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Mgr Lebrun : “Le Royaume de nos désirs n’est pas facile à gouverner”

Messe en hommage au père Jacques Hamel célébrée par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, le 26 juillet 2020.

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Agnès Pinard Legry - publié le 26/07/20
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Dans son homélie prononcée ce dimanche lors de la messe célébrée en hommage au père Jacques Hamel, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, a habilement rappelé la portée du sacrifice de ce prêtre tout en élargissant la réflexion à un autre sujet qui va animer les débats cette semaine : la bioéthique.

Dans son homélie prononcée ce dimanche lors de la messe célébrée en hommage au père Jacques Hamel, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, a habilement rappelé la portée du sacrifice de ce prêtre tout en élargissant la réflexion à un autre sujet qui va animer les débats cette semaine : la bioéthique.

“Tous les peuples, toutes les sociétés, tous les groupes humains sont ainsi faits : ils sont habités par des désirs nombreux et parfois contradictoires, difficiles à gouverner”. C’est une homélie particulièrement d’actualité qu’a prononcé Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, lors de la messe célébrée en mémoire de la mort du père Jacques Hamel, assassiné il y a quatre ans par deux terroristes. Si ses mots donnent à réfléchir sur le geste des deux terroristes ayant ôté la vie au père Hamel mais aussi à celui du père Hamel qui a témoigné du Christ jusqu’au bout, il ouvre également la réflexion sur un sujet qui va particulièrement animer les débats cette semaine : la bioéthique. En effet, le projet de loi bioéthique, ouvrant notamment la PMA à toutes les femmes, est débattu à l’Assemblée nationale en deuxième lecture dès ce lundi.


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“Des aspirations fortes de certains s’opposent à des convictions d’autres”, reprend ainsi l’archevêque. “La protection de la santé et le désir de liberté cohabitent mal dans nos têtes. Le désir d’enfants de certains défie le droit universel de l’enfant à être protégé de toute manipulation et marchandisation. Le désir de justice ne concorde pas toujours avec le désir de non-violence”.

Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner et discerner le bien et le mal”(1 R 3, 9).

Frères et sœurs, la première lecture nous offre cette prière du roi Salomon, une belle prière qui plaît à Dieu:“Puisque c’est cela que tu as demandé, répond Dieu, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis … je fais ce que tu as demandé” (1 R 3, 11).

Monsieur le Ministre, mesdames et messieurs les élus et les hautes autorités civiles et militaires, est-il nécessaire de vous dire que les lectures de ce dimanche n’ont pas été choisies en raison de votre présence?

Frères et sœurs,accueillons la prière de Salomon comme notre prière. Essayons d’en comprendre la portée pour nous-mêmes.Salomon parle du peuple “si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer –c’est-à-dire en mesurer la valeur, la force, la bonté –ni le compter –c’est à dire le dénombrer. Et devant ce peuple, Salomon avoue –au moins à Dieu –qu’il ne sait pas comment se comporter, comment gouverner.

Tous les peuples, toutes les sociétés, tous les groupes humains sont ainsi faits : ils sont habités par des désirs nombreux et parfois contradictoires, difficiles à gouverner. Des aspirations fortes de certains s’opposent à des convictions d’autres. La protection de la santé et le désir de liberté cohabitent mal dans nos têtes. Le désir d’enfants de certains défie le droit universel de l’enfant à être protégé de toute manipulation et marchandisation.Le désir de justice ne concorde pas toujours avec le désir de non-violence.

Le Royaume de nos désirs n’est pas facile à gouverner. C’est vrai pour un maire, c’est vrai pour un curé de Paroisse. Oserais-je dire ici que la période la plus difficile dans le ministère du Père Jacques Hamel semble avoir été le temps où il fut curé de Paroisse ?

Le Royaume de nos désirs n’est pas facile à gouverner : nous en faisons chacun personnellement l’expérience. Comment faire ? Les croyants ont la grâce de pouvoir rendre à Dieu ce qui lui appartient : notre cœur, avec ses joies, ses peines, ses doutes. Et, cela sans se décharger sur Dieu. Salomon ne demande pas une réussite qui serait magique.Il demande «un cœur attentif»

Ce qui touche Dieu, c’est que Salomon met son cœur à disposition : “Donne à ton serviteur un cœur attentif”. Combien de fois, avons-nous raison, et seulement raison? Et ces raisons sans cœur peuvent produire de la violence y compris dans nos propres cœurs.

Les assassins du Père Hamel pensaient avoir raison. Et nous avons raison de penser qu’ils avaient tort. Mais où cela mène-t-il sinon à l’affrontement ou la vengeance ?

Or, il y a “le dessein d’amour de Dieu”, pour reprendre l’expression de saint Paul (Rm 8, 28). C’est le trésor ou la perle qui gît au fond de nous, notre désir le plus vrai: le désir d’aimer et d’être aimé. Et ce dessein est le guide de notre vie, le guide de notre cœur, celui qui rejoint la grande profondeur de l’humanité. Il appelle à rejoindre le Fils, Jésus, “pour qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères” (Rm 8, 29). Tel est le véritable horizon de nos désirs à ordonner: voir dans toute personne, y compris celui qui assassine, un frère, une sœur.

Le fils, Jésus,trace ce chemin. Dans l’Évangile de ce jour Jésus donne un double critère à ce chemin : la joie et le choix.

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