La moitié de la population du Haut-Karabakh, soit entre 70.000 et 75.000 personnes, aurait été déplacée depuis le reprise du conflit le 27 septembre 2020.C’est un chiffre inquiétant. La moitié de la population du Haut-Karabakh, à majorité chrétienne, a été déplacée depuis la reprise des combats le 27 septembre sur le territoire opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a avancé ce mercredi Artak Belgarian, médiateur chargé des questions de défense des droits des civils en temps de guerre. De “70.000 à 75.000 personnes ont été déplacées soit à l’intérieur d’Artsakh (le nom arménien du Haut-Karabakh, ndlr), ou alors sont devenues des réfugiés, se déplaçant vers d’autres lieux sûrs” hors des frontières du territoire, a-t-il indiqué. “Selon nos estimations préliminaires, environ 50% de la population a été déplacée, dont 90% des femmes et des enfants”. En temps normal le Haut-Karabakh est peuplé de près de 140.000 habitants, dont plus de 90% sont Arméniens.
“Si la plupart des familles sont confinées dans des caves, d’autres sont évacuées au-delà de la frontière et recueillies dans des hôtels et chez des particuliers, où ils s’entassent en espérant une issue rapide à ce nouveau conflit”, rapporte l’association SOS Chrétiens d’Orient, qui œuvre dans la région depuis plusieurs années. “La mobilisation générale de l’Arménie en soutien aux habitants de l’Artsakh constitue des privations importantes pour des familles déjà touchées par la pauvreté, et c’est tout le pays qui sortira meurtri de cet épisode. “.
L’indépendance de la région jamais reconnue par l’ONU
La région est disputée depuis 1991 et la chute de l’URSS entre les deux républiques (Arménie et Azerbaïdjan) qui ont pris leur indépendance cette année-là, mais dont chacune a une histoire qui remonte à plusieurs siècles. Cette année-là, le Haut-Karabakh a organisé un référendum boycotté par la communauté azerbaïdjanaise avant de proclamer son indépendance de Bakou (la capitale de l’Azerbaïdjan, ndlr) avec le soutien d’Erevan. Une indépendance qui n’a jamais été reconnue par aucun État membre de l’ONU.
Le départ de l’armée soviétique de la région a entrainé une escalade éclair des tensions débouchant sur une guerre qui a fait plus de 30.000 morts. Le 17 mai 1994, un cessez-le-feu négocié par Moscou entre en vigueur mais depuis, de violentes altercations ont lieu périodiquement.
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Directeur général de l’Œuvre d’Orient. Mgr Pascal Gollnisch a pointé pour sa part la responsabilité de la Turquie dans cette nouvelle escalade de tensions. “La Turquie, membre de l’OTAN, déjà présente en Syrie, Irak, Libye, Chypre, Méditerranée orientale, après avoir imposé le culte musulman dans les églises Sainte-Sophie et Saint-Sauveur-in-Chora, menace l’Europe sur la question des réfugiés, prend une attitude extrêmement agressive et semble envoyer des combattants djihadistes, ce qui donne à ce conflit une nouvelle dimension anti-chrétienne dans cette région”, a-t-il souligné. Si l’arrêt des combats et demander le retour à des négociations sont nécessaires, cela “ne dessine pas une solution”, estime-t-il. Une sortie de crise possible serait, pour Mgr Gollnisch, la mise en place d’un référendum d’auto-détermination, sous contrôle international, comme certains l’ont fait pour le Kosovo en Serbie.