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Quand la prison mène à Dieu : le témoignage poignant de Delphine

Delphine Dhombres

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Raphaëlle Coquebert - publié le 24/07/20
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Crise sanitaire oblige, les prisonniers ont été privés de visites pendant plusieurs semaines. Un désolement pour Delphine Dhombres, bénévole à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), qui témoigne dans un livre puissant qu’humanité et foi se révèlent parfois dans l’enfer carcéral.Parce qu’elle croit dur comme fer à la “compassion sans condition”, Delphine, professeur de lettres quadragénaire et mère de famille, se rend au chevet des détenus de plus de 50 ans à l’hôpital carcéral de Fresnes (Val-de-Marne) depuis une dizaine d’années. Elle n’est pas à proprement parler visiteur de prison, un statut qui permet de suivre sur la durée une personne attitrée. Elle est bénévole au sein de l’association Les Petits Frères des Pauvres, c’est-à-dire qu’elle peut être appelée auprès de plusieurs prisonniers, selon les besoins du moment.

Une irréductible foi en l’homme

À la source de son engagement, une certitude : “Coûte que coûte, le bénévole ne perd pas de vue l’homme, l’homme irréductible au mal commis”. Certitude qui fait que malgré les méfaits, mineurs ou gravissimes, dont se sont rendus coupables ses interlocuteurs, chaque rencontre lui “reste une joie, une merveille, un mystère”.

Cette joie, Delphine s’en fait la messagère auprès de ces plus pauvres d’entre nous, pilonnés par la vie, abasourdis que l’on puisse s’intéresser à eux. Tel ce détenu muet, à moitié paralysé après une tentative de suicide, qui griffonne : “Je suis un monstre et vous venez me visiter !”

Visite ou Visitation ?

Tout monstres qu’ils soient, ils se laissent parfois toucher par la grâce, dans le dépouillement de leur éprouvante vie derrière des barreaux. Mieux, ils s’en font les vecteurs, ainsi que l’a expérimenté l’auteur après avoir transgressé le règlement pour apporter la communion à un prisonnier en fin de vie : “Son respect, sa dévotion, son amour m’impressionnent, m’en imposent. Un instant de communion […] décisif pour la convertie en sursis“. Delphine s’est en effet convertie il y huit ans, quand elle avait 33 ans.



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Une expérience inédite qui n’est pas pour rien dans l’engagement pris par la bénévole un an plus tard : elle devient oblate au monastère des bénédictines de Vanves (Hauts-de-Seine). Et mesure en retour combien ce choix la porte dans sa mission. Quand les confidences deviennent insoutenables, par exemple : “C’est une autre force, alors, tirée d’une autre source de moi-même, qui me permet de conserver […] Son sourire que je sais infiniment miséricordieux.” Un témoignage pétri de cette miséricorde, qui prend aux tripes et élargit le cœur.

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Nouvelle Cité

Hommes de l’ombre : de la visite à la rencontre en milieu carcéral, Delphine Dhombres, 2019, éditions Nouvelle Cité, 20 euros.

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