Le gouvernement biélorusse aurait retiré son passeport à Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, archevêque de Minsk, malgré sa nationalité biélorusse. C’est ce que dénonce l’Église catholique en Biélorussie sur son site le 14 septembre 2020. Depuis deux semaines, le prélat est bloqué à la frontière lituanienne, après avoir été placé sur la liste des personnes interdites en Russie et Biélorussie par le chef de l’État Alexandre Loukachenko le 1er septembre dernier, obligeant le Saint-Siège a contester officiellement la mesure.Mgr Kondrusiewicz n’avait pas fait partie des personnes ayant contesté la validité de l’élection présidentielle controversée qui avait vu le président, Alexandre Loukachenko, être reconduit à son poste cet été. Cependant, il s’était joint à la douleur des participants détenus par le pouvoir, en célébrant une messe le 19 août. Il avait officiellement protesté contre les méthodes gouvernementales le 21 août auprès du ministère de l’Intérieur.
Mgr Kondrusiewicz demeure aujourd’hui en Lituanie, où il s’était rendu pour célébrer une messe en août, sans pouvoir rentrer chez lui par la suite. Le ministre de l’Intérieur biélorusse aurait affirmé au chef de l’Autorité nationale pour la protection des frontières biélorusses, Anatoli Lappo, que le passeport du prélat était désormais considéré comme invalide, information relayée par le site de l’Église en Biélorussie. Cette dernière conteste la décision, considérant que la loi biélorusse interdit de refuser l’accès à un de ses citoyens.
Le Saint-Siège proteste
Le pape François semble avoir fait référence à la situation biélorusse le 13 septembre lors de l’Angélus, quand il a dénoncé le « malaise croissant de la société civile face à des situations politiques et sociales particulièrement critiques ». Le 14 septembre, le Vatican a officiellement fait la demande au gouvernement biélorusse d’autoriser Mgr Kondrusiewicz à rentrer chez lui.
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a été interviewé en marge d’une conférence sur les accords d’Helsinki organisée à Rome le 14 septembre. Il a confirmé que Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États de la Secrétairerie d’État, était en Biélorussie pour résoudre cette situation problématique. Selon l’agence de presse polonaise KAI, le Secrétaire d’État aurait insisté pour que “dans tous les cas […] l’évêque puisse retourner dans son diocèse et continuer à diriger son troupeau”, précisant que l’Église reste un “facteur de dialogue, de réconciliation et de paix”.
Pas de visite du pape pour l’instant
Malgré la crise qui l’oppose à l’archevêque de sa capitale, le gouvernement avait officiellement invité le pape François à se rendre en Biélorussie le 12 septembre. Le cardinal Parolin a déclaré le 14 septembre que « la Biélorussie a toujours manifesté un grand intérêt pour la visite du Pape » mais que la situation sanitaire actuelle « a tout bloqué ».
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Originaire d’une famille polonaise, Mgr Kondrusiewicz a été le premier administrateur apostolique de Minsk à la chute du Mur en 1989, avant d’être nommé en Russie et de devenir le premier archevêque de Moscou en 1991, poste qu’il occupera jusqu’en 2007. Il revient alors en Biélorussie, à Minsk, dans un pays où les catholiques représentent 7,1% de la population, contre 48% d’orthodoxes et 41 % d’athées, selon les statistiques du gouvernement publiées en 2011.
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