Au Burkina Faso, en raison des violences djihadistes ainsi que des conditions climatiques extrêmes, une partie de la population court le risque de mourir de faim. C’est un véritable cri d’alarme que lance le père Constantin Sere, directeur de la Caritas du Burkina Faso. Dans un message adressé à l’agence Fides, il explique que plus de 2,2 millions de Burkinabés risquent de mourir de faim au cours des prochains mois à cause des conflits d’une part et des conditions climatiques extrêmes d’autre part. Selon le prêtre, en 2020, le nombre des personnes qui ont manqué de nourriture s’est multiplié par trois fois par rapport à l’an dernier. Une situation dramatique pour le pays qui se trouve à l’épicentre de graves tensions au niveau régional, tensions qui ont provoqué l’évacuation de plus d’un million de personnes.
Depuis 2012, l’ensemble du Sahel est en effet devenu une base pour de nombreux groupes djihadistes qui sèment la terreur et désorganisent la région, attaquant fréquemment églises et chrétiens. Depuis 2018, avec la déclaration de l’état d’urgence dans le nord et l’est du pays, ces attaques se sont accélérées. “On constate une prolifération des mouvements djihadistes dans l’ensemble de la bande sahélienne”, confiait à Aleteia Marc Fontrier, africaniste et conférencier à l’Institut catholique de Paris, en 2019.
Une aggravation des violences
Le père Constantin Sere souligne que “le monde a oublié la crise au Sahel” et que le pays va devoir affronter “une série de défis”. “Les évacués n’ont accès ni aux denrées alimentaires ni à l’eau, essentielle tant pour boire que pour l’hygiène personnelle”, déplore-t-il. “Il s’agit de l’une des vagues d’évacuations qui évolue le plus rapidement au monde, laquelle laisse des centaines de milliers de personnes sans nourriture, sans eau et sans refuge adapté”. De plus, l’approche de la saison des pluies risque de complexifier la situation, la majorité des personnes évacuées ne disposant pas d’abris adaptés pour faire face face aux tempêtes, vents forts et inondation.
La Caritas s’est lancée dans un un projet d’aide alimentaire et financière, principalement auprès de diocèses de Kaya, Fada N’Gourma, Nouna et Dédougou. “Si vous demandez à un évacué ce qu’il désire par dessus tout, il vous répondra qu’il désire retourner dans son village d’origine”, note le prêtre, qui s’attend à ce que la situation dans le pays empire. “Je crains que cela n’arrivera pas de sitôt dans la mesure où les violences ne semblent pas devoir diminuer. Malgré l’engagement pris par l’État, les groupes armés continuent à semer la terreur et à briser des vies dans notre pays”.
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