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Bordeaux : un vestige méconnu des chemins de Saint-Jacques de Compostelle

Église Saint-Jacques (Bordeaux).

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Agnès Pinard Legry - publié le 24/05/20
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Au 10 de la jolie rue du Mirail, à Bordeaux, derrière une porte de garage quelconque se cache un trésor. Si les pierres pouvaient parler, elles raconteraient avec verve et panache la formidable épopée de l’hôpital-prieuré Saint-Jacques de Bordeaux. Invisible depuis la rue au regard des passants, cet édifice, qui mesure une soixantaine de mètres de long et qui est aujourd’hui utilisé comme garage, était à l’origine une église. C’est le dernier vestige de l’hôpital-prieuré Saint-Jacques de Bordeaux. Construit au XIIe siècle, il servait d’établissement d’accueil aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle.

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GoogleMaps

“Dans les textes, l’hôpital est plus souvent nommé Saint-James que Saint-Jacques, selon une graphie dérivée du gascon Jacmes”, rapportait il y a quelques années Samuel Drapeau, docteur en histoire de l’art médiéval. Comme la plupart des hôpitaux de la banlieue bordelaise et des Landes, ce prieuré-hôpital fut fondé “pour l’accueil des pèlerins mais aussi pour celui des pauvres et des femmes enceintes”. “C’est Guillaume IX dit le premier Troubadour, le grand-père d’Aliénor d’Aquitaine, qui est à l’origine de cet édifice”, explique à Aleteia Guilhem Pépin, historien médiéviste diplômé de l’université d’Oxford et fondateur du collectif 1120 – Sauvons l’église Saint-Jacques de Bordeaux, qui vise à faire classer l’édifice aux monuments historiques. “C’était un hôpital autonome qui dépendait de la cathédrale avec un prieur et des frères”, détaille-t-il. “Ils s’occupaient d’accueillir les pèlerins, de les nourrir, de les soigner et, le cas échéant, de les enterrer dans leur cimetière”.



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À la seconde moitié du XVIe siècle, les jésuites prennent le relais. “À cette époque-là, le nombre de pèlerins est en chute libre”, explique Guilhem Pépin. “Et, par conséquent, c’est aussi le cas des donations”. L’hôpital étant en banqueroute, ce sont les jésuites qui s’y installent. S’ils continuent de ce côté-ci de la rue l’accueil des pèlerins, de l’autre, ils créent une école, “qui est devenue aujourd’hui le lycée Montaigne”.

“Il s’agit très certainement de l’ensemble médiéval le plus méconnu de la ville !”

Mais, nouveau rebondissement historique, dans les années 1760, Louis XV expulse les jésuites de France et leurs biens sont confisqués. “L’édifice a été vendu avant la Révolution française à des particuliers. On ne sait pas grand chose à part que l’église a été transformée à un moment donné en théâtre”, reprend l’historien. “Une photo prise à la fin des années 1970 nous laisse penser qu’elle a été transformée en garage à ce moment-là”. En 2001, la voûte du chœur s’est écroulée à cause d’une poutre de la toiture, précipitant au sol une statue polychrome de saint Jacques datant du XVe siècle. “Heureusement, elle a été très peu endommagée”, rassure Guilhem Pépin. Mais l’urgence de préserver ce lieu chargé d’histoire se fait sentir.

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L'église a vraisemblablement été transformée en garage à la fin des années 1970-début des années 1980.

C’est il y a deux ou trois ans qu’il s’est lui-même réellement intéressé à l’édifice. “Il s’agit très certainement de l’ensemble médiéval le plus méconnu de la ville !”, s’exclame-t-il. “Et il n’est même pas classé, ce qui veut dire qu’il peut disparaître du jour au lendemain”. Pour préserver ce patrimoine, Guilhem Pépin a monté il y a quelques semaines un collectif afin de faire connaître ce petit trésor. “Bordeaux est déjà classée au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle grâce à trois de ses églises liées à ce pèlerinage, mais le paradoxe est que l’église la plus significative de ce pèlerinage n’y est pas incluse. Ce bâtiment est un témoin privilégié de l’histoire de Bordeaux et, a fortiori, de l’histoire de chacun”.

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Juan Reyero
L'intérieur de l'édifice.
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