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Comment étendre au plus grand nombre l’accès au don de l’Esprit Saint ?

Pierre Vivarès - publié le 25/09/20

Peu de catholiques ont la grâce de recevoir le sacrement de confirmation, en particulier avant leur mariage. L’Esprit Saint est pourtant le maître du discernement : comment l’étendre au plus grand nombre ?Si vous voulez que des prêtres se disputent entre eux, c’est extrêmement simple : vous les enfermez dans une pièce en leur demandant à quel âge il faut proposer le sacrement de la confirmation. Il y aura à peu près autant d’avis que de participants. Je croise chaque semaine des chrétiens qui n’ont jamais été confirmés. Nous organisons, dans de nombreuses paroisses ou aumôneries, des chemins de catéchèse ou de catéchuménat pour permettre à des adultes de se préparer et de recevoir ce sacrement mais le problème vient qu’ils sont souvent passés entre les mailles du filet — si j’ose dire — en raison des différences de pratique des communautés alors qu’ils auraient pu le recevoir au cours de leur jeunesse. Arrivés à l’âge adulte, parfois lors d’un cheminement vers le mariage, ils se rendent compte qu’ils n’ont pas reçu ce sacrement.

Par ailleurs, exception française, nous sommes le seul pays à ne pas demander qu’un fiancé soit confirmé pour recevoir le sacrement du mariage. Lorsque nous préparons des futurs couples qui doivent célébrer leur union dans un autre pays, nos confrères étrangers demandent qu’ils soient confirmés. Et voilà que des jeunes couples viennent alors nous demander ce laisser-passer en vue du mariage, un peu étonnés, parfois agacés, mais certainement pas dans un climat serein pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint.


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“J’ai tout fait”

Il ne s’agit pas “d’avoir tout fait” comme nous le disent parfois certains sur un ton triomphal, comme s’ils étaient des chrétiens d’exception : “J’ai tout fait mon père : baptême, première communion, confirmation !”, sans se rendre compte que ce ne sont pas eux qui ont “tout fait” mais c’est Dieu qui a “tout fait” pour eux, sans qu’il y ait eu forcément une réponse adéquate de leur part à cette profusion de grâce que Dieu leur a accordée. Il s’agit de permettre à chaque baptisé de recevoir tout ce que Dieu veut lui donner pour pouvoir vivre sa foi dans un monde où elle ne va plus de soi ni dans le rythme de ses rites, ni dans l’encadrement social d’une morale qui était partagée par le plus grand nombre, ni dans les fondements philosophiques de la société.

Chaque chrétien doit aujourd’hui avoir les “outils” pour discerner le monde qui l’entoure et les choix qu’il doit poser, or l’Esprit Saint est le grand maître du discernement.

Chaque chrétien doit aujourd’hui avoir les “outils” pour discerner le monde qui l’entoure et les choix qu’il doit poser, or l’Esprit Saint est le grand maître du discernement : “Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit” (Jn 14, 26).

Proposer un chemin cohérent à tous

La mobilité sociale fait qu’un enfant ne suivra certainement pas tout son catéchisme ou son aumônerie dans la même paroisse voire dans le même diocèse. Finalement il ne sera pas confirmé parce qu’on ne le lui aura jamais proposé. Il y a environ 44.000 confirmations par an pour 250.000 baptêmes en France : 83% des baptisés ne sont pas confirmés. Il ne s’agit pas là que de paresse, d’ennui, de manque de chance ou d’éducation défaillante. Il s’agit aussi d’une organisation ecclésiale qui n’arrive pas à proposer un chemin cohérent à l’ensemble des fidèles d’un pays pour que le plus grand nombre puisse bénéficier de ce que Dieu veut lui offrir à travers les structures ecclésiales en place.

Nos évêques seraient bien inspirés de se pencher un jour sur cette question et il faudrait proposer une “discipline” des sacrements cohérente à l’échelle de la nation. Il faudrait aussi rappeler qu’on ne peut s’engager dans un lien aussi fort que le mariage sans disposer de la plénitude de la grâce de l’Esprit Saint. Alors sur l’âge de la confirmation, nous ne serons bien sûr jamais d’accord, car chaque âge présente ses intérêts et ses inconvénients et ils sont bien connus. Mais le pire n’est-il pas de ne rien décider en faisant comme si les personnes naissaient, grandissaient et mourraient dans le même village où un évêque passera forcément un jour ou l’autre ?



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