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Le recul de la culture chrétienne, un aspect d’une crise plus profonde ?

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Jean Duchesne - publié le 20/08/20
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Il paraît que la sécularisation s’accentue. Mais l’Église est ce qui résiste le mieux dans une société en voie de fragmentation. Et heureusement, car le monde a plus que jamais besoin du catholicisme à la fois critique et constructif.C’est passé un peu inaperçu pendant le weekend du 15 août : une enquête publiée par l’Ifop pour Le Monde a montré qu’est en baisse chez les moins de 35 ans ce qui est appelé “la culture chrétienne”. Celle-ci était en l’occurrence mesurée à la connaissance du “Notre Père”, du “Je vous salue Marie” et de ce que célèbrent les grandes fêtes du calendrier liturgique (Pâques, Pentecôte…), ainsi qu’à la présence de crucifix dans les foyers.

La sécularisation : une mutation parmi d’autres

C’est, à première vue, un clou de plus pour mieux refermer le cercueil du catholicisme comme “religion de la plus grande majorité des Français”, selon la formule napoléonienne pour le Concordat de 1801, confirmée par Louis XVIII en 1815 et par Louis-Philippe en 1830, et que la séparation entre l’État et l’Église en 1905 n’a pas contestée. À cette lumière, l’avenir paraît sombre, puisque la croyance s’érode et devient marginale parmi les plus jeunes.

Or ces chiffres ne prouvent pas grand-chose s’ils sont isolés, s’ils ne sont pas situés dans un ensemble plus vaste et si l’on dissocie l’évolution qu’ils reflètent d’autres mutations parallèles et simultanées. Il serait par exemple instructif de comparer ce recul à celui de la connaissance de La Marseillaise et du sens que peuvent garder ses paroles martiales. On pourrait de même se demander combien de gens, surtout parmi ceux qui ont grandi depuis 1989 et l’implosion du marxisme-léninisme, peuvent encore chanter le moindre couplet de L’Internationale.

L’homme divisé dans un monde divisé

En fait, il n’y a pas, chez nous, que le catholicisme qui soit menacé de devenir minoritaire. Car il n’y a plus de majorité. Le phénomène socioculturel majeur n’est pas la déchristianisation. La sécularisation n’est qu’un aspect d’une fragmentation, si ce n’est d’un émiettement ou d’une décomposition. La sécurité et le confort sans précédent, la facilité et la surabondance des moyens techniques et des messages enferment non seulement dans l’immédiat et le court terme, mais encore dans des particularités qui divisent les gens intérieurement (entre vies professionnelle, familiale et personnelle) aussi bien qu’entre eux.



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Dans ce contexte, il faut n’avoir pas peur de dire que l’Église est ce qui résiste le mieux. Même si en moyenne moins de deux pour cent de la population (hypothèse la plus basse) assiste à la messe dominicale, cela fait trois millions de personne. Aucune institution, aucun idéal n’est capable de réunir autant de monde aussi régulièrement. Si l’on veut des comparaisons, c’est plus qu’il n’y avait (avant la crise sanitaire) de gens autour des terrains de sport pendant un weekend ou allant au cinéma en une semaine.

Besoin de la société et devoir des catholiques

Et c’est là une communauté autrement plus cohérente et pas moins diversifiée ! Car on n’est pas catholique et rien d’autre. Croire, aller à la messe et prier n’empêche pas de s’intéresser à son prochain ni d’avoir des engagements sociaux, culturels, sportifs… C’est bien plutôt une incitation à ne pas se laisser reléguer dans un ghetto. Ce n’est pas un embrigadement dans une minorité parmi d’autres, mais une solidarité et une implication aujourd’hui appelées à découvrir qu’elles ont toujours été à la fois critiques et constructives. La société en a au moins autant besoin que les catholiques ont le devoir de témoigner en paroles et en actes.


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