En Centrafrique, les groupes armés commettent « des crimes de sang sur des innocents » et « oppriment les populations par des exactions multiformes », ont dénoncé les évêques du pays dans une lettre pastorale diffusée dimanche 6 septembre. C’est un coup de semonce bien senti qu’ont tiré les évêques de Centrafrique dimanche 6 septembre dans leur lettre pastorale à l’égard des groupes armés qui ne cessent “d’endeuiller le pays”. Alors que les élections présidentielles sont prévues en décembre, ces derniers “oppriment les populations par des exactions multiformes”, dénoncent les évêques. “Nous constatons avec amertume que 70% voire 80% de notre pays est encore occupé par des groupes armés dont certains des plus farouches leaders sont des mercenaires. Ils sont impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes environnementaux et des pillages à grande échelle de nos ressources minières”.
Alors qu’un accord de paix a été signé entre le gouvernement et 14 groupes armés en février 2019 (les accords de Khartoum, ndlr), ils regrettent que cet engagement n’ait pas permis de ramener la sécurité dans une grande partie du territoire. “Les seigneurs de guerre tirent profit de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine. Ils jouissent en conséquence de tous les privilèges, en particulier la pleine liberté de mouvement et l’impunité malgré la poursuite discontinue des exactions sur le terrain”, soulignent encore les responsables religieux. Dans un entretien accordé à Aleteia il y a un peu plus d’un an, en juillet 2019, le père Séverin Ngoumbango, centrafricain et neveu du père Célestin mort en 2018 sous les balles des rebelles, soulignait déjà auprès d’Aleteia : “Le pays est tenu à 80% par des rebelles. Ce sont eux qui tiennent lieu d’administration, de police, de tribunal. Ils lèvent les impôts aussi, je peux vous garantir que l’argent qu’ils récoltent ne va ni aux hôpitaux, ni aux écoles”.
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À quatre mois des élections, les évêques ont également tenu à mettre en avant des signes d’espérance. “Après le coup de force de mars 2013 (qui a renversé le régime du président François Bozizé, ndlr), notre pays s’est doté d’institutions démocratiques en mars 2016. Par le vote et les élections, le peuple s’est donné une nouvelle Constitution et des autorités légitimes”, explique-t-ils. “Nous nous réjouissons de l’autorité de l’État qui se déploie à l’intérieur du pays en dépit des résistances observées dans certaines localités. La condamnation de certains bourreaux lors de la session criminelle indique que nous pouvons faire confiance en notre système judiciaire”.