separateurCreated with Sketch.

Se préparer à la guerre, une responsabilité commune

WEB2-ARMEE FRANCAISE-MARINE NATIONALE-AFP-000_GL636.jpg

La frégate française Chevalier Paul croisant une frégate allemande en mer Méditerranée.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Jean-Baptiste Noé - publié le 10/09/20
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

Le pape François parle régulièrement d’une troisième guerre mondiale par morceaux. Les dirigeants de l’armée française ne craignent pas d’évoquer une montée des menaces classiques. Mais c’est toute la société civile qui doit se sentir concernée. Se préparer à faire la guerre et à la gagner ne signifie pas la désirer ni l’aimer. La guerre fait partie de l’expérience de l’humanité ; les nations ont donc le devoir de s’y préparer, ne serait-ce que pour protéger leurs populations. L’armée française s’adapte aux évolutions de la guerre en modifiant ses cursus de formation pour les adapter aux réalités nouvelles. Une adaptation et des innovations qui peuvent servir d’exemples au monde civil et aux entreprises.

L’expérience civile dans le corps militaire

Le ministre des Armées, Florence Parly, a ainsi annoncé l’ouverture d’une troisième école sur le site de Saint-Cyr Coëtquidan destinée à former les officiers sous-contrats. Ces officiers sont des militaires passés par le cursus académique classique et qui rejoignent l’armée après un master. La formation donnée vise à les intégrer dans le monde militaire. Jusqu’à présent, ils étaient formés au sein d’un bataillon. Ils auront désormais leur école propre, qui s’ajoute au Saint-Cyr “classique” et à l’EMIA. L’objectif étant de disposer de profils variés pour assurer les fonctions de commandement et d’encadrement.



Lire aussi :
Un militaire au combat peut-il concilier foi et vocation de soldat ?

Dans la même idée, l’École de guerre est ouverte depuis cinq ans à des auditeurs civils, ce qui permet à la fois de former ces civils au monde militaire et d’apporter, par leur présence, une expérience nouvelle aux officiers de l’École de guerre qui travailleront à l’issue de leur année dans l’état-major. Ces innovations pédagogiques ne sont pas anecdotiques, elles témoignent de la volonté de l’armée de s’adapter aux évolutions du monde et de donner une dimension complète à leurs officiers et à leurs chefs. C’est une nécessité pour ceux qui travaillent ensuite dans les ministères ou qui sont en relation avec les industries de la défense.

Se préparer à une guerre classique ?

Depuis 1991, les armées françaises sont engagées dans des guerres dites asymétriques, c’est-à-dire qu’elles affrontent des groupes terroristes ou des organisations paramilitaires qui pratiquent la “petite guerre” ou guérilla. Attentats, engins explosifs disposés sur les chemins, razzias et coups de force, la guérilla oblige à disposer d’armées mobiles, réactives, capables d’associer les forces du renseignement et des opérations ciblées. Or depuis quelques années les discours du chef d’état-major de l’armée (CEMA) comme celui du chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) insistent sur la nécessité de se repréparer à une possible guerre symétrique, c’est-à-dire une guerre qui voit l’affrontement d’États. Il y a encore cinq ans, ces propos semblaient curieux, voire déplacés tant une guerre entre États paraissait peu probable. Les récents événements du monde montrent qu’elle est hélas possible. La Chine ne cesse de dire de façon publique qu’elle souhaite récupérer Taïwan, pourtant État souverain depuis 1949. Que se passerait-il si Pékin, après avoir contrôlé Hong Kong, se lançait à l’assaut de Taipei ? Ni le Japon ni la Corée du Sud et les États-Unis ne pourraient laisser passer cela. Si le scénario est peu probable, il existe néanmoins et s’y préparer est une nécessité.

Tous concernés

La montée en puissance de la Turquie en Méditerranée orientale est une autre situation ou une guerre étatique n’est pas à exclure. Nous ne pouvons pas laisser Ankara faire main basse sur les eaux territoriales grecques ni prendre possession des îles de la mer Égée. Depuis 1974 la Turquie occupe le nord de l’île de Chypre, preuve que ce pays est capable d’opérer des raids militaires et d’y réussir. Le nouveau chef d’état-major de la Marine, l’amiral Pierre Vandier, dans son discours aux futurs officiers de l’École navale, a évoqué le fait qu’un combat maritime n’était pas à exclure et que les marins devaient s’y préparer : “Aujourd’hui, vous entrez dans une marine qui va probablement connaître le feu à la mer, vous devez vous y préparer !”

Une préparation militaire qui est faite dans le but d’éviter la guerre et de la gagner si celle-ci devait advenir.

Une préparation militaire qui est faite dans le but d’éviter la guerre et de la gagner si celle-ci devait advenir. Pour cela, il faut non seulement préparer le monde militaire, mais aussi le monde civil qui sera nécessairement concerné en cas de conflit. D’où l’importance de former également les civils, soit par la réserve soit par leur présence dans les écoles de formation des officiers.

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)