Décédé le 29 juin 2020 au Pakistan en raison de sa religion chrétienne, Nadeem Joseph est devenu l’un des nouveaux symboles de la menace qui pèse sur les chrétiens dans certaines régions du monde. Ses “défenseurs” le surnomment le “George Floyd du Pakistan”. Nadeem Joseph, un chrétien pakistanais, est décédé le 29 juin dernier de ses blessures à Peshawar (nord-ouest du pays) après que plusieurs de ses voisins, de confession musulmane, lui ont tiré dessus trois semaines plus tôt. Son tort ? Il venait d’emménager avec sa famille dans un quartier à majorité musulmane. Considéré comme persona non grata, il avait reçu plusieurs avertissements de la part de ses voisins qui avaient mis de la colle dans la serrure de la grille de la maison et avaient menacé ses enfants, avant de lui intimer l’ordre de quitter les lieux dans les vingt-quatre heures.
“À peine installés, nos voisins musulmans nous ont demandé notre religion et quand ils ont su que nous étions chrétiens, ils ont commencé à nous menacer en nous intimant l’ordre de quitter la maison. Le quartier est une zone résidentielle pour musulmans : les juifs et les chrétiens ne peuvent pas acheter une maison et vivre ici, nous ont-ils dit”, racontait-il à l’agence Fides quelque temps avant sa mort. Face à la menace, le jour de l’agression, il avait appelé les forces de l’ordre mais ses voisins avaient eu le temps de le rouer de coups et d’ouvrir le feu contre sa famille et lui, puis de s’enfuir avant l’arrivée de la police. Sa belle-mère a été blessée à l’épaule et, malgré cinq opérations chirurgicales, le père de famille de deux enfants n’a pas survécu.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs militants des droits humains se sont questionnés, interpellant Imran Khan, le Premier ministre, sur la christianophobie qui sévit au Pakistan. Certains comparent Nadeem Joseph à George Floyd. Si les deux hommes n’ont pas été victimes du même type de discrimination, tous deux ont perdu la vie de façon injuste et indigne, le premier à cause de ses origines, le second à cause de sa religion.
Samson Salamat, président de Rwadari Tehreek Pakistan, un mouvement pour la tolérance au Pakistan, a déclaré à l’agence Fides que cette attaque était “la pire forme existante de discrimination et de persécution envers les minorités religieuses du Pakistan”. Il partage ses interrogations : “Qui parviendra à protéger et à sauver la vie des êtres humains membres des minorités religieuses du Pakistan ?”. Ce cas d’agression anti-chrétienne n’est en effet malheureusement pas isolé. En février dernier, dans la province du Pendjab, Saleem Masih, 22 ans, s’était fait lyncher par un groupe d’hommes musulmans, accusé d’avoir contaminé le puits dans lequel il avait puisé de l’eau pour se laver après une journée de travail aux champs.
Lire aussi :
Saleem Masih, Pakistanais chrétien torturé à mort pour s’être lavé dans un puits