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Oui, l’Église fait de la politique !

Le pape François et l'ancien président ukrainien,Petro Poroshenko lors d'une audience privée le 20 novembre 2015.

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Jean Duchesne - publié le 15/09/20
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Pourquoi la voix du Pape et des évêques porte déjà et pas encore assez dans le monde.Pour qui suit un peu l’actualité dans le monde, ce qui peut retenir l’attention est le nombre d’États dysfonctionnels. Les raisons sont essentiellement politiques. C’est le résultat chaque fois que l’administration, contrôlée par un gouvernement qui n’a pas d’autre projet que de garder le pouvoir, n’a plus les moyens d’assurer les services publics, que l’activité économique s’en ressent et que les populations sont réduites à la misère – parfois jusqu’à la famine –, ce qui gonfle les vagues migratoires qui viennent battre aux portes des pays riches.

Sociétés en panne

L’exemple le plus frappant de société en panne est ces temps-ci le Liban. Mais la vie est dure en Syrie voisine et dans combien de régions d’Afrique (Lybie, Mali, Somalie, Zimbabwe… la liste des nations sans crise plus ou moins paralysante serait courte), d’Amérique latine (Venezuela, Bolivie…), d’Asie du sud-est (Hong-Kong, Thaïlande) et même d’Europe (Biélorussie, Bulgarie). Les causes sont partout un peu les mêmes : emprises mafieuses, corruption, incompétence, rivalités ethniques, entrées en scène de militaires qui ne lâchent plus le pouvoir… et, au bout du compte, des régimes qui ne sont démocratiques que de nom, avec des dirigeants qui manipulent les élections et règnent sans soutien ni même consentement populaire, voire en réprimant impitoyablement toute opposition ou simple réserve.


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Les grandes puissances et l’ONU ne s’en mêlent que peu et sans guère d’efficacité. Le temps n’est plus où le monde était divisé entre les zones d’influence de l’Occident et du bloc communiste, avec des « non-alignés » naviguant entre les deux. Respect des souverainetés nationales, n’est-ce pas ? On n’intervient que si un gouvernement vacillant le demande et que si quelques intérêts sont en jeu. Heureusement, il y a les organisations humanitaires. Mais si la situation tourne à la guerre civile, elles doivent retirer leurs volontaires sur place et interrompre leurs opérations.

L’Église sur la brèche

Dans ces contextes souvent tragiques, l’Église remplit sa mission. Le clergé, les religieux et les religieuses locales restent auprès des fidèles et des populations, quels que soient les dangers. Beaucoup le paient de leur vie. Le cardinal Raï au Liban, Mgr Kondrusiewicz en Biélorussie, l’archevêque d’Addis-Abeba dans la querelle entre son pays, l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan au sujet d’un grand barrage sur le Nil, le cardinal Ambongo et d’autres évêques au Congo, les épiscopats vénézuélien et bolivien se font entendre, sans parler des responsables des communautés de chrétiens d’Orient. Non uniquement pour défendre leurs ouailles, ni pour prendre parti et encore moins pour prendre le pouvoir. Mais pour rappeler une vérité essentielle, à savoir que la politique n’a pas pour but ni raison d’être l’exercice du pouvoir avec les jouissances qu’il autorise, et bien plutôt le service de l’intérêt général et même du bien commun de tous.

Entendons par là qu’il ne s’agit pas seulement d’optimiser la production et le partage de richesses, car cette tâche a une dimension morale, parce que le bonheur et l’honneur de l’homme ne dépendent pas moins des libertés et des solidarités qu’il peut mettre en œuvre que de sa sécurité et des biens matériels à sa disposition. C’est ce que le Pape ne se lasse pas de répéter, en dénonçant les cynismes, les cupidités et les incuries qui provoquent des maux évitables et aggravent ceux, comme les catastrophes “naturelles”, dont la responsabilité n’est imputable à personne en particulier. En ce sens, oui, l’Église intervient et “fait” de la politique.

Liberté, raison et vérité

Pourquoi sa voix compte-t-elle tant alors ? D’abord parce qu’elle est désintéressée et donc libre. Il est clair qu’elle ne se défend pas en tant qu’institution plus spécialement menacée et n’entend pas protéger seulement ses fidèles. Ensuite parce qu’elle prêche la raison : elle encourage le dialogue, la négociation et le compromis qui sont les seules issues viables aux affrontements ruineux, voire suicidaires. Enfin parce qu’elle rappelle une vérité : celle de la nécessité et même de la noblesse du politique, à la condition qu’il ne soit pas une fin en soi, mais reste au service de l’homme jusqu’aux personnes les plus faibles, par-delà la diversité des convictions et des traditions. C’est cela qui inspire confiance et respect.

Le discours de l’Église sur la sauvegarde de la planète a également de l’impact. Il reste à nos contemporains de mesurer à quel point ce que la foi préconise dans les domaines de la morale privée et des possibilités de manipulation du vivant répond en toute rigueur aux mêmes exigences de la liberté, de la raison et de la vérité.


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