De nombreux chants repris dans toutes les églises de France sont l’œuvre de quelques prêtres lyonnais qui, dès les années 1950, ont entrepris de proposer un répertoire en Français pour que les fidèles comprennent mieux la Parole de Dieu. Si toutes leurs intuitions ne sont pas passées à la postérité, ils sont à l’origine de plusieurs tubes !“La Parole, il ne suffit pas de l’entendre, il faut la mâcher et la ruminer. C’est là l’œuvre du chant”. Ce sont par ces mots d’introduction du père Aimon-Marie Roguet, co-fondateur du Centre pastorale liturgique que commençait le premier recueil de chants “Les Deux Tables”, paru aux éditions du Chalet fondées à Lyon par le père Jean Servel. Lancé en 1951, ce livret avait pour objectif de rassembler le travail collectif des pionniers du chant chrétien en Français, des séminaristes et prêtres du diocèse de Lyon, âgés alors de 21 à 26 ans.
Dix ans avant Vatican II, ils anticipaient la réforme de la liturgie pour permettre aux fidèles de mieux en percevoir le sens. Cela commençait par l’usage du français en lieu et place du latin. Dans les années 1960 et 1970, cette jeune génération de prêtres musiciens, compositeurs et précurseurs, va laisser de très nombreux tubes qui se chantent encore aujourd’hui, sans avoir pris une ride !
Mieux se tourner vers Dieu
Des exemples de playlist ? “Si tu savais le don de Dieu” du père Guy de Fatto, un contrebassiste convertit au catholicisme qui jouait à ses heures avec Sidney Bechet à Saint-Germain-des-Prés, excusez du peu.
“Âme du Christ”, “Ubi Caritas”, vous aimez ? Ces deux titres sont l’œuvre du père Joseph Gelineau (et de Jacques Berthier pour Ubi Caritas), un jésuite qui a composé de nombreux chants pour la communauté de Taizé et largement contribué à la mise au point d’une psalmodie en langue française.
C’est au très prolixe père Robert Marthouret, dit “Jef” que nous devons non seulement le “Tu nous guideras aux sentiers de vie” mais aussi “Pain véritable”.
“Ô Croix dressée sur le monde” ? Signé père Jean Servel. “Écoute, écoute” ? C’est au père Claude Rozier que nous le devons.
C’est un autre jésuite, le père Didier Rimaud, qui a écrit les iconiques “Que tes œuvres sont belles” et “Si le Père vous appelle”, sur des musiques de Jacques Berthier.
Ces auteurs et compositeurs vont ainsi permettre aux paroissiens de découvrir des chants simples et entrainants, qui reprennent au plus près les paroles de la Bible. En effet, l’ambition de ces prêtres musiciens étaient de permettre aux paroissiens de mieux se tourner vers Dieu. “On se tourne vers l’Écriture, vers sa sobriété savoureuse, ses images simples et fortes, son théocentrisme résolu, son culte de la gloire de Dieu”, expliquait alors le Père Roguet. “Écoute la voix du Seigneur”, traduit ainsi le père Didier Rimaud.
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