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Quand Sciences et Vie Junior se mêle d’amour, ça ne fait pas rêver

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Mathilde de Robien - publié le 05/07/20
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Bien que titré, en une de couverture, "Amour, le guide de survie", fort bredouille serait l’adolescent qui chercherait une once d'amour parmi les colonnes du dernier hors-série de Sciences et Vie Junior.

Bien que titré, en une de couverture, “Amour, le guide de survie”, fort bredouille serait l’adolescent qui chercherait une once d’amour parmi les colonnes du dernier hors-série de Sciences et Vie Junior.

Alors certes, dans “Sciences et Vie Junior”, magazine destiné aux adolescents dès 11 ans et lu par plus d’un million de jeunes lecteurs, il y a le mot “science”. Ce qui explique sans doute la vision purement biologique, technique, de la relation amoureuse telle qu’elle est présentée dans ce hors-série de juillet. Mais quid du mot “vie” ? Mise à part celle, dramatiquement élitiste, des spermatozoïdes pendant la fécondation, ou encore celle d’une souris marsupiale d’Australie tragiquement raccourcie en raison d’un accouplement d’une durée de quatorze heures, il n’y est pas vraiment question de vie… mais plutôt de survie en milieu hostile. Un milieu hostile, où la sexualité est réduite à une vaste exploration, tout azimut, sans boussole et sans repères. Citons à titre d’exemple cette triste phrase en réponse au courrier des lecteurs : “La sexualité, au final, n’est ni plus ni moins qu’une longue exploration des relations intimes”.

Pourtant, le magazine est loin d’être inintéressant. Il a le mérite d’aborder un sujet sur lequel bon nombre d’adolescents en ébullition se posent des questions. Les premières pages sur les rites et traditions amoureuses dans le monde puis sur l’évolution de la vision de l’amour de l’Antiquité à nos jours sont riches et étayées. On se serait éventuellement passé du dossier très complet sur la reproduction des animaux mais soit, diversifier sa culture générale est un argument acceptable ! En revanche, les articles liés à la sexualité adolescente sont particulièrement creux, voire nocifs pour certains. “L’amour”, puisqu’ils le nomment comme tel, est défini comme un processus biologique et physiologique. On apprend que la fécondation est la rencontre entre un ovule et un spermatozoïde, que le coup de foudre met différentes hormones en action… Tout ceci est vrai ! Mais cette définition technique donnée à la sexualité, décorellée de toute affectivité, est franchement réductrice. L’illustration parfaite de ce vide intersidéral est le choix particulièrement déroutant de la photo de couverture : un garçon et une fille dont on ne voit que les cuisses, assis côte à côte, la main l’une sur l’autre, et reliés… non pas par un regard langoureux, mais par le fil de l’oreillette de leur smartphone. On est loin des romans de Jane Austen !



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Outre ces quelques pages qui se résument à des cours de biologie vulgarisés vaguement humoristiques, reste un article fourni sur l’orientation sexuelle dont quelques phrases interpellent. Ainsi, “nous ne possédons pas un seul sexe mais plusieurs : à côté de notre sexe anatomique, nous avons un sexe génétique, hormonal ou encore psychique”. Théorie du genre dans toute sa splendeur. Complexe, pour un ado de onze ans.

Mais le pire réside dans le courrier des lecteurs. Non pas dans les questions des adolescents qui somme toute rejoignent de nombreuses questions de nos jeunes contemporains, mais dans les réponses apportées par la rédaction de Sciences et Vie Junior. L’amour ne serait finalement qu’un mystérieux cocktail d’hormones et les couples qui durent sont ceux qui ont réussi… non pas à se re-choisir quotidiennement, non, non, trop contraignant, mais à générer suffisamment et de manière concomitante dopamine et ocytocine ! Quant à savoir si c’est la “bonne personne”, la question ne se pose pas pour la nouvelle génération : le partenaire du moment est la bonne personne à l’instant t si elle provoque du bien-être et du plaisir, mais qui sait, demain, ce sera peut-être une autre… Carpe diem, pensent bon de conclure poétiquement nos confrères journalistes. Mais ce sont bien les deux seuls mots poétiques du magazine !


GROUP TEENAGERS
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