Tout le monde peut décrocher la lune et le handicap ne peut empêcher personne de le faire. “J’irai décrocher la lune”, un documentaire consacré aux jeunes professionnels, montre l’évolution de la société grâce au courage de ceux qui n’ont pas voulu être enfermés dans une case. Être porteur de trisomie 21 et autonome, c’est possible. A voir uniquement le 26 mai à 20h15, en séance virtuelle.Laurent Boileau s’est déjà intéressé à la parole d’adultes porteurs de trisomie 21 dans un documentaire pour la télévision : C’est pour la vie. Dans J’irai décrocher la lune, il a eu la liberté de les filmer plus longuement, pour un film d’une heure et demi. Pendant deux ans, sa caméra a suivi Robin, Stéphanie, Élise, Gilles-Emmanuel, Éléonore et Mario, le temps de voir l’impact positif de l’indépendance sur leur vie. Le résultat est très touchant et plein d’humanité. Ces jeunes adultes ont enfin la parole et montrent qu’à trente ans, eux non plus ne veulent pas être des Tanguy.
La trisomie loin des clichés
Dans les rues d’Arras, les cloisons commencent à s’abattre. Le temps est l’un des pires de France, mais il y pousse aussi parmi les cœurs les meilleurs. Ceux qui ont vu Bienvenue chez les Ch’tis ou qui sont déjà passés par là le savent. Ainsi, avec humour et sensibilité, nous découvrons ces portraits de jeunes porteurs de trisomie 21 intégrés à la société, autonomes, libres et perçus comme des citoyens à part entière. Ce qui frappe d’abord est leur courage. Sans trop de condescendance, les adultes qui les entourent les aident à franchir les étapes, à prendre confiance en eux, à affirmer leur identité propre. D’une sensibilité à fleur de peau, leur carapace peut vite se refermer. Cela invite à davantage de douceur, de prudence et donc de déférence. D’ailleurs, quand on demande à Robin ce qui le dérange le plus dans son travail, il répond sans concessions : “Il y a trop de gros mots, et je n’aime pas ça.”
“Ils gagnent leur vie, ont leur propre appartement, font les courses, cuisinent, et chez eux tout est d’une propreté irréprochable (…)”
Stéphanie, elle, n’aime pas être brusquée quand elle est concentrée sur son travail, à cause de sa forte émotivité. Le réalisateur s’est appuyé sur le concept d’auto-détermination, qui s’est développé au Canada, pour dérouler son propos. Apprendre à choisir, à avoir des objectifs, des rêves, des envies, sont les points centraux sur lesquels ils travaillent. Ils gagnent leur vie, ont leur propre appartement, font les courses, cuisinent, et chez eux tout est d’une propreté irréprochable, tout comme leur façon de recevoir. Robin et Éléonore, candidate sur une liste pour les municipales d’Arras (elle a été élue en mars 2020, ndlr), sont ceux qui s’expriment le plus. Ils réclament le droit au respect et à la différence. L’un se bat pour s’accepter et poursuivre ses rêves, l’autre combat au nom de tous les autres et contre leur stigmatisation. Éléonore ne manque pas d’encourager, d’abord, tous ceux dont elle est si fière. C’est le premier combat, celui qui précède sans doute toutes leurs autres victoires.
Car ce documentaire raconte surtout comment le monde change, parce qu’eux-mêmes ont décidé de changer en refusant d’être perpétuellement maternés, infantilisés ou déconsidérés. Et pour avoir ce courage, ils ont eu tous les encouragements derrière eux. Au-delà de leurs limites, ils montrent que tout est possible. Et la force de ce film est d’accompagner notre regard à changer aussi bien sur eux que sur nous-mêmes et notre rapport à la vie, grâce à la finesse de Laurent Boileau. “L’orgueil d’un homme l’abaisse, mais celui qui est humble d’esprit obtient la gloire” (Proverbes 29, 23), voilà la véritable histoire.
J’irai décrocher la lune, de Laurent Boileau, avec Robin Sevette et Eléonore Laloux, le 18 mars au cinéma, 1h31. Uniquement le 26 mai à 20h15, en séance virtuelle sur la plateforme : https://sallevirtuelle.25eheure.com/.
Lire aussi :
Robin (J’irai décrocher la lune) : “Ne gâchez pas votre vie, ne la gaspillez pas”