Je suis assez grand(e) pour gérer mon angoisse, et toi, tu continues à bien grandir ».
Port du masque dès 6 ans
Mesure la plus marquante du protocole sanitaire qui se durcit à partir du 2 novembre : le port du masque à l’école, dès le primaire. En effet, le masque devient obligatoire pour les enfants à partir de 6 ans. Une contrainte qui désole bon nombre de parents, mais qui rassure les enseignants. Bernadette Lemoine et Véronique Lemoine-Cordier invitent à rester positifs. Le confinement est effectivement moins drastique que celui du printemps dernier, les écoles sont ouvertes : incitons les enfants à se réjouir de pouvoir continuer à apprendre, à grandir et à retrouver leurs camarades. Préparons-les en les informant qu’ils devront désormais porter un masque. Rejoignons-les sur le côté désagréable, car il est vrai que le masque nous empêche d’être pleinement en relation avec l’autre, mais expliquons-leur que c’est une protection, que le virus n’est pas dangereux pour eux mais qu’il peut l’être pour les adultes. C’est aussi l’occasion de redonner de l’importance aux yeux, au regard. « Apprenez-leur à communiquer davantage avec les yeux, c’est très important ! Cela commence tout simplement par regarder dans les yeux son interlocuteur », soulignent les spécialistes.
Hommage à Samuel Paty
Le Ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé que les écoles rendraient, le jour de la rentrée, un hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie sauvagement assassiné le 16 octobre dernier à Conflans-sainte-Honorine. Une minute de silence sera observée à 11h, après la lecture de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs. En vue de cette matinée commémorative, quelques « ressources » sont mises à disposition par l’Education Nationale. Ainsi, l’Académie de Paris invite les enseignants à « utiliser une parole juste, se limitant aux faits, authentique, sans banalisation ni dramatisation, et adaptée à l’âge, aux capacités cognitives et au développement psycho-affectif des élèves. Les représentations de la mort sont encore en construction chez l’enfant d’âge scolaire », est-il précisé avec justesse. Autant conclure qu’il s’agit là d’un exercice périlleux pour les enseignants. Et certains parents, soucieux de protéger leur innocente progéniture de la barbarie ambiante, ne sont pas très à l’aise avec l’idée que ces faits abominables soient abordés en classe.
Sur ce point, Bernadette Lemoine et Véronique Lemoine-Cordier sont très claires. Ce sont d’abord les parents qui doivent aborder le sujet avec leur enfant. « Ce n’est pas à l’école de s’en charger, c’est le rôle des familles », précisent-elles. Mais alors que dire à un jeune enfant qui aurait encore été préservé ? Ces mots donnent de bonnes pistes : « Aucune religion et aucune personne ne peut faire l’objet d’un blasphème. Le blasphème est un manque de respect. Ce professeur a voulu montrer que la liberté d’expression permettait de dire des choses affreuses. Mais la liberté, ce n’est pas faire ce que je veux. C’est choisir ce qui est bon, vrai, juste et beau pour les autres comme pour moi. Le professeur n’était pas pour autant d’accord avec ces caricatures. Ce n’était pas un encouragement de sa part. Mais les musulmans se sont sentis blessés, tristes ou en colère. Mais cela ne donne jamais le droit de tuer. »
Attentat de Nice
Les attaques meurtrières perpétrées dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice ce 29 octobre risquent également d’être longuement commentées en cour de récréation. Tout le monde est touché, « on peut difficilement ne pas en parler », reconnaissent les psychologues. Pour évoquer le sujet avec son enfant, elles recommandent d’aborder les faits en soulignant l’intolérance : « Ce crime est orienté vers une religion, la religion catholique. Le terroriste pense que seule sa religion est valable. C’est d’une grande intolérance, et ceci ne donne également jamais le droit de tuer ».