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Municipales 2020 : la mutation de l’électorat des métropoles

Dépouillement d'un bureau de vote, à Belfort.

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Guillaume de Prémare - publié le 30/06/20
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Les aspirations de l’électorat des grandes métropoles qui s’est mobilisé lors du deuxième tour des élections municipales ne sont guère en phase avec celles de la France populaire et périphérique. La crise économique qui se profile va remettre rapidement sur la table la question sociale.

Les aspirations de l’électorat des grandes métropoles qui s’est mobilisé lors du deuxième tour des élections municipales ne sont guère en phase avec celles de la France populaire et périphérique. La crise économique qui se profile va remettre rapidement sur la table la question sociale.

Il est peu probable que la razzia verte observée dans les grandes métropoles lors du deuxième tour des élections municipales ce 28 juin, soit uniquement liée à l’ampleur des enjeux écologiques et/ou à une sur-mobilisation spécifique des partisans d’Europe-Écologie-Les Verts dans un contexte d’abstention record. Nous assistons peut-être à une nouvelle mutation de l’électorat des grandes villes.

Aux dernières élections européennes, en 2019, ce sont en partie ces grandes métropoles qui avaient sauvé la mise de La République en marche, mais déjà les écologistes avaient réalisé une percée. C’est aujourd’hui davantage qu’une confirmation pour la mouvance verte, c’est une OPA sur l’électorat des métropoles, lequel vit depuis 2017 une forme de transhumance accélérée. Il est passé en trois ans des anciens partis dits “de gouvernement” — le Parti socialiste et Les Républicains — au macronisme, puis du macronisme à l’écologisme progressiste.

La promesse de ralentir

Cet électorat urbain pourrait désormais se stabiliser assez logiquement sur le segment politique écologiste qui présente pour lui certains avantages : il est favorable à l’Union européenne et ne remet pas en cause la mondialisation, il affiche un progressisme sociétal bon teint et il promeut, via l’écologie, un mode de vie en phase avec les aspirations de la sociologie des grandes villes : espaces verts plutôt que béton, vélo plutôt que voiture, centres-villes piétonniers ; mais aussi une certaine remise en cause de la frénésie économique urbaine qui finit par user psychologiquement les cols blancs.

“Ce n’est désormais plus la promesse de croissance qui fait vibrer les cadres urbains, mais plutôt la promesse de ralentir, de se rapprocher de la nature et de ses rythmes plus doux, sans toutefois quitter nécessairement la ville.”

Jusqu’ici en effet, les cadres urbains ont vécu confortablement de la métropolisation produite par la mondialisation et la course à la croissance. Cependant, ce n’est désormais plus la promesse de croissance qui les fait vibrer, mais plutôt la promesse de ralentir, de se rapprocher de la nature et de ses rythmes plus doux, sans toutefois quitter nécessairement la ville. Alors, iraient-ils jusqu’à soutenir un modèle économique décroissant ? Nous n’en sommes pas là… Cependant, nombre d’entre eux ont vécu avec un certain bonheur cette période de confinement qui leur a permis de ne plus courir partout et de travailler à leur rythme. En un mot de ralentir.

La question sociale

Emmanuel Macron semble avoir compris — et même anticipé — cette mutation. Il montre, avec sa Convention citoyenne pour le climat, qu’il est prêt à faire de la satisfaction des aspirations de la classe urbaine supérieure le socle de ce fameux “acte II du quinquennat”, qui n’a jamais véritablement pris forme depuis la révolte des Gilets jaunes. Il sait en effet que l’électorat de la France périphérique lui est inaccessible. Ce qui est en concurrence entre les écologistes et les macroniens, c’est la mainmise sur la France des métropoles qui peut assurer le socle minimum pour gouverner face au tigre populiste.


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En attendant, ni les uns ni les autres ne proposent de véritable approche politique pour réduire la fracture sociogéographique et culturelle entre cette France des métropoles favorisée par la mondialisation et la France périphérique délaissée, dont les aspirations sont autres : vivre dignement de son travail, la sécurité, l’identité, la stabilité, etc. La crise économique qui se profile va remettre rapidement sur la table la question sociale et risque de perturber fortement les rêves de nouvelle société écolo-urbaine du « monde d’après ».

Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, le 1er juillet 2020.

 

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