Beaucoup de nos contemporains ont peur du quotidien, de l’habitude et de la répétition des jours. Ils y voient le risque d’une vie fade et sans saveur. S’inscrivant à contretemps, Mgr Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux, développe une véritable spiritualité du quotidien dans son ouvrage intitulé “Le chemin de Nazareth”. On y découvre à quel point c’est de l’ordinaire de nos vies que peut jaillir l’étincelle divine qui lui donnera son plus grand prix.L’angoisse de rater sa vie, de perdre son temps, entraîne de nombreux contemporains à rompre parfois brutalement avec une vie qu’ils jugent ennuyeuse ou trop répétitive. Pourtant, une véritable richesse se trouve accessible dans la simplicité même de ce quotidien prétendument fade. La spiritualité du quotidien développée par Mgr Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux dans son dernier ouvrage est une grande aide pour comprendre comment faire de cette vie simple et belle un chemin vers Dieu.
Prendre le chemin de Nazareth pour faire de l’extraordinaire avec de l’ordinaire
Au début de l’évangile de Jean, Nathanaël s’interroge : “De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ?” (Jn,1, 46) lorsqu’il apprend d’où vient le Christ. On découvre ainsi que ce lieu qui a vu grandir le Christ avec ses parents n’apparaissait pas digne d’accueillir le messie. Ce lieu n’avait jamais joué de rôle dans l’histoire sainte d’Israël. Il n’avait pas la noblesse ou la splendeur d’autres lieux plus prestigieux. Comme l’explique Mgr Jean-Claude Boulanger, “depuis toujours, nous croyons que Dieu est présent dans l’exceptionnel, le grandiose, le spectaculaire. Or, voici qu’il est venu partager notre vie la plus ordinaire pour nous montrer que l’existence d’un être humain est une histoire sainte.”
Nazareth est le symbole que Dieu s’attache non pas au plus éclatant mais à la simplicité, à la discrétion d’un lieu oublié de tous. C’est dans la spiritualité de saints comme Thérèse de Lisieux ou celle du bienheureux Charles de Foucauld que Mgr Boulanger puise la profonde vérité de ce message
Accueil et écoute à l’école de Marie de Nazareth
Pendant trente ans, Jésus a grandi caché du monde auprès de sa mère et de son père. C’est invisible et sans chercher à se faire connaître malgré sa filiation éclatante qu’il a vécu la plus grande partie de sa vie. Pour Mgr Boulanger, Marie incarne depuis son annonce une incroyable capacité d’accueil de Dieu en même temps qu’un consentement profond. Elle voulait se faire la simple servante de Dieu : “Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.” (Lc 1, 38).
Lire aussi :
Marie, notre meilleure alliée pour la mission
Marie de Nazareth incarne aussi la grâce de la présence. Il s’agit tout simplement d’être là, en présence de Dieu, sans chercher beaucoup plus que d’accueillir et d’écouter l’instant présent, du début à la fin de l’évangile : “Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là” (Jn 2, 1) puis : “Près de la croix de Jésus se tenait sa mère” (Jn 19,25). Marie est là, dans une présence confiante, faite d’écoute et d’accueil de l’autre.
À la suite de Joseph de Nazareth : confiance et humilité
Le chemin de Nazareth ne peut être compris pleinement sans la figure de saint Joseph. Il apparaît comme “le grand silencieux”, nous explique Mgr Boulanger : “Il n’y a pas une parole de lui dans l’Évangile.” On le voit d’abord agir, toujours avec confiance et humilité, notamment quand il prend Marie chez lui alors qu’il aurait pu la répudier en apprenant qu’elle était enceinte. Il accepte la paternité de Dieu et sa mission de gardien de la vie du Christ.
Joseph incarne le rôle de gardien du mystère de Dieu, notamment face au péril lors de la fuite en Égypte. Il est aussi le simple travailleur qui fait grandir et initie Jésus à la patience du travail. On retrouve là encore une attention au plus simple, au plus concret, à la présence aimante, qui caractérise, pour Mgr Jean-Claude Boulanger, la spiritualité du quotidien.
Le chemin de Nazareth une spiritualité au quotidien, Mgr Jean-Claude Boulanger, Artège, juin 2019, 9,5 euros.
Lire aussi :
Mgr Boulanger : “Charles de Foucauld ne nous parle pas de l’Église mais de Jésus”