Si les conséquences économiques de la crise du Covid-19 s’annoncent désastreuses, celles concernant le logement le sont également, notamment pour les personnes en situation de précarité. Emmanuel Macron avait annoncé mi-mars, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, un premier report inédit de deux mois de la fin de la trêve hivernale. Le 8 mai, l’Assemblée nationale a voté une nouvelle prolongation de la trêve hivernale jusqu’au 10 juillet, pour accompagner les difficultés financières dues à la crise, des ménages modestes.
La crise actuelle met tout particulièrement en lumière la problématique du mal-logement, avec en premier lieu la question des personnes à la rue, mais aussi, celle de la sur-occupation, de l’insalubrité, et enfin, des violences familiales, autant de difficultés, exacerbées par la longue période du confinement et qui ont mis de nombreux foyers en péril.
Fort de son expérience de 35 ans d’action en faveur du logement et de l’insertion des personnes en difficulté, Habitat et Humanisme lance un appel pour accroitre l’offre de logements rapidement mobilisables afin de répondre à l’urgence de reloger les personnes sans domicile, qui ont été mises provisoirement à l’abri, ainsi que celles qui ont du être protégées suite à l’augmentation des violences intra-familiales pendant le confinement ; mais également pour anticiper l’augmentation inévitable du nombre de personnes précaires en recherche de logement, en raison de la crise économique.
Mobiliser le parc privé
Via son dispositif “Propriétaires et solidaires”, Habitat et Humanisme est un acteur reconnu de l’intermédiation locative, une démarche encouragée par l’État à travers le le Plan Logement d’Abord adopté en 2018 qui favorise la mise en location de logements vacants, ou celle de logements insalubres, remis en état.
“Avec le dispositif Propriétaires et Solidaires, Habitat et Humanisme permet la mobilisation de logements du parc privé au cœur de villes, au profit de personnes aux ressources modestes”, précise Sylvie Eschalier, chargée du dispositif au sein de la Fédération Habitat et Humanisme. Concrètement, les propriétaires apportent leur aide en confiant leur bien en location à Habitat et Humanisme. Encore mal connue du grand public, “l’intermédiation locative offre des atouts pour un bailleur, comme la tranquillité de gestion, la satisfaction de donner un sens à sa location, une valorisation de son patrimoine et une fiscalité avantageuse”, assure encore Sylvie Eschalier.
La Mouvement Habitat et Humanisme dispose de huit agences immobilières à vocation sociale (AIVS) sur le territoire, qui prennent en charge les biens par le biais de mandats de gestion ou de location/sous-locations. Les habitations les plus recherchées vont du studio au 3-pièces. “Avant de prendre un bien en location, nous le visitons systématiquement pour s’assurer qu’il est décent et habitable”, précise Sylvie Eschalier. “Nous sommes attentifs aux montants des charges locatives qui découlent du niveau de performance énergétique du logement. Parfois de simples travaux permettent de faire baisser cette note qui, si elle est trop élevée, risque de peser et de fragiliser le budget du futur occupant”.
De nombreux avantages fiscaux
“Pendant des années j’ai loué un logement indépendant situé à l’extrémité de ma résidence principale, qui est une maison”, explique Laurence, cinquante ans, qui habite en Loire-Atlantique. “Avec le temps, ce bien devenu vacant avait besoin d’être rénové. Dans le même temps, j’avais à cœur de faire un geste solidaire. Notre commune étant située dans une Opah – une convention française passée entre une collectivité, l’État et l’Agence nationale de l’habitat en vue de requalifier et de réhabiliter un quartier bâti – mon mari et moi-même avons bénéficié des aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Cela a facilité le financement de cette restauration. De la toiture à l’électricité en passant par le chauffage : tout a été refait à neuf. Les aides obtenues ont permis de nous alléger de 26% de la dépense. Pour le reste, nous avons souscrit un prêt”. En contrepartie des aides de l’Anah, Laurence et son mari se sont engagés à mettre en location ce bien pendant neuf ans avec un loyer social de 358 euros par mois. “Nous avons opté, en plus, pour une gestion appelée intermédiation locative via Habitat et Humanisme. Peu coûteuse, cette formule (13 euros par mois) permet de nous libérer de la gestion locative et offre une grande tranquillité”, reprend Laurence.
“Que de mesures impensables, ou considérées hier comme irréalistes, se sont mises en œuvre dans l’urgence, suscitant un réel enthousiasme, eu égard à la créativité et la réactivité de la France.”
En mobilisant des logements auprès de propriétaires privés et publics afin de les mettre à disposition des plus modestes, le dispositif Propriétaires et Solidaires d’Habitat et Humanisme est un tremplin vers une insertion sociale durable. Un tremplin d’autant plus nécessaire pour enrayer la crise sociale qui nait des conséquences de la pandémie. « Le tsunami sanitaire a provoqué un choc, tant il était inattendu. Que de mesures impensables, ou considérées hier comme irréalistes, se sont mises en œuvre dans l’urgence, suscitant un réel enthousiasme, eu égard à la créativité et la réactivité de la France. Ne nous arrêtons pas en chemin, continuons», assure de son côté le père Bernard Devert, fondateur d’Habitat et Humanisme. « L’heure est au réel, certes, sans pour autant s’éloigner des possibles ».
Depuis sa création, Habitat et Humanisme, qui dispose d’un parc de quelques 8.800 logements, a pu aider 25.000 foyers : travailleurs précaires, familles monoparentales, personnes isolées à faibles ressources.
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